On se retrouvera toujours | Jily

Chapitre 22

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Lily restait debout, au milieu de la pièce, au chevet de sa fille, immobile.

Finalement, c'est au bout de longues minutes qu'un médicomage étaient venu la voir, l'autorisant à voir Jade, seule, pour le moment. Marlène et Charlize étaient rentrées chez elles, s'excusant mille fois auprès de Lily, qui avait même esquissé un sourire - faux, certes - à ses amies pour les rassurer et leur assurer qu'elle allait s'en sortir, c'était déjà adorable d'avoir passé la journée dans ce couloir, à attendre en vain une bonne nouvelle, une vraie.

Elle était donc rentrée seule dans la pièce. Jade était allongée dans un petit lit, reliée à tout un tas de machines moldues -la magie ne faisait pas tout- qui la tenait en vie. Lily savait, elle n'était pas stupide, que le temps avant qu'elle ne se réveille serait sûrement long, mais elle avait quand même osé espérer que sa présence change quelque chose à l'état de Jade, en vain. Lily avait observé sa fille, lui avait prit sa petite main de bébé dans la sienne, pâle et tremblante. Et elle était resté là, toujours debout, ne sachant elle même pas comment elle réussissait à tenir encore sur ses jambes.

Des minutes, voire des heures, durant, elle n'avait bougé. Elle écoutait le son de la respiration artificielle mélangé à celui des machines, berçait au son des souvenirs qui défilaient dans sa tête, lui arrachant un très léger sourire de temps à autres.

Sa naissance, le 15 février 1982, la première fois qu'elle avait posé ses yeux sur Jade, et même si cela n'avait duré que quelques secondes, Lily s'en souviendrait toute sa vie. Et puis il y avait eu le difficile retour à la maison, seule avec un nourrisson de quelques jours, les premières angoisses avec Jade, les premières nuits désastreuses et puis les autres tout aussi épuisantes, mais surtout les premiers moment. Tous ces moments qui redonnaient chaque jour le sourire à Lily, les premiers sourires qui la réveillaient le matin, tout. Le premier Noël et son premier anniversaire, près d'un mois et demi auparavant, avant que tout ce semblant d'équilibre ne bascule.

Perdue dans ses pensées, Lily n'avait pas entendue Victoire rentrer. Cette dernière rejoignit sa meilleure amie près du petit lit de Jade. Voir sa filleule dans cette état la faisait souffrir, mais ne devait pas flancher.

- Lily ? Ca va ?

Elle ne s'était pas rendue compte que cette masse de souvenirs avaient fait coulé quelques larmes, et les essuya dès qu'elle le remarqua.

- tu sais, reprit Victoire, je pense que James a besoin de la voir.

Le silence qui caractérisait tant Lily dans ces moments où elle n'allait pas bien continuait de persister.

- Lily, tu le connais mieux que moi. Laisse-le entrer, s'il te plait.
- je ne lui ai jamais interdit.
- je sais, mais il attend que tu acceptes. Il ne le fera pas de lui-même et tu le sais, il a trop peur.
- je sais.
- Alice devrait arriver dès qu'elle sort du boulot, elle ne pouvait pas venir avant, et il faudrait aussi que j'y aille, il est tard, il est déjà 18 heure, et je ne pourrais pas rester dormir, mais je ne veux pas te laisser toute seule.
- Vic, arrête de t'inquiéter, vas te reposer tu en as besoin, et de toute façon je te tiens au courant si jamais. Tu mérite de dormir un peu, alors vas, je vais m'en sortir. Et puis Alice restera sûrement un peu.
- t'es sûre ? James restera aussi de toute façon.

Lily n'arrivait pas à se dire que c'était une bonne nouvelle, bien au contraire, elle aurait bien aimé être seule, sans personne pour lui dire de dormir, sans personne pour lui dire quoi faire et quand, sans personne pour lui parler. Tout ce qu'elle voulait, c'était être seule.

- non, arrêtez de vous en faire pour moi, ça va aller, je te jure, je n'ai pas besoin de James.
- mais lui a besoin de toi.
- ce n'est pas mon problème.
- ça ne s'est pas arrangé ce matin quand vous avez discuté ? On pas eu le temps d'en parler...
- si, on va essayer de faire des efforts, et on avait dit qu'il pourrait venir voir Jade chez moi dès qu'il le voulait. c'était bien parti, mais j'ai pas envie de faire des efforts, pas maintenant.