3

6.5K 982 52
                                    

Quand Angeline nous a rejoints dans l'entrée, j'ai caché les chaussettes bleues et j'ai continué à m'adresser à la petite qui s'était réfugiée entre les jambes de sa mère.

« Il est mignon, ce lapin. C'est à toi ? »

C'était pas mentir, si je connaissais la réponse ?

« Non, c'est à maman. C'est pour faire cocooning ! »

J'ai souri à Angeline qui récupérait la culotte et les chaussettes arc-en-ciel en rougissant. Elle n'avait pas changé. Toujours cette impression que ses yeux contenaient l'univers. Comme si elle savait tout et que, moi, je ne savais rien. C'était comme ça déjà quand je la regardais de loin, à l'époque. De près, c'était encore pire. Ça faisait chavirer. Pire que d'être bourré.

Mais bon, Angeline avait une fille, une maison. Sans doute un mari, aussi. Et moi, j'avais quoi ? Juste des taches de peinture sur les doigts. Mais au fond, ça m'a soulagé de savoir ça. Tout d'un coup, j'avais plus de pression. Je pouvais lui parler sans craindre ce qu'elle allait penser. De toute façon, j'avais perdu d'avance. Ça ne coûtait rien.

Alors, avant qu'elle ferme la porte, je me suis passé la main dans les cheveux, j'ai souri — il faut toujours sourire — et j'ai dit :

« En fait, je crois qu'on se connait... »

Les chaussettes de la voisineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant