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Angeline.

Je l'ai reconnue à sa culotte.

La grise avec une tête de lapin imprimée et un petit nœud bleu-marine. Les chaussettes aussi m'avaient mis la puce à l'oreille. Je les connaissais pas, celles-là, mais c'était bien son style : arc-en-ciel avec les orteils détachés. Comme des gants, mais pour les pieds.

La dernière fois que j'avais vu cette culotte, je créchais encore chez mes parents et je terminais mon apprentissage. Ça faisait au moins cinq ans. Depuis, l'imprimé lapin en avait pris un coup. Il avait dû en faire, des passages à la machine à laver.

J'avais jamais réussi à lui avouer, à Angeline, que j'aimais bien sa culotte lapin. Bizarrement, je me ne voyais pas trop lui dire « Hey, salut ! Moi c'est Nathan. J'habite la maison derrière chez toi. Trop beau le dessin du lapin de la culotte que ta mère fait sécher en face de ma chambre. C'est la tienne ? »

Bien sûr, j'aurais pu être malin l'aborder autrement. Lui demander de quoi parlaient les bouquins qu'elle lisait dans le bus, par exemple. Sauf que, rien qu'à voir les titres, je savais déjà que ça m'inspirait pas et j'avais pas envie de faire semblant.

Alors, je ne lui avais jamais adressé la parole, à Angeline.

Pourtant, qu'est-ce que j'avais rêvé d'elle...

C'est fou comme on s'invente des problèmes, quand on est gosse.

Les chaussettes de la voisineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant