Chapitre 4

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Le jeune homme sortit du bac d'eau qui avait refroidi depuis, et se sécha. Il disposa bien en évidence ses deux épées à côté de son matelas de paille, et plaça la large lame en dessous. Puis, il étendit son maillot et sa longue veste sur l'unique mobilier de la pièce, une chaise, outre le petit bureau dans le coin opposé de la porte, remit son pantalon et alla se coucher. Le repos allait être de courte durée. Avec ses habituels cauchemars, et la matinée qui allait déjà bientôt démarrer, il n'allait pas avoir beaucoup de temps pour reprendre des forces avant la dure journée qui l'attendait.

Plus tard, il se réveilla au son du poing de l'aubergiste cognant sur la porte de la chambre, lui demandant avec une politesse exagérée quand allait-il se décider à partir de sa modeste auberge. Il remit donc son maillot et son long manteau, rattacha ses trois épées et ouvrit la porte sous le regard apeuré du gros homme, le front luisant de sueur, qui l'incita avec toute la gentillesse possible à quitter son établissement sans y remettre les pieds. C'était fou comment la simple présence du jeune homme emplissait l'espace, et cela sans aucun geste de sa part. Il n'était déjà pas du matin, ou en tout cas n'était pas de bonne compagnie au réveil, mais en plus s'il devait se coltiner des problèmes sans avoir eu le temps de déjeuner au préalable, cela avait le don de le mettre en colère. Il descendit les escaliers jusqu'à la salle principale, et sous les bégaiements de l'aubergiste se dirigea vers la cuisine, si on pouvait appeler cela une cuisine, avec la montagne de crasse qui se profilait sur toutes les surfaces visibles, passa devant la femme de l'aubergiste qui le regardait avec des yeux ronds, et s'empara du poulet bien en évidence sur l'amas de légumes qui commençait à se décomposer, sûrement un reste d'hier qui allait être servi pour le repas des arrivants de ce midi, et quitta l'auberge par la porte de derrière présente au bout du couloir, de l'autre côté de la cuisine.

Tout en marchant, il arracha une cuisse au poulet et la dévora avec faim sous le regard envieux des personnes qu'il croisait, mais qui n'osait pas se mettre en travers de son chemin. Il était plus que temps de se mettre au travail.

Il finit de massacrer le poulet avec ses dents et se dirigea vers une écurie qui tombait en ruines où se trouvait son cheval, une belle bête noire de jais, une selle se fondant dans son poil par sa couleur tout aussi sombre, et il lui flatta le flanc, s'excusant de l'avoir de nouveau obligé à dormir sellée. La jument répondit en faisant bruyamment aller ses naseaux, puis le jeune homme l'enfourcha, et quitta au galop le quartier. Traversant en trombe le portail en pierres qui tombait en ruine à l'entrée du quartier, de pauvres hommes la gardant vêtus de haillons et armés de vieux poignards rouillés, il s'enfonça dans la forêt qui était camouflée par les hautes collines qui entourait le quartier. Il était temps de quitter de nouveau la civilisation, de faire le point sur ses actions à venir.


D'abord, il devait retourner à Stalad pour s'organiser. Il avait environ cinq à six jours de chevauchée pour y aller, plus s'il faisait sa longue pause habituelle en route. Le parchemin était en effet un message à propos d'un jeune enfant aux yeux rouges, ainsi qu'une certaine prophétie. Et il se pourrait qu'il en fasse partie.

Derrière lui, il y avait aussi une confrérie qui s'appelait la confrérie du Psome. C'était cette confrérie qui lui avait donnée cette mission. Il avait rencontré des gens peu après l'explosion de l'épicerie, et ces mêmes personnes l'ont alors recueilli et accepté dans leurs rangs. Il avait appris à leur contact à contrôler son pouvoir, en le faisant passer dans un objet qu'il devait avoir toujours sur lui, et qui lui permettait de tenir enchaîné son pouvoir pour le libérer dès qu'il le voulait. Mais ce carcan n'était pas si efficace que cela, car son pouvoir était tellement grand, tellement puissant, qu'il était dur à réprimer. C'est pourquoi il avait tendance à resurgir de temps en temps pendant des moments où il n'avait pas la force de la tenir hors de lui, et elle reprenait alors le contrôle, comme avec les hommes de l'épicerie. De plus, ce n'était pas comme si les membres de la confrérie lui avaient au mieux expliqué comment contrôler son pouvoir ; mis à part le fait que celui-ci puisse être plus ou moins « enfermé » dans une extension de lui-même, quelque chose qu'il devrait avoir toujours sur lui, la façon dont il était censé garder un minimum de pouvoir sur ce « don » lui était resté flou.

Le Prince de PhénWhere stories live. Discover now