Chapitre 4

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Je passe la journée à jouer avec Mélusine et Oriande en essayant de ne me préoccuper de rien. Morgane fait une brève apparition pour préparer des coquillettes pour le déjeuner. Nous les assaisonnons en ouvrant un pot de sauce tomate aux petits légumes. Maman est la seule à savoir cuisiner dans cette famille. Puis la jumelle disparaît dans son antre sans m'adresser la parole une seule fois.

Maman rentre en fin de journée, très fatiguée à force d'avoir coupé des milliers de cheveux.

— Les enfants, nous allons nous mettre en route, crie-t-elle. Tout le monde a fait ses bagages ?

— Non ! répond Oriande.

Maman lui ébouriffe les cheveux.

— Je les ai faits pour toi, heureusement, chérie. Vivien, tu peux descendre ta valise et dire à ta sœur de sortir de sa chambre ?

— À Morgane ? je m'inquiète.

A-t-elle donc oublié que ma jumelle me fait la tête à vie ? On dirait bien que oui. De toute façon, elle ne m'écoute plus. Les mains levées, elle utilise ses pouvoirs pour faire voler quelques objets qui traînaient un peu partout sur le sol et les repousser un peu plus loin.

Maman est toujours stressée au moment des départs. J'ignore pourquoi, mais elle se sent obligée de laisser la maison impeccable. Je ne vois pas à quoi cela sert, puisque nous n'y sommes pas à ce moment-là.

Je pousse un soupir résigné avant de monter l'escalier. Je toque deux coups à la porte de la chambre de ma jumelle et me garde bien de rentrer.

— Maman dit qu'il est l'heure de partir, je lance.

Puis, en bon lâche, je me précipite dans ma propre chambre.

En ce qui concerne, je n'avais pas défait ma valise, me contentant d'en sortir les vêtements dont j'avais besoin. Il me suffit donc de la refermer après avoir balancé deux ou trois trucs à l'intérieur.

Je tombe sur Morgane au sommet de l'escalier. Nos regards se croisent accidentellement. Elle détourne les yeux la première avec une petite moue contrariée.

Je la laisse s'approcher des marches la première. D'un geste nonchalant, elle claque des doigts. Son bagage se soulève dans les airs. Après un autre claquement, il entreprend de voltiger bien gentiment jusqu'au rez-de-chaussée.

Cela me rappelle la veille de la rentrée. Morgane avait voulu faire pareil, sauf que le vol de sa malle avait été pour le moins chaotique. Aujourd'hui, sa valise suit une courbe parfaitement régulière et se pose sur le sol de l'entrée en douceur.

Je me retiens d'applaudir. Ma sœur a vraiment progressé en magie féerique. Trop préoccupé par mes propres malheurs, je ne m'en étais même pas rendu compte.

De mon côté, je descends ma valise d'une façon plus traditionnelle (c'est-à-dire en la portant). J'ai une maîtrise plus qu'aléatoire de mes nouveaux pouvoirs. Les utiliser déclenche une fois sur deux une catastrophe (comme casser le tour Eiffel) et je ne vois pas l'intérêt d'en provoquer une là maintenant, le 24 décembre, alors que nous nous apprêtons à fêter Noël en famille, comme des gens normaux.

Nos valises n'arrivent pas à tenir dans le petit coffre et nous finissons par en caser certaines au pied de la banquette arrière. En plus des innombrables cadeaux de Noël, ma jumelle et moi devons prendre toutes nos affaires car nous retournerons directement à Paris depuis Paimpont. Maman a également pris des affaires supplémentaires pour effectuer son bref déplacement pour m'accompagner à mon audition devant le Grand Conseil. Je ne préfère pas encore penser à cette dernière pour le moment. Je ne sais toujours pas quelle vérité convaincante je vais sortir.

Le lycée des Surnaturels (tome 2)Where stories live. Discover now