18: rumeurs

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Vingt-deux heures cinquante, assise sur une chaise devant la salle de classe servant de "salle des animateurs" extrêmement dérangée où tout objet est introuvable

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Vingt-deux heures cinquante, assise sur une chaise devant la salle de classe servant de "salle des animateurs" extrêmement dérangée où tout objet est introuvable. Je suis à côté de Zélie. Elle ne semble pas bien du tout, enfin comme moi. Ces sourires ne sont plus sur nos visages et j'ai l'impression qu'il y a un mur en nous. Je m'en veux, je m'en veux tellement de lui avoir proposé : je l'ai entraînée dans une merde pas possible.

A chaque fois que nos regards se croisent, elle m'esquive en tournant la tête, préférant fixer un mur plutôt que Danaé Meyer. Ce qui est plutôt compréhensible. J'ai la gorge nouée et je saigne à nouveau aux doigts. L'angoisse a bien détruit ma main : autour de chaque ongle se trouve de la peau déchirée et massacrée. Mes ongles sont biens mais ma main droite est rougeâtre. Quelle idée de frapper sur une table. J'ai mal, sauf que je préfère souffrir en silence plutôt qu'embêter Zélie.

J'ai été si méchante avec elle durant le début de cette colo. Je n'ai jamais cherché à la comprendre. En réalité, je me suis servie d'elle. Elle n'avait rien cherché. C'est moi qui suis venue à elle, c'est moi qui la voyais toujours en mal et c'est ma faute. J'ai jugé trop rapidement.

Je regarde par terre mes baskets noires : celles avec qui je courais il y a vingt minutes. Malgré l'envie de m'enfuir pendant la réunion des animateurs, je ne bouge pas. Je garde mes fesses collées à ce siège. Je n'avais pas réellement réfléchi aux conséquences. Tout me paraissait si normal dans ma tête.

Je vois alors Abel, surpris, arrivant vers nous. J'ai tellement honte. S'il te plaît, pars.

- Danaé ? Tu foutais quoi ? Y'a des rumeurs dans toute la colonie. Je ne sais plus discerner le vrai du faux.

Je regarde Zélie qui ne réagit même pas. Il ne manquait plus que ça : une rumeur. Le genre de chose inutile et stupide qui te détruit alors que tu n'as rien cherché. De bouche à oreille, elles déforment la réalité avec un malin plaisir.

- Que disait ces rumeurs ?

- Déjà que vous vous embrassiez dans la cour du lycée, Zélie et toi. Une autre : Danaé a fait un malaise et Zélie est venue te sauver. Ah et aussi que vous vouliez vous enfuir d'ici.

En l'espace de vingt minutes, les adolescents ne se sont pas empêchés de raconter n'importe quoi. J'ai de plus en plus honte : des tas de personnes doivent être en train de se moquer de moi à l'heure actuelle.

- C'est faux, tenté-je pour stopper les rumeurs.

- C'est pas à moi de dire ça. Moi je sais très bien que tu as fait un malaise. Tu n'avais pas l'air bien et ça faisait longtemps que tu étais partie donc j'ai demandé aux animateurs de te chercher.

C'était donc lui. S'il n'avait pas été là, j'aurais pu m'enfuir. Peut-être qu'il voulait bien faire mais il a ruiné toutes mes chances. J'ai envie de lui crier dessus, de défouler ma haine contre lui et de ne surtout plus jamais lui parler. Malgré toute la haine que j'ai dans mon cœur, je reste calme devant lui.

DÉTOXOnde as histórias ganham vida. Descobre agora