La drogue du SDM

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Cette semaine, j'ai vu un reportage à la télé qui parlait du nouveau phénomène de mode chez les jeunes. La voix-off parlait du SDM, la nouvelle drogue dont il fallait se méfier. SDM était l'acronyme pour Syndrome du Doigt Mordu. Elle se consomme manifestement en poudre, et à deux. Après avoir pris la poudre dans le nez, on devait parcourir de son doigt la colonne vertébrale de son ou sa « partenaire » et la drogue faisant effet elle donnait aux consommateurs l'envie de manger de la chair humaine. Le doigt étant ce qui était présenté en premier, les partenaires se ruaient dessus pour dévorer le doigt puis la main. Les effets de la drogue duraient assez longtemps pour faire de graves dégâts. Ça faisait apparemment des semaines déjà que les jeunes y étaient accro et des milliers d'étudiants du monde entier finissaient par emmener leurs amis chez le médecin après une soirée avec des mains déchiquetées ou des corps à la chair arrachée.

Je ne suis donc pas vraiment rassurée actuellement, d'autant plus que je passe près d'une grande fête où des jeunes paraissant très riches et huppés se regroupent, dans un quartier que je ne connais pas bien. Le ballet des voitures de luxe devant la villa qui accueille la soirée semble aller bon train et tout semble calme pourtant – enfin pour une soirée. 

Soudain, j'entends des cris à l'intérieur. De véritables cris de détresse, de douleur, de terreur.

Une jeune femme sort de la villa en courant. Je lui attrape le bras et lui demande ce qui se passe. Elle m'explique d'un air apeuré qu'un gars aurait pris une énorme quantité de cette drogue et avait prévu de la répandre dans l'air au cours de la soirée avec un souffleur à feuilles mortes. Tout le monde devenait fou à l'intérieur, et devenait avide de viande humaine.

Je la relâche et elle s'enfuit. Les gens commencent à sortir en masse de la maison, pour fuir ce carnage... Sauf qu'en ouvrant la porte pour sortir, ils laissent aussi la porte ouverte pour les drogués.

Le reportage que j'avais vu disait de ne pas mettre de vêtements trop longs pour ne pas avoir de quoi nous attraper si on se met à courir, et de se mettre à l'abri pour que leur attention ne soit pas sur nous. Les zombies se dévoraient aussi entre eux et leur état drogué leur permettait de ne ressentir aucune douleur – il valait donc mieux que ce soit eux plutôt que nous.

Je cours à m'en couper le souffle, pour tenter d'échapper à cette catastrophe. Cependant, plus loin dans un espace plus éloigné du quartier, alors que je me crois sortie d'affaire, j'entends un jeune homme dans la rue dire à un policier que sa grand-mère ne répondait plus au téléphone, qu'elle était peut-être morte. Je propose mon aide et les accompagne jusque devant chez elle. On entendait le téléphone sonner à l'intérieur donc elle recevait bien les appels de son petit-fils, mais pas de réponse. Le jeune homme décide d'entrer dans la maison et après quelques secondes de silence, je l'entends hurler. Sa grand-mère était sous emprise du SDM et était donc une menace elle aussi.

Je cours à nouveau, abandonnant policier et petit-fils à leurs sorts. Je finis par trouver refuge dans des toilettes publiques mais la porte a une fenêtre d'où les drogués pourraient voir mes mouvements. Mon cœur bat à mille à l'heure, autant à cause de la course que de la peur. Je sais qu'il ne me reste que peu de temps avant que ces gens ne me rattrapent. Je réfléchis à la vitesse de la lumière. Je n'aurai pas le temps de me cacher ailleurs je risque d'être totalement exposée si je ressors. Je décide, dans l'urgence, de colmater la fenêtre de la porte avec du papier toilette mouillé pour ne pas qu'on me voie. Dans cet espace exigu, j'essaie de faire taire le son de ma respiration haletante. Tout est silencieux et j'entends au loin des grognements. J'ai l'impression d'être toujours trop bruyante et je suffoque à tenter de réguler mon souffle qui ne demande qu'à hyper ventiler. Un peu plus tard, le silence se fait. 

Je tente une sortie, et par chance je trouve au coin de la rue une famille qui accepte de m'accueillir dans leur cave avec une porte blindée, le temps que la police vienne nous délivrer. 

Les histoires dans mes yeux - Journal de rêvesWhere stories live. Discover now