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Quand Tom avait besoin d'être en paix, il descendait jusqu'au Scriptorium de Salazar Serpentard. Cette pièce secrète du château était l'un des secrets laissés par son ancêtre derrière lui, à l'adresse de ses descendants les plus téméraires. La salle avait été découverte des années plus tôt, par un oncle lointain – un traître à son sang si l'on en croyait le grand-père de Tom – Ominis Gaunt. Celui-ci était descendu dans ce dédale de pierre en compagnie de son meilleur ami et d'une élève aux pouvoirs étranges, puissants et immémoriaux, avait résolu les énigmes de pierre et s'était introduit dans la pièce poussiéreuse pour y dérober un épais grimoire entièrement consacré à la magie noire.

Tom aimait l'ambiance pesante de la pièce. L'air y était saturé de particules, puait le vieux parchemin et le renfermé et, sur les étagères, cela faisait bien longtemps que les rares plantes installées ici avaient fané. Cela lui avait pris des jours entiers avant de parvenir à nettoyer la pièce, à lui rendre un semblant de confort. Il était tombé sur les recherches de Salazar, sur des pamphlets tous plus véhéments que les autres sur l'arrivée de ces Nés-Moldus au sein de son école. C'est là, notamment, qu'il avait appris l'existence de la Chambre des Secrets et de son basilic.

Tout portait à croire que Salazar s'évertuait à combattre la mort. Sa propre fin l'effrayait : comment un sorcier aussi puissant, aussi important, aussi célèbre que lui, pouvait-il décemment s'éteindre un jour ? Ces inquiétudes avaient été soigneusement consignées dans ses journaux, d'épais carnets de notes aux lourdes couvertures de cuir animal, et, lorsque Tom s'était plongé dedans, elles avaient gagné le garçon.

Comment lui, Tom Riddle, pouvait-il un jour disparaître ? Il avait trop de pouvoir : sa magie grondait en lui, colère sourde insatiable, dévorant le trou béant qu'avait laissé sa naissance. Il n'avait pas été conçu comme les autres. Ni lui, ni Mattheo. Ils étaient des enfants nés de la manipulation, de la tromperie et de l'abus. Ce père qui vivait chez eux, à défaut d'avoir été tué dans son sommeil par leur grand-père, ne devait sa présence qu'à la goutte d'Amortentia versé dans son thé, chaque matin. Personne n'ignorait cette information, pas même Mattheo qui avait un jour découvert la bouteille dans un coffre du boudoir de sa mère.

Merope Gaunt avait donné naissance à Tom sans jamais le désirer. Il était là parce que sa mère était une femme stupide et faible. Sa survie, il ne la devait qu'à son grand-père et son oncle. Mais l'avaient-ils véritablement aimé un jour ? Cela faisait bien longtemps que Tom ne se posait plus la question. Marvolo Gaunt ne le gardait près de lui et ne le couvrait d'attentions que parce qu'il avait compris que son petit-fils était l'héritier tant attendu : puissant, charismatique, ambitieux. Il était celui qui sauverait le nom des Gaunt de la honte et la déchéance.

Tout cela préoccupait Tom quand il ne pensait pas à ses cours ou à ses recherches. Sa mort. L'absence d'amour. Il s'était décidé à ne jamais mourir, à être toujours seul – du moins, au plus profond de son cœur. Cela lui éviterait des déconvenues : la route tracée par Salazar était empreinte de violence. Elle était indigne de celui qui refusait d'aller jusqu'au bout des choses. Ominis le savait, sans quoi, il n'aurait jamais pu entrer dans le Scriptorium.

Assis dans son fauteuil, Tom songea aux derniers évènements. S'il s'était allié à Zoey, c'était parce qu'il avait commis une erreur. Une erreur de taille. Lui qui pensait avoir Horace Slughorn dans la poche s'était retrouvé en porte à faux, lorsque, au détour d'une conversation, il l'avait interrogé sur les Horcruxes. Depuis, le professeur de potions qui ne jurait que par lui avait pris ses distances. L'incident, bien qu'il ait été rapidement clos, parvint à Dumbledore.

Tom se souvenait encore de la rage qu'il avait éprouvé quand, de son ton calme, le directeur lui avait annoncé que plus aucun professeur n'aurait la capacité de lui donner accès à la Réserve. Votre quête de savoir, avait-il conclu la discussion, ne doit pas vous éloigner du droit chemin, Tom. La puissance est une chose, s'y perdre en est une autre.

Le contrat (Fanfiction HP)Where stories live. Discover now