Chapitre 48 - La gifle

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En se réveillant le jour du dernier match, Maddie fut animée d'une envie profonde de faire entendre sa voix auprès de Rachel. La seule et unique amie qu'elle ait eue dans cette équipe et qui lui manquait terriblement. Elle devait tenter le tout pour le tout.

En entrant dans la salle de classe et remarquant que Monsieur Sanchez n'était pas encore arrivé, Maddie se planta devant Rachel. D'une traite, elle lui raconta la scène qu'elle avait vécue chez Ashton lorsque Sally était venue la menacer. Elle fit le lien avec le problème de fermeture éclair de sa tenue et tout ce qu'elle avait vécu de négatif dans cette équipe. La réponse de Rachel fut cinglante.

— Tu me fais encore plus pitié. Tu sors ça de ton chapeau de magicienne ?

— Je t'ai parlé de certaines choses avant, mais tu as défendu ta chère capitaine ! répondit Maddie sur le même ton.

— Parce que je la crois elle et pas toi ! siffla Rachel en la foudroyant du regard.

— C'est vrai que Sally est une sainte ! s'exclama Maddie, la bouche en cœur.

Rachel se rapprocha dangereusement de Maddie, le visage rosi par la colère. Elle s'écria, retenant l'attention de tous leurs camarades de classe.

— Tu en es une, toi, peut-être ? À jouer la pauvre victime, soi-disant martyrisée par Sally ! Tout le monde se fout de toi ma pauvre fille !

— Voile-toi la face autant que tu veux, moi je sais que ta chère Sally est une vipère ! hurla Maddie. T'es juste sa petite boniche dont elle n'hésitera pas à se débarrasser.

Une gifle magistrale la projeta au sol. Rachel fixa sa main douloureuse. Maddie eut le souffle coupé et se tint la joue, les yeux pleins de larmes. Elle se releva avec peine en pleurnichant. Rachel la menaça du doigt.

— Ne me parle plus jamais comme ça !

Le reste de la classe, choqué par la violence de la dispute, ne bougea pas. Rachel partit s'asseoir, imitée par Maddie dans la direction opposée quelques secondes plus tard. M. Sanchez pénétra dans la classe alors qu'il régnait un silence de mort. Il sentit de la tension dans l'air, mais préféra profiter du calme, rare dans son cours, pour commencer sa leçon.

L'histoire de la gifle fit le tour du lycée avant l'heure du déjeuner. Anthony l'apprit dans un couloir à travers la blague d'un de ses coéquipiers ce qui l'énerva au plus haut point. À midi, il retrouva Maddie qui lui tomba dans les bras. Elle le regarda d'un air malheureux et raconta l'altercation sans reprendre sa respiration.

— Calme-toi, lui demanda Anthony en tentant lui-même de contenir son énervement.

Si Rachel n'était pas une fille, il serait allé lui retourner la gifle. Pour qui se prenait-elle pour attaquer ainsi sa petite amie ? Surtout que Maddie avait raison, Sally était une vipère et Rachel sa boniche ! Un sourire se dessina sur son visage.

— Pourquoi tu souris ? s'étonna Maddie.

— Parce que tu as raison ! Elles sont pitoyables ces Venus ! Heureusement que je ne m'en suis jamais tapé aucune, dit-il en se mettant à rire nerveusement.

— Mais ! s'exclama Maddie en lui envoyant un coup de poing dans l'épaule.

— Hé, ne deviens pas violente, toi aussi !

Il attira Maddie contre lui et chuchota.

— Tu veux que je lui en touche deux mots à la boniche ?

— Surtout pas ! Je sais pas ce qui m'a pris d'aller la voir. J'aurais pas dû rentrer dans son jeu et m'énerver. On supporte le match de ce soir et après je l'évite comme la peste.

— OK, tes désirs sont des ordres, dit-il avant de l'embrasser.

L'après-midi même, Maddie refusa catégoriquement d'aller dans les vestiaires et se changea dans les toilettes. Elle se présenta sur le terrain une fois sûre que tout le monde y était. Elle arriva seule sous le regard réprobateur de Vicky, mais c'était le dernier de ses soucis.

