26 Février 2016

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Plus les mois passaient, plus cette obsession qu'il avait pour moi grandissait. Tu sais, il m'avait fait des approches à plusieurs reprises, des petits gestes, des phrases subliminales, des clins d'oeils, des regards... Mais je n'y prêtais pas attention Hakim, je n'y prêtais pas attention car de toute façon je ne comptais pas te le dire. Je ne te l'aurai jamais dit, mieux vaut moi que vous.

Et puis tel que je te connais, tu aurais eu du mal à me croire. Ton frère et toi êtes si proches, que jamais tu ne m'aurais cru...

Il continuait, sans relâche. Il tentait toute approche possible. Mais pourquoi aurait-il arrêter, si je ne l'en empêchais pas ? Ça paraît si logique, lorsque la proie est faible, le lion en profite.

J'étais conne, une putain de conne. J'aurai dû l'arrêter, mettre les choses au clair. On en serait peut-être pas là. J'en serai peut-être pas ici, dans le noir, avec ma petite lampe, mon stylo noir et ma feuille, en train de sécher mes dernières larmes.

Les jours passaient, les mois passaient et toi et moi c'était parfait, on s'entendait merveilleusement bien. Je devenais folle de toi et toi de moi, encore une fois tout allait pour le mieux. Mais l'obstacle pour notre couple était toujours le même, c'était toujours Assad.

Je vivais dans le crainte qu'il ne gâche tout d'une minute à l'autre, c'était devenu une obsession, pour lui ainsi que pour moi. Sauf que nous n'avions pas la même raison d'obsession. Lui était obsédé par moi, alors que moi je l'étais par la peur, la crainte.

J'ai pu lâcher prise la semaine de mon anniversaire. Je sais pas si tu te souviens, mais tu m'avais emmenée à Bali pour une semaine. Rien que toi et moi. C'est seulement au moment du décollage que mon cœur a reprit un rythme normal. Mes craintes sont restés sur la piste de décollage, c'était un soulagement.

Je me sentais en sécurité auprès de toi, mais il a quand même réussi à m'abîmer.

On a passé cette semaine à profiter du soleil, de la plage. C'était les meilleures vacances de ma vie, tu peux me croire. Merci d'avoir pris soin de moi comme tu l'a fais.

Retour à la réalité: De Bali à Paris. Retour au cauchemars, mes craintes sont réapparues dès qu'on a grimpé dans le taxi qui allait nous conduire à l'aéroport.

Tu m'a laissée dans mon petit appartement sombre, sans vie, dans lequel je vivais seule. T'as repris ta vie, c'est ce que j'aimais chez toi. Tu étais épanoui dans ton travail et je t'admirerai toujours pour cela, au jour d'aujourd'hui.

Tu as su éviter les vices de l'argent facile, même si tu y es passé pendant un court moment. On fait tous des erreurs. Maintenant tu gagnes bien ta vie, tu es un homme juste, tu es l'homme idéal en réalité.

Revenons-en à notre retour de Bali, plus précisément trois semaines après. J'étais bloquée à la gare et je t'ai appelé pour venir me chercher, à cause de perturbations. Et puis toi, puisque tu ne te doutais de rien, tu m'a envoyé Assad. Tu m'a envoyé la personne que je redoutais le plus au monde Hakim.

Je t'en veux même pas, toi aussi tu ne doit pas t'en vouloir. Tout ça, c'était de ma faute. Je ne peux m'en prendre qu'à moi...

Il s'est stationné et m'a dit d'une manière dure et imposante: "Salam, montes !".

J'avais jamais eu aussi peur de monter avec quelqu'un dans une voiture. J'aurai préférer monter avec un inconnu. C'est étrange et c'est...c'est absurde, mais essaye de me comprendre s'il te plaît.

Après deux longues minutes, j'ai fini par lui parler. Une réponse bien bête.

"Salam...Euh...Hakim n'a pas pu venir ?"

Lui: Nan, il est trop occupé. Mais je suis là moi.

La façon dont il l'a dit... La façon dont il l'a dit Hakim, je peux t'assurer que sa phrase avait un double sens. Sa phrase voulait tout dire, il me faisait comprendre que lui était là, lui, que je pouvais le choisir, c'était tellement frappant, que je n'aurai pas pu ne pas le comprendre.

Je lui ai donc dis que je n'avais pas besoin de lui, que je pouvais emprunter le bus, ou trouver tout autre moyen. Ça n'avait pas l'air de lui plaire, il aime avoir ce qu'il veut.

Lui: Je suis là j'ai dis. Alors tu montes et tu ferme ta gueule, j'ai pas fais 40 minutes de route pour que tu fasse la princesse, à ne pas vouloir monter.

J'étais ébahi. Il était tout le contraire de toi.

T'as toujours été délicat avec moi, tu faisais attention à ne jamais me vexer, alors que lui faisait tout pour. Vous êtes de extrêmes.

J'avais pas le choix, je suis montée. Il a démarré en trombe et a pris la route de notre quartier. Au début il ne me calculait pas, je me suis donc dit que je psychotais pour rien, mais arrivés près du quartier, il a tourné à sens inverse et nous a conduit jusque dans un parking un peu plus loin.

Mon coeur s'est mit à disjoncter, j'avais grave la trouille. Il pouvait faire ce qu'il voulait de moi, personne ne pouvait l'en empêcher. Je me suis mise à trembler.

Moi: On va où là ?!

J'avais compris qu'il cherchait à faire quelque chose de louche, sinon il se serait arrêté devant chez moi, pas autre part !

Il a coupé le moteur, puis il a retiré sa ceinture et s'est penché vers moi. J'ai rapidement ouvert la portière, mais il s'est un peu plus penché et a tiré la portière de toute ses forces, jusqu'à la refermer.

Il a attrapé ma mâchoire et l'a presque broyé, puis il a tenté de m'embrasser, mais j'ai commencé à gigoter dans tous les sens, on aurait dit une folle. Je me débattais, Hakim j'étais EFFRAYÉE. Tu ne peux même pas imaginer à quel point j'avais peur w'Allah.

Pour me calmer, il a cogné ma tête contre le bord de la portière, j'avais mal, mais je m'en foutais, car tout ce qui m'importais à cet instant, c'était m'enfuir. Et j'y suis parvenu, dieu merci.

Une fois relâchée, j'ai couru jusqu'à ne plus pouvoir respirer et je me suis allongée par terre pour reprendre mon souffle. J'étais en transe, je ne savais plus trop quel comportement avoir. J'étais un peu trop dépassée par les événements.

Et une fois de plus, je n'ai pas jugé bon de t'en parler. J'aurai dû je sais, ne m'en veux pas Hakim je t'en supplie, je ne veux pas que tu m'en veuille. Je m'en veux déjà assez à moi-même.

Pardonne-moi Hakim, pardonne-moi d'avoir laissé Assad s'en tiré, à nouveau. On en serait peut-être pas là aujourd'hui, mais tout ça c'est trop tard.

J'ai laissé Assad s'en tirer et aujourd'hui je m'en veux tellement.

-Nihed

Poupée est abiméeWhere stories live. Discover now