Chapitre 69 - Ce jour si spécial

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Sally essuya ses joues d'un revers de main. Sans ciller, elle se regarda dans le miroir et attacha ses longs cheveux dorés en un haut chignon. Du bout des doigts, elle tapota sous ses yeux bleus pour enlever les dernières larmes. Son regard se posa sur le mot qu'elle avait découvert à son réveil.

Écrit à la va-vite sur une fine feuille de papier, Sally avait de suite reconnu l'écriture de sa mère. Seulement quelques lignes concernant l'évènement le plus important de la scolarité de sa fille. Malgré la brièveté du message, Sally avait arrêté sa lecture au mot « absents ». Les yeux pleins de larmes, elle avait appris qu'aucun de ses deux parents n'avait, soi-disant, la possibilité d'être là. Encore et toujours l'excuse d'obligations liées au travail. Sally était dévastée par la nouvelle. Elle avait supporté toutes leurs absences à des évènements importants en se retenant au fait qu'ils seraient là pour le plus marquant ; la remise des diplômes. Et tout s'écroulait. Après la semaine catastrophique qu'elle venait de passer, cela ne faisait que l'enfoncer davantage.

Elle se rendit dans sa sublime salle de bain et, alors qu'elle se douchait, un sentiment de dégoût l'envahit. Tout cet argent et ce luxe l'écœurèrent. Le regard mêlé de haine et de tristesse, elle s'habilla et s'installa à sa coiffeuse. En contemplant son reflet dans le miroir, elle attrapa la mince feuille et la serra dans son poing jusqu'à l'écraser totalement. Sa main était si crispée que les jointures de ses doigts étaient blanches.

Elle jeta la petite boule de papier à l'autre bout de la pièce et posa ses mains tremblantes sur ses genoux. Elle fixa le sol et resta, quelques minutes, plongée dans ses pensées.

Lorsqu'elle releva la tête, son visage était impassible et son agitation avait disparu. Rien ne devait gâcher ce jour si spécial. Son œil était encore douloureux. Adèle n'y était pas allée de main morte et même si Sally avait rendu les coups, elle n'avait pas fait le poids. Son visage était marqué par la récente bagarre. Elle se maquilla soigneusement.

— Mademoiselle ? demanda doucement Marthe, à l'entrée de la chambre.

Sally se retourna et se contenta de lever les sourcils.

— Ils sont arrivés, continua-t-elle. Ils vous attendent en bas.

— Bien, fit Sally, le regard inexpressif.

Elle s'inspecta impitoyablement avant de quitter sa chambre. Elle rejoignit ses grands-parents maternels, uniques proches qui assisteraient à la cérémonie.

Tous trois s'installèrent dans une limousine blanche et, à cet instant, Sally aurait donné tout ce qu'elle avait pour avoir des parents présents.

Maddie se regardait dans la glace. Elle y était. La fameuse remise des diplômes, c'était dans quelques heures, ce beau dimanche de mai, chaud et ensoleillé. Le lycée, c'était terminé. Elle s'était habillée d'une robe rose pastel légère et s'attelait à son maquillage. Lorsque Joanna pénétra dans la pièce, elle remarqua que les mains de Maddie tremblaient tandis qu'elle appliquait une couche de rouge à lèvres.

— Attends, murmura-t-elle à l'attention de sa fille.

D'une main, elle tint le menton de Maddie et de l'autre, elle prit le tube et maquilla avec précision les lèvres de la jeune fille.

— Tu es magnifique Mad, souffla Joanna, admirative.

Maddie étudia son reflet dans le miroir et un franc sourire s'étira sur son visage.

— Ça y est maman, c'est la fin, dit-elle dans un souffle.

La porte de la chambre grinça légèrement et une tête familière apparut.

MaddieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant