8 - Psycho is weakness

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Comment j'ai découvert que j'étais dermatillomane ?

Bah oui, cette question peut venir à l'esprit des plus sceptiques d'entre vous.

C'est une maladie orpheline, peu connue, et je prétends n'avoir vu aucun psychologue ?...
Alors comment je sais que j'ai ça ?...

Je n'ai pas de connaissances en médecine si élevées que ça, bien que j'en ai plus que la plupart des gens de mon âge. Mais pas assez pour connaître une maladie aussi rare.

M'arracher les peaux, me mordre les lèvres, je ne me souviens même plus depuis quand je fais ça. J'étais petite. Je me rongeais les ongles, aussi. Mais rien de très sévère. Des réflexes nerveux, que beaucoup d'enfants ont si ce n'est pas trop important. C'est pour ça que je ne m'en suis jamais inquiétée.

Mais petit à petit, j'ai réussi à arrêter de me ronger les ongles. Ce n'était pas un trouble mental, non, juste un petit tic. Alors ça a été relativement simple de supprimer ce... Défaut. Mais je continuais à me mordre les lèvres, et à m'arracher la peau des doigts.

Sans que je m'en rende compte, c'est devenu une obsession.

Ne pas arracher ces peaux malfaisantes ? Impensable. Inimaginable.

Mais comme je l'avais toujours fait, je ne me suis pas aperçue que ça empirait de jour en jour. J'avais les doigts en sang, alors je mettais des pansements mais cela ne me dissuadait pas. Dès le pansement retiré « définitivement », je recommençais.

J'avais une règle au niveau de mes pansements. J'en mettais un le matin sur le doigt concerné, avant les cours, puis je l'enlevais quand je rentrais chez moi. J'en mettais un nouveau le soit avant d'aller dormir, puis je l'enlevais le matin pour mettre celui qui m'accompagnerait toute la journée. Question d'hygiène.

Un jour, j'étais en vacances. Mes parents n'étaient pas là, et c'était mon oncle et ma tante qui nous gardaient, mes frères, mes cousines et moi. Alors mon oncle s'est rendu compte d'un de mes doigts atroce.

« Ce n'est rien, ne t'en fais pas. Je fais ça tout le temps, ce n'est pas grave », lui ai-je dis.

Il s'est inquiété quand même et m'a fait désinfecter mon doigt, avant de m'y faire mettre un pansement, car j'ai l'habitude de ne pas en porter pendant les vacances.

Je ne sais même pas pourquoi je me souviens de ça, puisque ce n'est même pas là que je me suis rendue compte de ma folie.

Un autre jour, un des amis de mes parents discutait avec ma mère. Un monsieur très sympa, un pompier. J'étais à côté d'eux et je me contentais de sourire pour faire bonne figure. Il s'est rendu compte de mon pansement.

« Mais, qu'est-ce que tu as au doigt, Miri ?

- Oh, c'est rien !... Je me suis arraché une peau et ça a saigné, c'est tout !...

Je me sentais un peu coupable. Comme prise la main dans le sac. Mais je n'avais aucune idée de pourquoi je me sentais comme ça.

- Normalement, les gens ne saignent pas pour juste une petite peau... »

J'aurais dû ne pas prendre ses mots en compte, me connaissant. Mais il était pompier, donc il s'y connaissait bien, en soins médicaux. Et puis, j'ai toujours été hypocondriaque.

(Un hypocondriaque est une personne qui dès qu'elle a une petite blessure, ou un petit problème de santé, va tout de suite penser que c'est quelque chose de gravissime, et qu'elle va mourir.)

C'est là que je me suis rendue compte que ce n'était pas normal de toujours saigner des lèvres, et des doigts.

Est-ce que j'ai pris conscience que j'étais folle ?

Psycho needs helpWhere stories live. Discover now