Chapitre 31 : Le porteur d'Excalibur - Partie III

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Selena déglutit en se remémorant la rencontre fortuite avec cet individu aux yeux globuleux. Ce fou furieux l'avait agressée sans raison en la reniflant comme un chien. Cette fois, il pouvait bien essayer, il allait beaucoup moins apprécier l'odeur qu'elle dégageait.

– Mon nez ne m'avait pas trompé. Ton odeur est toujours aussi appétissante. Je dirais même plus.

Une vague de frisson balaya son corps. Pourquoi attirait-elle les plus effrayants ? L'homme et la bête avancèrent. D'une main tremblante, Selena pointa la dague dans leur direction :

– Ne t'approche pas.

Cette mise en garde, aussi terrifiante que celle d'un bambin armé d'un hochet, avait eu au moins le mérite de lui redonner un peu de courage. Si elle le suppliait intérieurement pour qu'il demeure le plus loin possible, elle voulait surtout éviter d'utiliser son arme. Malgré tout le dégoût qu'elle éprouvait envers cet individu, elle restait réticente à blesser un humain. Il se moqua :

– On veut jouer au chevalier ? Très bien. Ce sera plus amusant comme ça.

Selena recula de quelques pas, jusqu'à rencontrer la première marche. Une idée germa aussitôt dans son esprit :

– Oh pardon. C'est toi qui parlais ? J'ai du mal à te différencier de ton animal de compagnie. Il est aussi moche que toi.

Elle avait toute son attention. Il fallait maintenant qu'elle l'énerve. Et qu'il l'attaque sans réfléchir. Ou mieux, que l'uros se jette sur elle. C'était une idée folle et sacrément dangereuse, mais c'était le seul moyen pour qu'elle s'en sorte sans perdre une jambe ou deux. Selena recula de quelques pas, montant un à un les escaliers :

– Et pitié, articule quand tu parles. Les grognements qui sortent de ta bouche rendent encore plus difficile la distinction entre vous deux.

Grâce à Léo, Robin, Marie et ses amis de Paris, les joutes verbales étaient l'un de ses points forts. Les mots affluaient sans peine. Pour l'instant, cela marchait. L'horrible sourire qui n'avait pas quitté le visage de son agresseur se transformait peu à peu en un affreux rictus. Il rétorqua :

– Tu feras moins la maligne lorsqu'il t'aura arraché un bras. Rien de très mortel, ne t'en fais pas. J'ai toujours des questions à te poser avant.

Bon sang. Quel psychopathe. Selena recula petit à petit vers le dôme, en se forçant à conserver une voix claire :

– Je ne suis pas sûre qu'il en soit capable. Tu dois connaître le dicton, non ? Tel maître, tel chien. Au vu de la ressemblance physique, je suis convaincue que votre intelligence est au même niveau. Il semble aussi débile que toi.

Les tremblements de sa voix furent presque inaudibles. Ouf. Le visage de l'homme fut traversé par un éclair de colère. Il cracha à l'uros :

Attaque l'enfant !

Le monstre galopa vers elle. C'était le moment. Lorsqu'il sauta sur elle, Selena se baissa. Que ce soit dû à la chance ou à ses super réflexes, cela marcha. L'uros percuta le champ de force. Un claquement résonna, suivi d'un jappement de douleur. L'animal fut aussitôt projeté avec un horrible craquement d'os. Il s'écrasa au fond de la pièce, tel un pantin. La bête ne bougeait plus. Elle gisait, morte.

Encore accroupie, et aussi stupéfaite que son agresseur, Selena regardait le cadavre. Le dôme avait été particulièrement violent. Ce qu'avait subi Elliot était une caresse, comparé au sort réservé à l'uros. Mais il ne fallait pas se laisser distraire. Son dresseur s'était courbé, en proie à une étrange douleur. Jouant sur la surprise, Selena s'élança. Elle mit de côté la peine ressentie en ayant entendu le cri de l'animal, la réticence à blesser cet homme, la terreur de devoir ôter une vie. Avec un peu de chance, elle arriverait à le neutraliser sans le toucher sérieusement.

Le Sidh - Les héritiersWhere stories live. Discover now