Hakim - Chapitre 1

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Je rentre du travail dégommé par cette journée de merde, à cause de ce travail de merde, avec un salaire de merde. Je suis grincheux, ça je ne peux pas le nier, mais faut voir à quoi je suis réduit dans cette boite.

Quand je vois autour de moi mes potes s'en sortir en restant les bras croisés, bien sûr que ça me donne envie de tout quitter et de vendre moi aussi. Vous croyez quoi ? Que l'argent facile ne m'attire pas ? J'aimerai bien moi aussi me faire entre deux milles et cinq milles au mois en restant en bas de chez moi, mais j'peux pas.

J'peux pas pour plusieurs raisons. D'un côté il y a ma daronne, j'ose pas prendre le risque de lui faire du mal et la faire pleurer, c'est pas envisageable. D'un autre côté il y a mon daron, si j'y touche et qu'il me grille, je sais que j'vais le décevoir et le dégoûter à fond. Puis après il y a elle. C'est aussi pour elle que je travaille et que je lâche rien. Elle a été claire, si je touche à la mort, notre couple aussi sera mort. Et sans vouloir passer pour un « canard » ou autre, elle passe avant tout le matériel. Je peux pas risquer de la perdre pour quelques milliers d'euros, pas elle.

Je vais être honnête, j'étais pas tout blanc avant elle et en la rencontrant, j'étais pas prêt de changer. Je comptais pas changer, pour moi ma vie était tracée. Je me disais pourquoi me prendre la tête, pourquoi aller à l'argent, alors qu'avec les stups, c'est l'argent qui vient à moi. Mais pour son sourire, son regard plein de larmes, j'ai arrêté, parce-que ouais, j'suis un homme et un vrai homme finit toujours par se poser pour sa femme.

Il n'y a pas un jour où j'ai envie de rejoindre mes potes et de reprendre, mais chaque fois que je la vois, que j'entend sa voix, ou que je la touche, l'envie me quitte. Parce-que l'argent ça ne fait pas forcément le bonheur. Bon si un peu quand même, mais l'argent ne vaut pas la femme.

En tout cas pour résumer l'effet qu'elle a sur moi, c'est pire qu'une foutue drogue. J'ai tout essayé à un moment donné. Je voulais pas arrêter de bicrave, alors j'ai essayé d'autres meufs, rien. J'ai essayé les joints, rien. J'ai essayé la sniffe, toujours rien. Et j'en suis venu à déduire que seule elle avait cet effet sur moi, qu'elle était ma drogue personnelle, sur mesure.

Mon téléphone sonne et me sort de mon moment de réflexion.

- Ouais ?

Assad - Tes clefs de maison elles sont où ?

- Pourquoi ?

Assad - J'veux juste voir la boîte aux lettres, j'attend un colis.

- Vas-y elle sont sous mes t-shirt, mais perds les pas, y'a aussi les clefs de chez Nihed.

Assad - C'est qui elle ?

- Combien de fois j'vais te l'répéter Assad, c'est ma meuf.

Assad - Ah ouais c'est vrai, vas-y bien vu Hakim.

Je travaille, je me déchire à la tâche. Vers dix neuf heure trente je ramasse mes affaires et monte dans ma voiture pour rentrer chez moi, après avoir fait une heure supp, comme un chien.

Avant de démarrer, je prend mon téléphone pour l'appeler. Je suis pas bien et quand c'est le cas, j'ai envie que d'une chose, qu'elle s'occupe de moi. Mais elle répond pas, comme d'habitude depuis quelques temps.

J'essaie de me faire une raison pas trop sombre, mais je sais au fond de moi que c'est parce-que notre relation ne la convient plus. Et je pense souvent à ça, elle mérite pas que je la fasse patienter comme ça. Si elle est distante, c'est parce-qu'elle attend de moi que je passe la vitesse supérieur, bague au doigt, maison, bébé et j'y pense de plus en plus. Ça me hante carrément, j'aurais pas pu trouver une femme aussi adaptée à moi, elle est peut être pas parfaite pour un autre, mais c'est elle qu'il faut que je mari, j'attend seulement le moment idéal.

Poupée est abiméeWhere stories live. Discover now