JAS126 Habeas Requiem

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À ma grand-mère

Étant trop jeune alors, j'écris sept ans plus tard
La douleur qui m'étreint en contemplant les cieux,
Injuste souvenir de ce jour odieux,
Mémoire malheureuse d'un funeste soir.

L'empreinte que tu laisses dans le cœur de ceux
Qui t'ont connue jadis, y restera gravée.
Chaque jour, chaque instant, tu nous as faits rêver.
Puisses tu maintenant siéger auprès de Dieu.

Influence majeure de ma prime enfance,
Avant de m'endormir, j'écoutais tes histoires
Venues d'un autre temps. Tu m'as offert la chance
De marcher avec toi sur les bords de la Loire.

Souvent, tu m'emmenais jouer dans la forêt
Où je faisais semblant de pourchasser un lièvre.
Et tu me regardais, caché dans les fourrés,
Un sourire léger dessiné sur tes lèvres.

Ange venue du Ciel, tu nous quittas trop tôt.
Ecrire cette nuit la douleur de ta perte
Dans la chair déchirée de mon âme déserte
Ré-ouvre la blessure et remue le couteau.

Bien sûr, j'aurais voulu grandir à tes côtés
Découvrir avec toi la beauté des Nuages
Te voir dans le public avant que de chanter
Et passer avec toi le reste de mon âge.

En écrivant ces vers, j'ai onze ans à nouveau
Je revis ces instants gravés dans ma mémoire :
Tu venais au jardin pousser ma balançoire
D'où je pensais pouvoir rejoindre les oiseaux.

Ton âme est toujours là, emportée par le Vent,
J'entends parfois ta voix dans le chant de la Mer.
Elevant le regard, je retrouve souvent,
Dessinés dans les cieux, les traits de ma grand mère.

Habeas Requiem, toi qui n'es plus ici
Puisses tu être heureuse, là haut, dans le ciel.
En mon sein brillera toujours ton étincelle ;
Tu m'as tant apporté, du fond du cœur : « Merci ».

Julia Anya Strauss

Carmen AnyaeWhere stories live. Discover now