Elle baissa les yeux et se plaça à côté de ses coéquipières. Camille avait aussi endossé la tenue des Venus pour l'occasion. Les familles et proches des cheerleaders et footballeurs étaient tous dans les gradins. Joanna avait réussi à se libérer et s'était installée au premier rang, un sourire immense éclairant son visage. Elle trépignait d'impatience à l'idée de rejoindre sa fille et de défiler avec elle sur le terrain.

Le principal Whelan se racla la gorge avant de hurler dans le micro.

— C'est un jour incroyable pour nos sportifs ! Applaudissons-les pour commencer ! Ils nous ont fait vibrer, pleurer, rire, crier, hurler, sauter même ! Et que sais-je encore !

Le public était hilare. Après un nouveau raclement de gorge, il reprit.

— Concentrons-nous sur tous ces merveilleux athlètes qui vont défiler un à un. Pour nos lycéens de terminale ; cheerleaders et footballeurs, c'est le dernier match !

L'émotion était palpable dans les gradins et sur le terrain. Les applaudissements retentirent quand les cheerleaders commencèrent à se présenter une à une.

Maddie observa Alissa, entourée de ses deux parents, qui ouvrit la marche. Rachel la suivit de peu, également accompagnée par ses deux parents. Ce fut la même chose pour Caroline.

Sa mère à son bras, Maddie s'élança dans la haie d'honneur faite par les footballeurs. Elle était portée par le regard bienveillant d'Anthony et par les applaudissements du public. Maddie admira la mine radieuse de sa mère. Joanna, émue et fière, ne quittait pas sa fille des yeux. Si Maddie défilait aujourd'hui, c'était pour elle. Pour sa mère aimante qui avait tout fait pour elle et à qui Maddie en avait fait voir de toutes les couleurs ces derniers mois. C'était pour la rendre heureuse que Maddie se tenait là, dignement, sans une once de peur ou d'intimidation sur son visage.

Le reste des Venus suivit par ordre alphabétique, accompagnées de l'un ou de leurs deux parents. Sally clôtura le défilé des cheerleaders, escortée par ses deux grands-parents. La tête haute, elle affichait une mine ravie. Elle était bluffante de crédibilité, car sous cette apparente joie, intérieurement, elle hurlait de douleur. Elle était la seule à n'avoir ni sa mère ni son père à ses côtés. Et elle n'accordait aucune importance à ses grands-parents. Pour elle, c'était comme si elle défilait seule.

La haie d'honneur se répéta pour les footballeurs et Maddie découvrit les parents d'Anthony. En voyant son père, Maddie comprit d'où venait la carrure de son petit ami. Quant aux traits du visage, la ressemblance entre Anthony et sa mère était frappante. Ses deux parents apparaissaient souriants et accessibles. Maddie s'en trouva soulagée pour la rencontre qui se profilait entre les deux familles.

Le match se déroula comme d'ordinaire et se clôtura par une victoire des Mercures sur l'équipe adverse. Il ne pouvait y avoir plus belle fin pour leur équipe.

Alors que les embrassades chaleureuses étaient de rigueur, Maddie s'éclipsa du terrain. Anthony quitta ses coéquipiers et rejoignit ses parents. Il leur présenta Maddie ainsi que Joanna. Silvester et Celeste Ryan-Tate, très excités par cette rencontre, invitèrent tout ce petit monde à dîner.

— C'est fini, murmura Anthony à l'oreille de Maddie. Plus de Venus, ma chérie, tu peux être tranquille. Je ne laisserai personne t'approcher.

Maddie adressa un regard chargé d'amour à Anthony alors qu'il passait un bras autour de sa taille. Devant elle, sa mère et les parents d'Anthony étaient en pleine discussion et les rires fusaient déjà. L'ambiance promettait d'être bonne. Maddie sentit le nœud qui lui serrait le ventre se dénouer. Et elle ne savoura pas l'instant, elle le dégusta.



MaddieWhere stories live. Discover now