Intuition dissonante

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J'aurai aimé que cela fasse sens

Mais je ne sais plus ce qu'il est raisonnable d'espérer.

Au fond, seules les étoiles le savent,

Mais jamais elles ne daignent le murmurer.

Elles ont bien raison,

Car si elles le faisaient, tout s'écorcherait.

La réalité n'aurait pas de sens

Si tous connaissaient son tracé. 


Pourtant, j'entends parfois mon cœur

Me chuchoter des secrets.

Et si je m'étais promis de toujours croire

En cet intangible qui m'a si longtemps guidé,

Il est devenu brusquement compliqué de l'écouter.

Peut-être parce que ces sons là semblent dissoner

Et ne pas pouvoir s'accorder avec la vie que j'avais commencé à mener,

Ou parce que j'ai l'impression que rien dans l'univers n'y correspond.


Moi, je suis du soir, des grandes étendues marines qui peuplent le ciel,

J'aime à discuter avec les étoiles et les lumières qui percent.

J'aime à écrire ce qui n'a pas de son, mais qui aurait dû en avoir un.

Je me découvre troublée par les mots qui ne semblent être possédés par rien.

Mais pour moi qui les entend, il est impossible de savoir s'il faut les faire taire.

Cette fois, je ne peux me résoudre ni à croire en ce qui n'a pas l'air voué à exister

Ni à renoncer en ce que mon intuition m'a si timidement confié.

Peut-être cela aurait-il été plus simple que rien ne s'attarde dans mes pensées.


Je ne pourrais cependant regretter ces derniers jours et les émotions qui les ont traversé

Même si les doutes n'ont pas cessé de me happer, j'aime trop exister.

Je ne peux regretter le souvenir de ton sourire et de chacunes de tes mimiques

Tu sais, ou plutôt tu ne sais pas, mais il y a de ces choses qui me fascinent et me tuent,

De ces choses qui me hantent, m'aminent et m'épanouissent profondément

Je crois que j'ai cet étrange pouvoir d'aimer ressentir au point de ne jamais avoir peur de souffrir,

Je crois que j'ai cet étrange pouvoir d'aimer à outrance chaque chose qui fait sens,

À commencer par tout ce qui débarque dans mon existence sans prévenir pour y vibrer si fort

Que toutes mes appréhensions s'effondrent et mon cœur ne veut plus que se jeter

Dans les remous des événements et l'exquise sensation que je suis exactement là où je devais être.


Cette fois, il me manque cette certitude, parce que tu trônes au milieu de mes questionnements.

Et que la réponse ne saurait me convenir que si elle t'épargne le cœur.

Moi, je n'ai jamais rien su faire d'autre que suivre l'indicible là où il me conduisait,

Me voilà perdue maintenant que j'ai commencé à m'en effrayer,

Moi, qui était pourtant la première à toujours répéter qu'il fallait s'écouter.

Petite voix ne te connait pas, petit cœur t'esquisse sans voix.

Et j'ai beau savoir que je continuerai à être heureuse même si tout me file entre les doigts

Une part de moi se demande s'il serait raisonnable de vouloir tenir les tiens dans ma main.

Tu sais, ou plutôt tu ne sais pas ; moi, j'ai toujours eu peur de détruire tout ceux qui m'approchaient

Alors même si je voudrais te parler, je crois que je m'effraie autant de tes silences que de tes réponses.


Je crois qu'en t'écrivant j'ai compris que tout cela n'avait décidément pas de sens,

Je ne veux pas espérer de toi ce que tu n'es peut-être pas,

Je ne veux pas décider pour toi ce que tu ne souhaites peut-être pas,

Je ne veux pas de ce vieux schéma que j'ai si souvent répété.

Peut-être que chacun de tes silences est voué à calmer le flot de mes pensées

Puisque chaque absence me laisse le temps de panser les blessures d'une vieille histoire

Dont les milles déboires m'avaient jusqu'alors condamner à empoisonner mes amours

De toutes ces peurs et ces rapports malsains à l'autre qui planaient comme des vautours,

Au-dessus de ce que je m'efforçais pourtant de construire avec toute la pureté de mon cœur.

Ainsi, si rien de tout cela n'existe, tu auras guéri bien des choses sans le savoir, c'est peut-être là tout ce qui compte.


On ne se rencontre pas toujours pour les raisons que l'on croit ou espère

Mais on apprend toujours beaucoup de ceux qu'on aime, ne serait-ce qu'un instant.

Tu m'auras appris sans le savoir à laisser les choses venir sans chercher à les contrôler,

Je crois qu'il n'y a qu'en prenant son temps que l'on peut comprendre ce qui nous entrave.

Je ne veux plus jamais que mon passé vienne estomper les couleurs qui chatoient près de toi

La lumière que tu diffuses mérite qu'on la contemple et la chérisse pour ce qu'elle est

Mais j'ai compris ce soir qu'elle le méritait aussi pour tout ce qu'elle ne saurait pas être.

Il est possible que tu ne sois voué à revenir vers moi que lorsque j'aurai compris tout ce qui m'abêtit,

Prends donc tout ton temps, je crois qu'il est sain que je déconstruise toutes ces idioties qui altèrent ma vision

Peu importe si tout cela apaise notre avenir ou le futur d'un autre, laisse moi t'en remercier du fond du cœur.


Je termine ce poème, meilleure.


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Merci pour la lecture de ce poème très long, mais tellement significatif. Vous êtes très nombreux à lire et commenter en ce moment, je vous en remercie du fond du cœur et espère que ce poème vous aura apporter autant qu'à moi ;)

Vous qui me lisez vous savez forcément à quel point la poésie compte pour moi et me compose, mais vous ignorez sûrement à quel point vous la partager compte tout autant, car vous faîtes vivre et résonner mes vers à votre propre manière et c'est tout ce que je leur souhaite quand j'ai fini de les écrire. Merci pour cela.








Poésie brumeuseOnde as histórias ganham vida. Descobre agora