Poupée est abimée

Hakim - Chapitre final

11 mai 2016

Mama,
J'imagine que tu dois me détester, que jamais plus tu ne voudra entendre parler de moi, j'imagine que tu m'en veux d'être parti mais c'est important pour moi que tu connaisse au moins l'histoire.

J'étais avec cette fille, Nihed, avec laquelle tu m'avais vu à Auchan, celle pour qui j'avais acheté la bague et que je comptais épouser, en faire ma femme.

Tu te souviens de ce soir, quand je t'ai demandé de me donner ton bouquet de fleur, ce soir ou j'étais l'homme le plus heureux. Ce soir là, j'étais pressé de voir ses beaux yeux noirs briller, j'avais hâte de voir son beau sourire se former, la voir me dire oui.

Tu as bien vu que j'étais comblé avec elle, je voulais qu'elle soit ma femme, celle que je serais le seul à pouvoir toucher. J'aurai du être le seul à la toucher.

Malheureusement, Assad a comme toujours, touché à ce qui m'appartenait. J'aurais jamais cru que ça commencerait avec un simple maillot de foot et que ça terminerait avec elle, sinon je lui aurais apprit à ne pas toucher à ce qui n'est pas à lui.

Ce qui me pèse le plus sur ma conscience aujourd'hui, c'est le fait que ce soit elle qui ai payé pour la mauvaise éducation que nous avons donné à Assad. Il était dérangé et c'est la vie de ma femme qui a payé pour sa folie.

Avec toutes les femmes qu'il y a sur terre, toutes les femmes qui lui courraient après, toutes les femmes avec qui il a eu des relations, il a quand même convoité la mienne, la seule que je voulais qu'il ne touche pas putain.

Il faisait mine de ne pas savoir de qui je parlais, lorsque je parlais d'elle. Il allait la violer et c'est moi qui lui donnait la clef de chez elle, sans me douter de rien. Je lui parlais d'elle, innocemment, je lui donnais envie d'avoir ce que j'avais.

Mama je la trouvais déprimée chez elle et j'ai rien deviné, j'ai cru en elle quand elle me sortait ses excuses à deux francs. J'ai osé croire qu'elle était juste fatiguée, pourtant c'était tellement flagrant qu'elle n'allait pas bien, mais j'suis qu'un gros con...

Mama je peux pas oublier cette image, elle se rejoue dans ma tête jour et nuit, je ne supporte plus me retrouver seul avec mes démons. À chaque instant, je pense à me tirer une balle dans la tête, mais je prend sur moi, je ne veux pas faire la même erreur qu'elle.

Elle était allongée par terre, son corps était sans vie, elle n'était plus là. J'allais lui demander de passer sa vie avec moi, mais elle n'était même plus en vie, Dieu l'avait déjà récupérée et chaque jour je prie pour qu'il me prenne moi aussi et que tout ça cesse.

Je m'en veux d'avoir agit comme ça, mais en lisant les quelques lettres qu'elle m'a laissées, j'étais hors de moi et j'ai juste été guidé par mes émotions. Il m'a prit ce que j'avais de plus cher au monde après toi, alors j'ai agis de manière à ce qu'il ne puisse plus jamais nuire à personne.

Pardonne-moi Mama, j'aurais dû réfléchir à deux fois avant d'agir. Pardonne-moi d'avoir détruit notre famille, de vous avoir  blessé, toi, baba, Kawtar et Yassine. Pardonne-moi de t'avoir privé de tes deux fils, mais ainsi va la vie. C'était écrit, même si c'est moche, même si c'est horrible, c'était écrit et on peut rien y faire.

Qu'Allah pardonne mon acte, qui est l'un de plus grands pêchés. J'ai tiré une balle dans le cœur de mon propre frère et aujourd'hui j'en paye le prix fort.

Je vais passer le restant de mes jours entre ces 4 murs, derrière cette porte et cette minuscule fenêtre.

Ce n'est pas le fait d'être en prison qui m'effraie, mais plutôt le fait d'être contraint de penser à elle jour et nuit et de vivre avec un tas de remords.

Assad a voulu jouer, mais il n'a fait que détruire tout ce qu'il y avait de bon. Ce n'est pas seulement une, mais deux familles qu'il a anéanti, pour assouvir un besoin éphémère malsain.

Je te demande une seule chose, ne laisse pas Yassine se gâcher et ne laisse pas Kawtar dériver. Essaie de garder intact ce qu'il reste de notre famille.

-Hakim