19 : Les dix-huit ans de Gabin.

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Au moment où on a aperçu l'avion arriver à travers les grandes baies vitrées, je me suis aussitôt levé, ma pancarte à la main. Ça faisait bientôt trente minutes qu'on attendait sur ces chaises. Je me suis placé juste devant la sortie, pour être certains qu'ils ne me loupent pas. Agathe m'a rejoint, lisant mon bout de carton une énième fois. Il disait « Los Bretonos », ce qui ne voulait très certainement pas dire « Les Bretons » en espagnol, mais je faisais allemand LV2.

Sur notre gauche, des personnes nous ont rejoints, attendant sûrement des passagers du même avion que ma mère. La conversation de deux femmes nous est parvenue, sans qu'on cherche réellement à l'écouter.

─ Maman, a dit la plus jeune. Souviens-toi, c'est ton fils, tu l'aimes. Ça fait dix mois que tu ne l'as pas vu, alors ne l'engueule pas trop.

─ Ton frère est parti à l'autre bout du monde sans me prévenir ! À partir du moment où il va passer cette arche, il va se prendre la pire raclée de vie.

J'ai glissé à Agathe.

─ Ouah, j'aimerais pas être ce gars.

─ Vraiment ? T'as pas compris ? Gabin, il faut pas être Sherlock pour savoir de qui elles parlent.

J'ai froncé les sourcils, mais n'ai pas eu le temps de lui demander ce à quoi elle faisait allusion, car un duo de jeunes s'est dirigé vers nous. Un mec qui faisait dix centimètres de plus que moi, avec une barbe uniforme, et une petite brune, qui présentait bien dans un blazer bien taillé. Ils se sont approchés, et j'ai bien vu qu'ils allaient venir me parler. J'ai paniqué un peu, parce qu'avec mes amis, on était venus passer une semaine à Rennes, une fois, et on avait foutu le bordel. Des gars se souvenaient encore de nous.

─ C'est vous qui attendez Georges ? a demandé le jeune homme.

Agathe et moi nous sommes regardés, elle a haussé les épaules pour me signifier qu'elle ne les connaissaient pas. J'ai improvisé.

─ Euh, on attend surtout ma mère, mais Georges aussi. Pourquoi ?

─ Je sais pas si tu te souviens de nous, on s'était croisés à son anniversaire.

─ C'est lui la drama queen qui a pété un câble parce que son meilleur ami a embrassé un autre gars, a ajouté la fille.

J'ai eu soudain un éclair de génie, me rappelant de cette soirée fiasco, où tout le monde y est allé de son petit commentaire sur la situation. Le prénom de ce gars est passé sur toutes les lèvres, pourtant, impossible de m'en souvenir. Ça ne m'avait visiblement pas autant marqué. Il faut dire que, dans ce genre de situations, les embrouilles coule sur moi comme de l'eau. Ce que je retenais surtout, c'était qu'après ça, il avait fallu réaliser une prouesse monumentale pour réussir à remettre un peu d'ambiance. Chose que j'avais réussie haut la main en organisant un cache-cache géant sur le terrain de la salle des fêtes. Je vous l'assure, en cas de tension, un cache-cache, et tout repart. Conseil de Gabin.

Visiblement offensé d'avoir été publiquement rappelé à l'ordre pour ses erreurs passées, le jeune homme a pris un air choqué.

─ Pas cool, Charlotte, a-t-il adressé à son amie. OK, donc je voulais juste savoir, au sujet de ce soir. Comment ça se passe au niveau du cadeau commun ? Est-ce qu'on doit participer pour l'autre mec aussi ou chaque invité paie pour son gars ?

─ Eliott, qu'est-ce que t'es en train de faire ? a paniqué la fille à côté de lui.

J'ai senti Agathe se crisper à mes côtés, et tout s'enchaînait si rapidement que je n'ai pas eu le temps de comprendre, seulement d'écouter.

Les 24 états d'âme de Gabin et Agathe.Where stories live. Discover now