15: telle une larve

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On a eu l'honneur de manger nos propres plats qui n'étaient pas si exceptionnels que ça

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On a eu l'honneur de manger nos propres plats qui n'étaient pas si exceptionnels que ça.

Je suis terriblement soulagée de pouvoir enfin sortir de cette pièce, de ce tas de personne et de retrouver ma zone de confort : parler à Zélie a été éprouvant.

Je ne savais pas quoi faire : lui reprocher son comportement et partir ou jouer l'hypocrite avec elle. J'ai visiblement choisi la seconde option. Et bien que j'aie été gentille avec elle, Zélie ne sera jamais mon amie.

En ouvrant les portes du hall, j'ai l'impression de pouvoir enfin être moi-même et ne pas être crispée comme durant ces quelques minutes. Il fait beau, le soleil brille, l'herbe est verdoyante, on entend les oiseaux chanter et c'est l'une des premières fois depuis bien longtemps que je veux sortir. Pas étonnant quand on se retrouve dans un endroit pareil.

- Danaé, j'entends quand je suis enfin dehors.

Je me retourne brutalement, me demandant qui va me couper encore du peu de bien-être que j'ai. Je dois faire une tête des plus exaspérées quand je vois la fille de mon lycée se diriger vers moi. Non, je ne veux pas qu'elle me parle. J'aurai dû rester dans ma zone de confort et ne pas lui adresser la parole. J'ai attiré la tempête Zélie.

- Salut, je réponds froidement.

Elle sourit à pleine dent, passant ses cheveux noirs derrières ses oreilles. Elle porte une pince d'oreille en forme de fleur et un rouge à lèvres écarlate qu'elle a sûrement mis après le repas. Elle a la motivation de se faire belle dans un camp de vacances que tout le monde oubliera.

Zélie est si différente de celle du lycée. En fait elle semble plus humaine. Mais si je lui accorde de l'attention maintenant, que ce passera-t-il une fois les vacances terminées ?

- Euh... tu vas bien ?

- Comme tous les gens de la colo.

Elle n'ose même plus me regarder dans les yeux. J'ai vraiment l'impression d'être cruelle, d'être une petite peste égoïste. Elle se tient les deux mains vers en fixant le sol.

- Je sais que ce n'est pas cool ce que j'ai fait au lycée...

- Oui, Zélie, moi aussi je le sais.

- Et aussi par rapport à ce que tu m'as proposé.

La fuite, la séance de photographie mais surtout le cliché me reviennent en tête. Je n'ai même pas été fichu de trouver ce papier : il pourrait être n'importe où. Il faut que j'improvise, qu'elle oublie cette idée, que je retrouve cette photo et que je la détruise.

Elle sort soudainement une photo de sa poche, ce qui ne fait qu'augmenter mon inquiétude. Est-ce celle de ma chambre ? Mon cœur bat de plus en plus vite, mais bordel, qu'elle parle. Elle me la montre enfin à mon plus grand bonheur.

- Je suis ridicule là-dessus, mais au moins j'espère être la seule à avoir vu cette photo de merde avant toi.

Ce n'est pas la même que celle que j'ai volée. Qu'est-ce que j'ai été bête, deux clichés d'elle ont été imprimés et je n'ai même pas cherché à vérifier. L'une rôde je ne sais où dans la colonie.

DÉTOXOù les histoires vivent. Découvrez maintenant