Renaissance et force

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La vie pouvait enfin devenir belle. Il ne restait plus que quelques jours avant l'ouverture des classes, alors je les ai passés à la maison, à faire le ménage, jouer au comptable lorsque ma mère vendait ses légumes, passer plus de temps avec mon fils, et vendre de la bouillie tous les soirs. En tout je faisais de mon mieux pour faire rentrer du capital dans la maison.

L'année scolaire débuta. Et avec le soutien de mon père, je fus envoyée à Colobane pour étudier auprès de ma tante Oumou. Celle-ci m'accueillit à bras ouverts avec joie; et c'est ainsi que je me fus découverte sur un nouveau jour, oubliant tout ce qui était resté derrière moi.
Par contre, il n'y avait pas beaucoup de changement sur mon style habituel: je mettais les mêmes vêtements amples que me donnait ma belle-mère et les mêmes chaussures. À l'école, j'essayais toujours de comprendre les moindres détails pour espérer avoir des résultats satisfaisants. Chez ma tante, j'aidais beaucoup dans les tâches ménagères même si elle avait déja une bonne pour l'aider. Elle vivait seule avec son mari et tous deux n'ont malheureusement jamais connu le bonheur d'être parents. Mais ils avaient toujours le sourire au visage, des personnes incroyables!

L'année fut longue, tellement longue que j'ai envie de remonter le temps pour vous écrire la suite de mon histoire...

Ce fut la fin de l'année scolaire, et cette fois j'eus réussi le Bac avec beaucoup de succès. J'eus même été la cinquième de mon centre. Mais bien avant cela, le lycée avait reçu des invités un peu spéciaux. Il s'agissait d'un groupe d'architectes dirigé par un homme âgé d'une cinquantaine d'années. Ce dernier avait eu la permission de délibérer ainsi que de donner des prix que leur entreprise offrait aux dix premiers du centre.
On m'appella et je rejoignis les quatre autres devant moi. Je ne savais pas pourquoi mais je sentais un regard intense sur moi du monsieur qui délibérait. Peut-être m'avait-il confondue avec quelqu'un d'autre? Je ne savais pas!

À la suite de cet événement, il me rejoignit et on eut une petite discussion professionnelle. Il me fit savoir qu'en me donnant le prix, il avait vu ma date de naissance sur la liste d'admission et avait réalisé que j'étais très vieille pour une lycéenne. Et oui, j'avais 21 ans, énorme n'est-ce pas? En fait depuis toute petite, j'orientais tous mes projets à ma vingt-et-unième année, mon âge de rêves: mon mariage, mon travail, ma voiture etc... Il m'apprit alors qu'ils avaient atteint leur objectif qui était d'aider les nouveaux meilleurs bacheliers âgés à faire une formation gratuite en architecture pendant 3 ans sous contrôle, et donc on pouvait obtenir un travail dès que s'annonçaient les compétences. J'étais tellement heureuse lorsque je vis que j'étais la première sur leur liste, que je n'en crus pas mes oreilles. Qu'est-ce que je venais d'entendre!!??

Moi: Waouh!! Je n'ai plus les mots. Juste merci beaucoup monsieur...

Lui: Latyr Ndiaye. Et n'oublie pas d'informer tes parents, d'accord?

Moi: Je le ferai In Sha Allah, monsieur Latyr Ndiaye.

Il sourit une dernière fois, puis alla voir d'autres élèves.

Le temps passa, et je fis mes adieux à mon oncle et à ma tante pour retourner chez mes parents. J'avais obtenu ce pour quoi j'étais allée là bas, et mieux encore!
J'eus trouvé le courage d'expliquer à mon père la proposition de Latyr Ndiaye et.. un peu surpris au début, mes parents me firent savoir avec enthousiasme que la décision ne tenait qu'à moi-même. Ils me laissèrent donc poursuivre mon rêve, et j'eus immédiatement contacté monsieur Latyr afin de recevoir plus d'informations.
Parfois même, on se voyait en guise de rdv et nous discutâmes de beaucoup de choses à propos de l'architecture. Mais le plus souvent, j'allais le retrouver dans son entreprise qui se trouve être dans le centre de Dakar. Je me suis débrouillée pas mal après les premiers mois de formation. Une année passa ainsi, et on me proposa un petit travail dans l'entreprise le temps que je termine la formation. J'étais comme sur un petit nuage! Il ne m'a pas fallu longtemps pour que je devienne officiellement architecte, et comme toutes les femmes qui y travaillaient, un salaire légèrement plus élevé que celui des hommes m'était promis.

Déception Where stories live. Discover now