Elle était là, sous la pluie
les gouttes roulant lentement sur la toile au dessus d'elle
Elle les comptait pour ne plus sentir ses larmes s'écouler doucement
Ne plus sentir son monde s'écrouler doucement
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Ne plus penser, surtout, ne plus penser
Pour panser ces blessures béantes que le passé a laissé
Pour chasser les souvenirs, chasser le temps
Qui s'affole et tourbillonne et batifole et tournoie et puis soudain
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Cette enfant devant elle se pourrait-il que...
Enfanté par une mémoire déjà trouble un fantôme, pourtant
Ses cheveux clairs, une mer, une cascade qui s'envole en saccades
Elle le sait elle le sent elle supplie malgré les gouttes de pluie
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Pour un instant, un instant si tentant
Son instinct peut-être, un cri lancinant
Elle tombe à genoux arrête la tempête
Gênée ? Tant pis, son sourire pâle sur sa figure oragée
Dernier signe d'une rage au passé
Bonjour, une voix sur le visage ombragé
Elle voudrait mieux le distinguer, elle se voit tanguer
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Deux, trois, cinq fois ? Elle a arrêté de compter
Plus rien ne compte, l'horloge est cassée
Dans sa gorge le cri s'est brisé, le verre abîmé
La coupe et la déchire, mais son rire
Ne s'éteint par pour autant, au moins pour un temps
Elle rit mais son esprit reste éteint, soufflée
La flamme de la bougie qui la faisait avancer
Plus de force pour bouger, et cette enfant qui la condamne
Semble lui demander de la protéger
Mendier un prodige que seul un miracle pourrait lui accorder
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Vingt-sept ? Ne serait-ce pas sa tête
Qui déraille, qui se chamaille
Avec une raison qui la tenaille, mais trop de mailles
Ont brouillé les saisons, ont brouillé l'arrêt songeur
De cette pluie aux mille saveurs
Milieu suave et tentateur
L'enfant est toujours là ?
Mais cette enfant c'est moi, ces mois d'hiver où la pluie frappait le pavé
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Et si elle savait, ce qui allait arriver, aurait-elle lavé ces pavés ?
Pour effacer les traces, effacer le sang traversé
De tous ses regrets qui la transpercent
J'aurais tant voulu te sauver
Tenir ta main recroquevillée, te dire tous ces imbécilités
De croquer la ville, croquer la coquille
Pour en sortir avant qu'elle ne soit vide, qu'elle ne s'emplisse
D'un sable complice, un sable qui crisse au gré du vent
Et qui laisse sur ta peau comme les gouttes noires
Un mot qui te noie et te renvoie
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A cette enfant, à ce moment, à cette tempête et ce temps que tu aurais voulu arrêter
Avant qu'il ne t'ait finalement rattrapée
Trop tard,
Murmure l'enfant
Trop tard,
Chuchote le vent
Trop tard,
Tu cries dans la nuit qui t'engloutit
Dans les sanglots qui bercent ta mélancolie
Étouffent cette enfant, étoffent ton deuil
Et ce trou béant qui t'accueille bouche bée
C'est celui que dans mon coeur tu as creusé
Le portail vert délavé s'efface puis laisse place
A tes yeux desséchés de larmes anthracites
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Est-ce la pluie ou ses larmes, son cri ou ses armes
Qu'elle dépose à genoux sur le sol, assomée
L'eau a tout effacé, et sur sa face plus rien d'autre
Que son nez légèrement retroussé, elle tousse
Elle sera malade - encore
Comme à chaque fois, semble lui reprocher son corps
Comme à chaque fois, lui rappelle les gouttes maintenant espacées
Cette fois est passée, une voix légère dans le vent, amère
Le futur t'attend, le passé n'est qu'un amant
Aimant qui t'attire et te tire
Au fond, elle le sait déjà, elle le sait mille fois
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Rentre chez toi.
