Dissolution

63 13 13
                                    


Mon cœur solitaire à la dérive flotte

Parmi les immeubles de Stuttgart,

Au rythme des cloches du Feuersee.

J'ignore encore ce que je suis venue chercher ici,

Mais je sais ce que j'y laisse.

Ballet étrange,

Ma lucidité déchire mes espoirs

Qui déjà se dissolvent dans l'air nocturne.

J'aurai dû me sentir triste, je ne me sens que libre,

Elle est bien loin, l'époque où je pleurais pour vous,

J'avance avec une détermination que je ne me connaissais pas

Mais que j'ai appris à chérir plus fort que les gens de passage,

Je m'effraie souvent d'accorder si peu d'importance à vos départs,

Je regarde vos silhouettes s'éloigner sans le moindre regret,

Je ne veux aimer que ceux qui décident de rester,

Je m'étonne d'y parvenir si facilement.

C'est à nouveau comme si mon cœur avait toujours été vide,

Ton souvenir ne brille déjà plus,

J'ai oublié le son de ta voix,

Et serait incapable d'entendre à nouveau la mélodie de ta présence.

Peut-être en subsisterait-il simplement quelques notes,

Traces fugaces de ce qui a été, mais que tu ne voulais pas voir perdurer.

Ton absence est belle, j'y deviendrai celle que je souhaite être,

Je me demande simplement pourquoi j'ai cru que j'avais besoin de toi.

La vie n'est qu'une immensité où nos identités ne cessent de pouvoir se réinventer,

Au cœur des foules, je zigzague, l'air flou,

Je ne m'inquiète de rien, je me sais souvenir en devenir,

J'aime l'éphémère de ma présence,

Me contente des instants où vous traversez ma vie,

Et de l'inspiration que vous y faîtes fleurir.

Il y a longtemps que je n'ai plus confiance,

Je ne crois pas que quiconque restera,

J'y ai déjà renoncé,

Je profite de vos visages,

Le temps qu'ils me sourient,

Quand vient la pluie et vos regards d'orage qui me fuient,

Je ne suis ni surprise, ni blessée,

À chacun son chemin,

Moi, je chérirai le mien,

Je n'ai pas peur de le faire seule,

J'ai seulement peur d'oublier à quel point j'en suis capable

Quand je me laisse charmer par le venin de vos regards,

La douceur enjôleuse de vos présences,

Les belles promesses au coin des lèvres,

Que vous feriez mieux de ne jamais prononcer,

Une fois fanées, elles rendent vos sourires putrides.

Toi, tu ne m'as jamais rien promis,

Nous nous sommes approchés le temps d'une éclipse,

Quand les astres se sont à nouveau éloignés,

Il y avait à la fois trop d'ombre et de lumière,

Tout cela ne pouvait coexister, voilà tout.

Ce que tu ignores, c'est que je garderai la lumière,

Les ombres ne savent même plus s'attarder dans mon cœur

J'espère que tu sauras les éloigner du tien,

Je ne serai donc jamais là pour t'y aider,

Qu'il est apaisant d'enfin pouvoir connaître cette vérité.

Je laisserai donc à Stuttgart quelques rêveries,

Un peu d'amour qui t'étais destiné et que tu n'étais pas prêt à recevoir,

Le voilà qui s'étiole sous les journées chaudes de juillet,

Il ne hante plus mon cœur, j'en suis reconnaissante au monde entier.

À cette ville, ses vieux bâtiments qui côtoient les tours immenses des magasins,

Son parc délirant, ses oies par centaine, ses collines urbaines, ses recoins pavés,

Et ses habitants, leur sourire, leur anglais trébuchant et leur sublime accent

Je laisse surtout un grand sourire d'enfant et un regard curieux d'adulte,

À la Lucie de 15, 17 et même 21 ans,

Merci d'avoir mené tous mes pas, ici,

Un jour, j'arpenterai Stockholm, on se l'est promis.









Poésie brumeuseTahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon