3. Une très mauvaise idée

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-Mais arrête d'avoir peur au moindre truc! Qu'est-ce que t'as encore vu?! Des pastèques que t'as prises pour des têtes humaines? Non mais il faut franchement que tu te calmes Clara! me lança-t-il, en me repoussant violemment

Sûr de lui, il s'approcha du carton d'un pas décidé. Mais son assurance disparu bien vite, lorsqu'il pencha sa tête par-dessus celui-ci. Après l'avoir scruté pendant quelques secondes, il se redressa, fit quelques pas autour de l'emballage et regarda à nouveau son contenu, comme si cela allait changer quelque chose.

Il se gratta la tête, embarrassé, puis se racla la gorge, pour enfin me dire;

-Clara, je suis désolé de t'avoir dit ça. Tu crois que ce sont des vrais?

-Tu rigoles? Non mais attend, tu crois vraiment qu'ils fabriqueraient des choses aussi réalistes?

Ne sachant trop que faire, je rejoignis mon frère et lui pris la main, ce que l'on faisait toujours quand quelque chose n'allait pas. Et là, non, ça n'allait franchement pas. On se trouvait dans une chambre froide, avec un carton, de loin pas destiné à la consommation. Il servait à accueillir une dizaine de corps humains.

Si ça n'avait été que ça, je n'aurais pas fait une crise, mais ça n'était pas que de simples corps entassés les uns sur les autres, tels de la marchandise alimentaire. Tous ces cadavres avaient une peau abominablement violette qui tirait vers le jaune verdâtre, à certains endroits, ce qui montrait qu'ils avaient dû passer les heures qui avaient suivies leur mort, dans cette pièce. Tous étaient identiques, avec cette même expression de frayeur, figée sur leur visage. Leur bouche grande ouverte, et leurs yeux prêts à sortir de leurs orbites, laissaient supposer qu'ils criaient quand ils ont été tués. Et chacun, sans aucune exception, avait des marques sombres au niveau de leur cou. Voilà tout ce que je pouvais en déduire: ils étaient morts par étranglement. Et puis il y avait cette affreuse odeur qui s'en dégageait, à cause des corps en état de décomposition.

Mais pourquoi étaient-ils ici? Qui les avaient trainés jusqu'ici? Mais surtout...qui les avaient tué? Et nous, avions-nous quelque chose à craindre, ou sommes-nous de simples innocents qui s'en sortiront vivants? Impossible de trouver une quelconque réponse à cela, et je ne préférais pas y penser, car le simple fait de mourir étranglée me terrorisait.

Malgré le fait que nous nous trouvions devant ces cadavres, je ne pouvais exprimer aucune émotion. Devais-je pleurer, avoir peur ou alors nier ce que je voyais devant moi, faire comme si cela n'était qu'un simple cauchemar, du quel j'allais bientôt émerger? Je n'en savais rien, alors je restai simplement impassible en plongeant mon regard dans celui de la personne qui se trouvait au-dessus du tas. C'était un garçon de notre âge. Malgré ses marques de souffrance, il me disait quelque chose. Qui était-ce? Je n'arrivais pas à mettre un nom sur son visage, qui me paraissait pourtant si familier. Puis soudain, tout me revint en mémoire;

-Alex, regarde. C'est Lucas, lui dis-je, d'un ton atrocement détaché.

-Comment c'est possible?! Qu'est-ce qu'il fout ici? Je comprends pas, pourquoi est-ce que tout le monde disait qu'il était mort dans un accident de la route?

-Tu crois vraiment que les gens te croiraient, si tu leur disais que Lucas est mort dans un centre commercial?

-Bien-sûr que non... me répondit-il, totalement perdu.

-Bah voilà. Les gens n'acceptent que les explications rationnelles.

-Mais alors...l'enterrement?

-Il n'y avait personne dans le cercueil, tout simplement, lui dis-je, avec cet air toujours si indifférent, comme si tout était normal.

Pendant quelques minutes, nous ne bougeâmes pas, tenant aussi fort qu'on le pouvait la main de l'autre. Puis, il se détacha doucement de la mienne et entreprit de quitter la chambre froide, dans laquelle on allait vraiment finir par mourir de froid. Mais je le retins;

-Tu crois vraiment que c'est une bonne idée de quitter cette pièce? Et s'ils nous attendaient dehors, pour nous tuer?

-Je pense pas, on leur a rien fait, je vois pas pourquoi ils s'en prendraient à nous, me répondit-il, en se dirigeant vers la porte entrouverte.

-J'en suis pas si sûre, j'ai peur Alex.

Il me prit dans ses bras et me chuchota;

-T'inquiète pas, rien ne nous arrivera. Il suffit juste qu'on reste ensemble et qu'on prenne nos lampes de poche, d'accord? Viens, on retourne à notre cabane.

Je le suivis, sans rien dire, avec mes deux lampes de poche braquées sur les rayons du magasin, à la recherche d'une quelconque chose suspecte. Mais notre retour se passa sans problème. Nous n'entendîmes pas le moindre bruit de pas, ne remarquâmes aucun geste anormal, ce qui finit par finalement me rassurer. Au fond, peut-être qu'il n'y avait que nous dans ce centre commercial, et que nous n'avions absolument rien à craindre. Toutes mes hypothèses étaient si contradictoires que je ne m'y retrouvais plus moi-même, alors je préférais simplement me répéter qu'on était totalement en sécurité ici.

On s'installa entre les couvertures moelleuses, puis on entreprit de commencer par manger le paquet de chips au paprika tous en buvant une canette de soda chacun. Mais notre organisation ne fut pas très durable; on finit par ouvrir tous les paquets de nourriture que l'on avait ramenés, mais nous tâchâmes tout de même d'en garder pour plus tard.

Après plusieurs heures passées ainsi, à se goinfrer sans retenue, je fus incapable d'avaler quoi que ce soit. Alors je commençai rapidement à m'ennuyer, au milieu de tous ces coussins. Je devais absolument trouver quelque chose à faire. Je fis en sorte que notre cabane soit encore plus douillette, en faisant des murs en coussins un peu plus hauts, un sol un peu plus confortable, et je pliai soigneusement les couvertures, pour que cela donne l'impression que  notre coin était ordré et propre. Mais là aussi, l'ennui me rattrapa vite, je devais sortir de là et aller chercher une occupation.

-Alex, je vais aller chercher quelques vêtements, pour une fois que le prix n'est pas un problème! Alors, tu viens avec moi?

-Oh non, j'en ai marre de ton addiction au shopping! J'ai pas que ça à faire ici, quand même!

-Mais t'avais dit qu'on devait toujours rester ensemble, et là, tu veux lâchement m'abandonner? m'indignai-je.

-Mais tu vois bien qu'il y a vraiment rien à craindre ici. Il y a personne, on est seuls, je vois pas pourquoi je devrais t'accompagner pour que t'ailles chercher tes habits! me dit-il, d'un air blasé.

-Ouais bah s'il m'arrive quelque chose, tu t'en voudras! Bref, j'ai compris, j'y vais seule!

Et c'est énervée, que je me dirigeai seule vers le rayon d'habillement.

Une très mauvaise idée.

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Voilà, troisième chapitre! :D j'espère que mon histoire vous plait, en tout cas j'étais morte de rire en lisant vos hypothèse sur ce qu'il y avait dans le carton xD bref, je vous ai bien psychopathisés! :p

Voilà! Pleins de bisous tous doux à vous mes petits! °3°

-Emma~

Fashion VictimOù les histoires vivent. Découvrez maintenant