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Nous étions tous rassemblés dans le salon: ma mère sur mon fauteuil de lecture, mes deux frères sur le fauteuil devant la télévision et puis moi, parterre. J'étais si heureuse d'avoir toute ma famille chez moi. On ne s'était jamais retrouvé tous les quatre dans mon appartement, chacun venait individuellement quand bon lui semblait, donc les voir tous ensemble dans mon petit chez-moi me faisait chaud au coeur.

Après avoir déjeuné, ils m'avaient raconté qu'ils avaient pris le train de Paris plus tôt dans la journée sur un coup de tête mais avaient préféré me faire la surprise en m'appelant une fois « arrivés à Lille », ou plutôt devant mon immeuble oui. Et pour ma part, je ne m'étais pas rendue compte à quel point ils m'avaient tous manquée.

Chacun d'entre nous était silencieux en train de s'occuper dans son coin, dans un grand moment de calme, après le chahut des conversations animées pendant le déjeuner assez tardif. Alors que ma mère faisait des Sudokus, mes frères alternaient entre leur portable et une série qui passait à la télévision. Quant à moi, avec mon ordinateur sur les cuisses, j'étais à la recherche d'idées pour un nouvel article.

Prise dans mes recherches ainsi que pensées, je m'étais enfermée dans ma bulle pour je-ne-sais-combien de temps. Faisant la liste de plusieurs idées qui me venaient en tête, j'allais aussi sur le site de la maison d'édition, à la recherche d'autres conseils pour l'écriture de mon roman.

« Tu vas publier un livre ? me fit sursauter Harry.
-Harry ! posai-je la main sur mon coeur. Tu m'as fait peur espèce d'imbécile !
-Oh, 'imbécile', faussa-t-il un air surpris. C'est nouveau dans ton vocabulaire, je m'attendais à 'orchidoclaste' ou 'ballot' pour le coup.
-Très drôle, roulai-je des yeux. Mais pour te répondre, je pense que oui, mais il faut encore que je l'écrive.
-C'est génial soeurette ! me fit-il une tape sur l'épaule. Tu comptes écrire des scènes érotiques ? Si c'est le cas, n'hésite pas à me demander pour des conseils. »

Il partit d'un énorme fou rire, rapidement suivi du mien.

« T'es con Harry, secouai-je la tête.
-Whaow, Liz a sorti 'con' ! T'as entendu ça Charlie ? »

Je secouai la tête face à l'attitude absurde de mon frère alors que ce dernier s'était retourné vers Charlie, qui lui avait l'air absorbé par son téléphone.

« Charlie? l'interpella Harry. Ça va ? »

Ce dernier, en guise de réponse, ne leva qu'un doigt en l'air, lui faisant signe d'attendre. Harry et moi nous échangions des regards en attendant que Charlie nous dise la raison de cette absorption dans l'informatique quand le téléphone d'Harry ainsi que celui de ma mère émirent un son de notification. Je me levai et me mis alors sur la pointe des pieds afin de voir quelle était cette notification, apparemment de famille, qui les intriguait tous.

« Les Oeufs de Yoni ont révolutionné le quotidien de centaines de femmes. Pourquoi pas le vôtre ? lit Harry à voix haute. Découvrez le quarantième article de l'envoûtante Elizabeth Pierce. Eh bien dis-donc, tu fais sensation toi.
-Comment se fait-il que vous ayez les notifications de La Dame activées ?
-Tu crois qu'on ne lit pas les articles de la tête de notre famille ? rit ma mère. »

J'allais lui rétorquer que je n'étais pas au courant quand Charlie me devança.

« Qu'est ce que le périnée? se retourna-t-il vers nous, le coude posé sur la manchette gauche du canapé et les sourcils froncés, se donnant un air sérieux. »

Ne m'attendant pas à cette question, je tirai une tête avant de rire.

« Pourquoi me demandes-tu cela Charlie? fronçai-je des sourcils une fois calmée.
-J'ai commencé à lire ton article et tu parles de tonification du périnée.
-Ah, euh, ça fait parti de l'anatomie sexuel chez les humains mais comme on parle de tonification du périnée, donc dans le cas féminin, eh bien ça concerne naturellement l'anatomie de la femme.
-Oui mais c'est quoi exactement ?
-C'est les tissus qui forment le plancher du petit bassin, lui expliquai-je me rappelant de la définition exacte du dictionnaire.
-Tissus ?
-C'est un ensemble de muscles si tu veux.
-Ah d'accord, hocha-t-il la tête avant de reprendre la lecture.
-Je vais aller me changer, il faut que je me prépare pour y aller, leur dis-je en tournant les talons vers ma chambre.
-Où ça ? me demanda Harry, à mon plus grand étonnement.
-Mon cours de cuisine Harry, juste mon cours de cuisine. Tu veux peut-être m'accompagner? lui demandai-je sur le ton de la plaisanterie.
-Oui, je suis prêt, on descend quand tu veux.
-Tu n'es pas sérieux là ?
-J'ai l'air de plaisanter ? me demanda-t-il avec un air sérieux, rarement vu, étant donné sa personne.
-Euh... oui ? souris-je en arquant un sourcil.
-Ne commence pas à me chercher, rit-il. »

Je lui souris en guise de réponse avant de me diriger vers ma chambre. Après avoir choisi un haut noir à manches longues avec un petit plongeant, un jean de la même couleur et des converses hautes, je retrouvai ma famille au salon. Sentant le regard de ma mère sur moi, je levai les yeux vers cette dernière.

« Tout va bien ? lui demandai-je en souriant.
-Oui oui, ton article sur les oeufs de Yoni est excellent Liz, tu t'améliores énormément dans la façon de t'adresser à ton lecteur.
-Eh bien merci maman, lui souris-je sincèrement. »

Le constat de ma mère me touchait beaucoup, étant donné que son avis avait toujours été celui que je considérais le plus important, cette femme étant mon modèle. Je laissais sa remarque habiller mon visage d'un doux sourire quand je remarquai le peu de temps qu'il me restait pour descendre si je ne voulais pas arriver en retard.

En jetant un regard autour de moi, je me demandai où j'avais bien pu mettre mon portable. Alors que j'étais à la recherche de ce dernier, j'entendis un petit bruit. En me retournant vers la source, je vis Harry ramasser le bouquin que j'avais emprunté la veille: AntideprésSoeurs.

« Un nouveau bouquin que t'as emprunté ? me demanda-t-il en lisant la quatrième de couverture.
-Oui, je l'ai emprunté hier, lui dis-je en me remettant à la recherche de mon portable, que je finis par repérer sur la table basse.
-Il a l'air plutôt bien. Et original l'idée, siffla-t-il en feuilletant les pages. C'est toi qui a mis ces notes ? »

Je me retournai alors vers lui et secouai de la tête avant de lui demander de ne pas les enlever. En voyant qu'il les lisait, je me sentis bizarre à l'idée de savoir qu'il saurait ce que ces mots disent bien avant moi. Je fus surprise de le voir sourire du coin des lèvres.

« Cette fille est impressionnante, ou ce gars... Je sais pas trop parce que l'écriture est jolie, courbée mais-
-C'est un homme, lui dis-je en hochant la tête.
-Comment tu le sais ? »

Je m'approchai alors de lui, sortis la feuille que j'avais placé entre l'avant-dernière et la dernière page du livre et la lui tendis en pointant du doigt la case "Homme" cochée.

« Il l'a laissée dans le bouquin ?
-Oui, il a dû oublier, lui dis-je en repliant la feuille, la posant à côté et reposant le livre près de la bibliothèque.
-Et tu le connais ?
-Non, j'ai seulement lu un livre qu'il avait également annoté il y a deux ou trois jours, lui expliquai-je. Mais quant à son identité, je n'en ai aucune idée.
-Et il a écrit des notes comme celles-ci dans le livre précédent ? me demanda-t-il en pointant du menton le bouquin.
-Je ne sais pas, je ne l'ai pas commencé à vrai dire et je ne veux pas lire ses notes maintenant, peur que ça me spoil l'histoire.
-Je comprends, et de quoi parlaient ses notes précédentes ?
-Des réflexions sur la caractérisation d'un personnage ou un commentaire sur l'écrivaine.
-Il est plutôt intelligent ce gars, me dit-il en levant légèrement les sourcils.
-Oui, souris-je. »

Alors que je pensais à ses notes précédentes et surtout à mes réponses peut-être un peu froides, je sentis le regard des trois occupants de mon salon, posé sur moi.

« Qu'est ce que vous voulez me dire? levai-je les yeux au plafond, en sentant leurs remarques arriver.
-Tu l'aimes bien ? me demanda la seconde qui suivit ma mère. »

Mais je ne le connais pas !

« Maman voyons, comment pourrais-je 'bien aimer' quelqu'un avec qui je n'ai jamais conversé ? J'ai juste répondu à deux de ses notes, c'est tout.
-Ah parce que tu lui as répondu en plus ? me demanda Charlie.
-Oui... Où veux-tu en venir ?
-Tu comptes répondre à ses notes infiniment ? prit le relais Harry. Et puis comment est-ce que tu as trouvé un deuxième bouquin avec ses notes ? Tomber une fois sur les notes de cet inconnu c'est de la chance, mais alors tomber deux fois de suite, c'est plus que de la chance, non ?
-Eh bien écoutez, je n'ai même pas cherché ses notes... Un nouveau livre m'a fait des yeux, et quand je l'ai feuilleté, ses notes étaient à l'intérieur, leur expliquai-je. Bon, il faut qu'on descende maintenant si je ne veux pas arriver en retard, me tournai-je vers Harry.
-Je suis prêt, se dirigea-t-il vers la porte d'entrée. »

Je me retournai alors vers ma mère et Charlie et m'assurai qu'ils n'avaient besoin de rien d'autre.

« Ne t'inquiète pas ma chérie, on ne bouge pas d'ici. Bon cours de cuisine ! »

Leur lançant un dernier regard, je m'assurai d'avoir toutes mes affaires avant de sortir de l'appartement, suivie de près par Harry.

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Love on Notes [Publié avec &H]Where stories live. Discover now