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Avec Angeline, on a fini par se tutoyer. Plus je la voyais, plus elle me plaisait, et plus longtemps on restait devant la maison de ses parents.

J'attendais ses visites comme un gosse impatient à Noel. Et ses SMS... Le simple fait de recevoir « Salut, tu vas bien ? » faisait carburer mon imagination. Comme si, dans nos échanges anodins, je pouvais décrypter des choses cachées.

Je voyais bien, au fond, qu'il n'y avait rien. Je me faisais des films. Mais j'avais l'impression que ça me faisait du bien. C'est sans doute pour ça que je faisais comme si je voyais pas que ses sourires avaient pris une teinte délavée.

Le reste du temps, je tournais en rond. Seul dans ma tête.

Peindre des murs, ça n'avait rien de passionnant et j'aurais jamais imaginé que ça puisse me manquer. Mais là, coincé au fond de mon lit, j'aurais payé cher pour tenir un rouleau entre les mains. Pouvoir le tremper dans le seau de peinture. Soigneusement, le frotter contre le bac pour en retirer l'excédent. L'approcher du mur et le faire rouler de haut en bas. Écouter le bruit des poils qui déposent les pigments humides sur la surface. Le faire rouler et rouler encore. Tout mon corps engagé dans ce mouvement si simple. Le faire rouler et rouler pour tout recouvrir de blanc. Tout effacer.

Sauf Angeline.

Les chaussettes de la voisineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant