4. Imagination effrayante

13.1K 1.1K 357
                                    

Je traversai rapidement le rayon des jouets pour enfants, puis j'arrivai dans celui des vêtements. Je crus bien que j'avais trouvé le paradis; pulls, jupes, pantalons, T-shirts, robes, tout semblait être rangé méthodiquement pour que j'aie envie de me jeter sur les étalages et de tout prendre avec moi. Mais je dus me contenir malgré moi, et marcher tranquillement entre ces vêtements pour ne pas rater le moindre habit susceptible de me faire craquer.

Mais alors que j'avais repéré un magnifique haut, et que je me dirigeais dans sa direction, je me heurtai à une personne. Prise de panique, je sursautai violemment et courus m'enfouir dans un bac rempli de vêtements soldés. Dans mon vol plané, je me cognai brutalement le tibia, ce qui me fit lâcher un petit cri aigu. Je mis instinctivement ma main devant la bouche, comme si la personne ne m'avait pas vue. J'étais vraiment stupide parfois.

Angoissée, de voir soudainement apparaître un tueur sanguinaire, je restai dans ce récipient en plastique deux bonnes minutes, durant lesquelles je retins ma respiration. Mon coeur battait à tout rompre et je me voyais déjà finir comme les cadavres dans la chambre froide. Et Alex? Que deviendrait-il? Se ferait-il étrangler lui aussi? Ou maltraité? Cette idée me fit froide dans le dos. Je commençai à avoir des sueurs froides.

Je passai donc ces deux minutes ainsi, à voir défiler le film de ma vie. Mais ma peur retomba peu à peu, et, n'entendant rien d'anormal, je décidai de sortir de ma cachette, sur mes gardes tout de même. Mais, lorsque je vis la raison de ma crise de panique, j'éclatai de rire; j'étais simplement entrée en collision avec un mannequin. Un bête mannequin blanc, qui servait à présenter une tenue. Je pleurais de rire, tant je me sentais ridicule. Il me fallut au moins cinq minutes avant que je reprenne mes esprits. Heureusement pour moi, Alex ne m'entendit pas.

Bien décidée à ne pas perdre plus de temps comme ça, je me dirigeai vers ce haut que j'avais remarqué. Il était si beau, avec sa magnifique couleur turquoise, que je l'empoignai, sans même prendre le temps de passer en cabine d'essayage. Je continuai mon chemin, et aperçu rapidement un beau chemisier blanc fluide, qui s'accorderait parfaitement avec le legging noir que je possédais chez moi. D'ailleurs, le mien était troué au niveau de la cheville, me semblait-il, alors autant profiter de le remplacer maintenant!

J'en vis rapidement un, qui était orné d'une discrète fermeture éclair dorée. Mais il me sembla plutôt petit, alors je décidai d'aller l'essayer, pour être sûre de ne pas me tromper de taille. Mais alors que je m'orientais vers la cabine, je fus surprise de la position qu'avait le mannequin, auquel je m'étais heurtée. Non, je n'avais pas rêvé, il avait une main sur la hanche. Alors comment se faisait-il qu'il ait les bras ballants maintenant? N'était-ce pas le même? Probablement, vu qu'il y avait tout de même cinq mannequins à l'entrée du rayon. Mais malgré cette possibilité, cela me semblait plutôt étrange. Je ne devenais tout de même pas folle!

Le stress commençait à monter. J'avais l'impression de devenir totalement paranoïaque depuis que je me trouvais enfermée dans ce magasin. Pourtant, le taux de probabilité pour que le mannequin ait bougé de position était bien bas. Non, non, je devais me résonner, et arrêter de me faire des idées pareilles!

Je pris une grande inspiration et m'engouffrai dans la cabine d'essayage, en tentant de ne plus penser à cette bizarrerie. Le legging m'allait parfaitement, alors que décidai de l'emporter, lui aussi. Mais mon shopping n'était de loin pas fini! Je partis donc à la recherche de jeans et de pulls. Je trouvai plusieurs slims, allant du noir au bleu électrique, en passant par le rose pastel, et deux pulls plutôt chics.

Je ne pris pas le temps de tous les essayer, alors je décidai de retourner à la cabane et d'aller rechercher des habits demain, pour pouvoir m'occuper un peu. En passant à côté du mannequin, j'eus des frissons, et l'affreuse impression qu'il m'observait, de ses yeux blancs inexpressifs. Je tentai de me calmer, de me faire une raison, mais rien à faire; je ne pus pas supporter ce sentiment plus longtemps.

Alors, comme une débile profonde, je me mis à courir hors de ce rayon, mais surtout le plus loin possible de ce mannequin. Mais la fatigue me rattrapa vite, m'obligeant à continuer mon court chemin à pied. Comme à mon aller, je repassai par le rayon des jouets, qui me parut démesurément grand pour le coup, comparé à celui des vêtements. L'affreuse idée que ce mannequin puisse se cacher ici m'effleura l'esprit. Pourquoi pas d'ailleurs? Il y a tellement de jouets ici, que se dissimuler là-dedans ne serait pas un problème. Oh non, mais pourquoi étais-je toujours obligée de penser à ce genre de choses?! Comme si je n'étais pas assez apeurée comme ça!

Je me mis marcher d'un pas plus rapide, pour sortir au plus vite de ce rayon coloré, pourtant si effrayant. Mais alors que j'allai enfin le quitter, je sentis une main froide m'attraper le bras.

Fashion VictimWhere stories live. Discover now