Chapitre 30: Un funeste présage - Partie I

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Il avait beau se débattre, il ne put empêcher la pose du collier. À l'instant où le ruban toucha sa peau, la douleur apparut. De son cou, elle se propagea à son crâne, puis à l'ensemble de son corps. Il bascula et tomba en arrière. Les secondes furent des heures, des jours, des mois. Lorsque sa vision s'éclaircit. Sa tête traînait au sol, dans la poussière. 

Voilà une place qui te correspond bien.

Cette voix... Malgré la douleur, il la reconnaissait. Il tourna le visage dans sa direction. S'il avait pu bouger, il se serait écarté de stupeur. L'individu s'accroupit pour lui agripper les cheveux puis le tira vers lui afin de le forcer à croiser son regard. Un regard semblable au sien. En tout point. Comme son visage, son corps, sa posture. Il prit conscience de l'horreur que cela signifiait. Non, ce n'était pas possible. Le sortilège avait meurtri sa raison. Son double sourit cyniquement :

Tu ne rêves pas. Sache que c'est le dernier endroit que tu verras avant ta mort. Personne ne te cherchera. Personne ne remarquera ton absence. Tu seras ignoré et oublié. Et pendant ce temps, un par un, tes gentils amis mourront. Quant à toi, tu resteras ici. Isolé et rêvant que l'on achève les souffrances délicieusement atroces qui t'accableront jour et nuit.

Il lâcha ses cheveux. Sa tête retomba au sol. L'homme lui jeta un regard narquois puis lui tourna le dos. Son captif gronda :

Reviens !

Son double l'ignora puis quitta la cellule qui fut remplie des cris de rage, de frustration et de douleur de celui qu'il avait emprisonné.

                                                                      ***

– J'ai l'impression que l'on se trouve dans les souterrains, dit Adam après avoir ouvert la porte avec difficulté. Elliot avait dû l'aider pour la dégager.

Ce dernier ronchonna :

– L'endroit que j'aime le moins à Camelot. C'est un vrai labyrinthe !

– Qui a l'avantage de couvrir toute la cité, ajouta Merlin d'une voix douce. Si nous prenons le bon chemin, nous atteindrons le donjon en un rien de temps. Pour ma part, je ne connais pas très bien ces tunnels. Heureusement, Arth... Will a participé à sa conception. Il peut s'y déplacer les yeux fermés.

Will se taisait, perdu dans ses pensées. Il finit par avouer à contrecœur :

– Cela fait longtemps. J'ai bien peur d'avoir quelques trous de mémoire.

Adam lui parla avec un sourire timide :

– Galaad s'égarait à chaque fois. Que ce soit pour rejoindre la ville inférieure ou ses appartements, il se retrouvait toujours à l'opposé. Il m'a un jour confié qu'il avait marqué les pierres pour se repérer.

Ses yeux devinrent mélancoliques :

– Il nous suffit de trouver au moins l'une de ces marques.

– Gabriel devrait y parvenir sans problème, dit Will.

Merlin intervint :

– Pas besoin de le solliciter, si Galaad les a gravées, elles devraient être facilement visibles.

Elliot confirma ses dires :

– Tu as raison, j'en vois une. Là-bas !

C'était un petit cercle taillé grossièrement sur l'une des briques, à hauteur du visage de Selena. Cela pouvait paraître pour un défaut naturel de la pierre, mais en cherchant bien, ils pouvaient retrouver ce même cercle à chaque croisement. Et ce ne fut pas le seul. Les héritiers trouvèrent d'autres marques par hasard sur le chemin, une en forme de croix, et une qui représentait un trait vertical. Ils ne savaient pas où menaient ces symboles, mais au moins, ils étaient sûrs d'arriver quelque part. Ces indications étaient bien pratiques. Selena devait avouer que sans elles, il aurait été difficile de sortir d'ici. Ils montaient ou descendaient parfois de hautes marches d'escalier et le couloir pouvait se resserrer, mais dans l'ensemble, ces tunnels se ressemblaient comme deux gouttes d'eau. À quoi pouvaient bien servir ces souterrains si tout le monde s'y perdait ? Elle posa sa question à voix haute.

Le Sidh - Les héritiersWo Geschichten leben. Entdecke jetzt