Chapitre 8 : Malo

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Malo pédalait sans se presser, perdu dans ses pensées. Il était sept heures quarante cinq et il commençait à huit heures mais il se fichait bien d'être en retard, bien trop préoccupé par le comportement anormal de sa jumelle. Quand ils avaient entendu Mia hurler et se projeter contre un mur, toujours installés dans le salon, abasourdis par ce qu'ils venaient d'apprendre, ils s'étaient tous levés et précipités à l'étage. Olivia était entrée la première et ce qu'ils avaient découverts dans la salle de bain les avaient laissés pantelants. Aveuglée par de la folie pure, Mia s'était jetée sur le miroir et le labourait de coups sans se soucier de la peau qu'elle arrachait en passant. Sa mère s'était avancée, des larmes pleins les yeux, dans l'espoir de parvenir à la calmer. Elle l'avait tirée en arrière et séparée du sujet d'obsession et avait serré sa fille contre elle mais Mia s'était alors mise à hurler et à se démener comme un beau diable. Malo n'oublierait jamais l'expression démolie de leur mère alors qu'elle luttait pour rendre à sa fille sa sérénité sans y parvenir. Quand leur père s'avança, il n'obtint pas plus de succès et Paul essuya le même échec. Mia hurlait comme si le diable en personne en avait après elle et elle les avait tous rejetés. Malo s'était alors avancé, le cœur déchiré par l'état de sa sœur. Il avait dit à ses parents et à son frère aîné de quitter la pièce et de rejoindre Katy tandis que lui-même restait seul avec Mia. Il n'avait d'abord pas bougé d'un pouce. Mia se tenait avachie sur le sol, le corps parcourus de spasmes. Puis elle avait relevé vers son jumeau des yeux perclus de douleur et il n'avait plus pu se tenir à l'écart. Il s'était précipité sur elle et l'avait enveloppée dans ses bras sans recevoir le moindre rejet. Au contraire, Mia avait glissé ses bras autour de son cou et elle s'était pressée contre lui comme si lui seul pouvait lui amener la paix. Doucement, il l'avait allongée sur le sol, recouverte d'une serviette pour redonner un peu de chaleur à son corps glacé et il était parti chercher la trousse de secours. Les blessures de Mia étaient affreuses. Il avait dû retenir une vague de nausées en voyant qu'elle s'était profondément ouvert la peau et en apercevant les morceaux de miroir qui s'étaient insérés dans la blessure. Avec une pince à épiler, il avait prélevé chaque débris un par un avant de nettoyer la blessure et de la bander. Puis il avait pris sa sœur dans ses bras et l'avait reconduite dans son lit où il s'était allongé tout contre elle. Elle s'était endormie dans ses bras. Ce matin, quand il était revenu, les restes du téléphone de Mia gisaient à terre, au pied d'un mur et les fixait d'un œil furieux. Plus de démence, juste une colère froide, pleine de lucidité.

Oui, Malo s'inquiétait énormément pour sa sœur. Jamais elle n'avait réagi de cette façon. Elle avait toujours été très maîtresse de ses émotions, ne semblait jamais perdre pied quand lui était capable d'envoyer valser ses meubles contre des murs et des livres un peu partout. Et c'était toujours elle qui venait le calmer et lui enlever les potentiels projectiles des mains. Aujourd'hui, les rôles étaient inversés et il sentait qu'il n'était pas à la hauteur. S'il l'avait été, Mia serait au lit et non pas en route pour les cours.

Arrivé devant le lycée, il ne vit pas tout de suite les voitures de police garées devant l'établissement. Il entendit d'abord les gyrophares. Alerté, et tout de suite sur le qui-vive, il descendit de vélo et se mit à courir vers les deux agents de police qui parlaient à des lycéens paniqués. Et tout au long de sa course, il pria intérieurement pour que le nom ou la description de Mia n'entre pas en compte dans l'histoire. Faites qu'elle soit en cours, faite qu'elle soit en cours, faites qu'elle soit en cours...murmurait-il en son fort intérieur. Il fallait qu'il en soit ainsi.

Les deux agents se retournèrent en l'entendant courir.

- Oui, jeune homme ? Demanda le plus grand des deux. On peut quelque chose pour toi ?

- Que s'est-il passé ? Demanda Malo d'une voix brûlante d'inquiétude.

- Vous le saurez en temps et en heures. Répondit l'agent, agacé. Nous sommes en pleine enquête, si vous voulez bien...

Retour aux Origines (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant