Louis

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Elle s'est assise sur un canon en fonte, les pieds suspendus dans le vide. L'air de rien, elle regarde la mer. Parfois, sur son visage, se reflètent les lumières des bouées cardinales. Le jaune, le rouge, le vert. Tout lui va.

On n'a pas dit grand-chose, depuis qu'on a quitté l'appartement. Elle voulait juste se dégourdir les jambes, je crois. Ça me va. Je ne suis pas un grand bavard, je ne suis pas très curieux, même si parfois, je brûle de savoir.

« Qu'est-ce que tu feras, quand tu rentreras à Oxford ? elle me demande, tout à coup.

- Etudier, je lui réponds. Avec Dean, on va chercher un appartement sur le campus.

- Même quand tu auras fini ton master ?

- Y a un prof qui veut que je fasse un doctorat.

- Ah. T'es bon élève. »

J'hausse les épaules.

« Tu veux faire quoi, plus tard ? elle poursuit. »

Zelda ne me regarde pas. J'aimerai bien qu'elle le fasse. Qu'elle me découvre comme j'ai l'impression de le faire à chaque fois.

« Je voudrais être professeur, je réponds. Et chercheur. Je voudrais enseigner à Oxford.

- Tu aimes bien ce coin ?

- J'adore. »

Elle tourne enfin son visage rond vers moi. Ses yeux sont sombres. Ils le sont encore plus, dans la nuit noire.

« Et toi, tu veux faire quoi plus tard ?

- Je vais créer des jeux-vidéos avec Isis. On va raconter des histoires. Et les joueurs, ils auront le choix.

- J'ai jamais joué aux jeux vidéo, je crois, je lui avoue. »

Elle me sourit.

« La prochaine fois que tu viens, on fera une partie.

- Je te prends aux mots. »

.

Je me suis assis à côté d'elle, sur un créneau en pierre brune du rempart. Elle s'est assoupie. Ou alors, elle veut juste profiter de la mer en paix. J'voudrais bien m'y noyer, moi aussi. Mais mon regard est trop occupé à parcourir les étoiles. Quand j'étais petit, ma sœur m'amenait ici, à la tombée de la nuit. On comptait les astres et le premier à trouver la grand ourse pouvait manger une glace.

La tête de Zelda tombe doucement sur mon épaule, je l'entends respirer. C'est long, c'est calme. J'ai envie de la réveiller et de l'embrasser. C'est une envie précipité, sûrement un pas sur le côté. Donc je me retiens.

J'ai passé ma vie à me retenir. A laisser passer les opportunités. Parce que j'ai toujours cru qu'il y en aurait une autre. Mais une Zelda, il n'y en aura pas d'autres.

Donc, la prochaine fois qu'on sera là, je ne la raterai pas.

La prochaine fois, je l'embrasserai.

Mamicha, bujo et pétuniasTempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang