Constellation de toi

Chapitre 1 : Coup d'essai

— Moi, je préférais la robe d'avant, glisse Sarah tout en inspectant son vernis.

M'a-t-elle adressé ne serait-ce qu'un regard ?

— Tu rigoles, celle-ci est carrément plus sexy !

Elle adresse un regard noir à Maximilien, ce qui me fait automatiquement lever les yeux au ciel. Ils ont beau être en couple depuis belle lurette, j'ai l'impression qu'elle voit encore en moi une potentielle concurrente, une vilaine fille qui serait prête à lui piquer son mec dès qu'elle aurait le dos tourné. Mais le fait est que je connais Maximilien depuis bien plus longtemps qu'elle, et que jamais ô grand jamais il n'a été question de construire ce genre de relation avec lui.

— Et toi, Cassiopée, t'en penses quoi ?

Mon reflet dans le miroir m'adresse une moue dubitative. J'ai toujours adoré les robes – j'en ai d'ailleurs toute une collection, bien rangée dans mon armoire –, mais je n'arrive à me sentir à l'aise dans aucune d'entre elles. Dans celle-ci pas plus que dans les autres. Il va toutefois falloir que je me décide : l'heure tourne et je vais bientôt devoir me coiffer, me maquiller, puis filer à mon rendez-vous. Et laisser tranquilles Maximilien et Sarah, qui ont débarqué pour me prêter main-forte au moment même où j'ai fait part de mes premiers doutes vestimentaires à Maximilien. C'est peut-être aussi pour ça que Sarah m'en veut. D'après ce que j'ai compris, eux aussi ont quelque chose de prévu ce soir, et je dois certainement gâcher leur plan à requérir leur présence pour mes essayages. Le fait est que je n'ai même pas demandé à ce qu'ils viennent.

— Une robe noire me ferait certainement un peu moins grosse que je ne le suis, argué-je.

— C'est pas faux.

Furibond, Maximilien se tourne vers Sarah pour articuler exagérément un « T'es folle de dire ça ? ». Bel effort que de vouloir me cacher sa remarque, mais le mouvement de ses lèvres est parfaitement lisible dans mon miroir. Un sourire amusé s'étire sur mon visage. Maximilien a toujours été excessivement protecteur envers moi, un peu à la manière d'un grand frère. Il n'y a donc rien d'étonnant à ce qu'il soit sidéré par la franchise à toute épreuve de Sarah.

— Alors va pour une noire ! Merci de ton honnêteté, Sarah.

Elle acquiesce avant de faire une grimace à Maximilien.

— Tu vois, y a jamais de problème à dire la vérité.

Maximilien semble outré.

— Je ne vous comprendrais jamais, les filles.

Je passe rapidement ma robe noire et des ballerines assorties avant de leur montrer le résultat, qui me satisfait déjà un peu plus que l'ensemble de mes précédentes tenues. Certes, je ne porte pas de talons qui pourraient affiner mes jambes, mais ce choix stylistique me permettra de me sentir à l'aise pour déambuler dans le bar où je suis censé retrouver ma future âme sœur.

— Mieux, souligne Sarah. On peut y aller maintenant ?

Elle ne s'adresse visiblement pas à moi, mais je ne peux m'empêcher de prendre la parole :

— Oui, allez-y...

— On pourrait tout aussi bien te déposer, m'interrompt Maximilien. Le bar est sur le chemin, après tout.

Sarah ouvre la bouche sans que le moindre mot ne parvienne à franchir ses lèvres. Ce qui a été franchi, en revanche, ce sont les limites de sa patience. Nul besoin d'être un devin pour comprendre qu'elle n'avait pas la moindre envie de venir ici et que rester plus longtemps l'exaspère au plus haut point. Et pourtant, Maximilien semble ne se rendre compte de rien.