ESTERRA (En cours - V1)

#5 ~ Départ

Konrad referma la porte derrière lui. Un peu plus loin dans la rue, le sergent l'attendait accompagné de cinq autres soldats, tous à cheval. L'un d'eux tenait par la bride un étalon noir sellé mais sans cavalier, et l'officier invita le jeune Roi à monter dessus. « Mettons-nous en route sans plus attendre » lança-t-il. Deux cavaliers prirent les devants afin de fendre la foule en deux et permettre un meilleur passage pour la suite de l'escorte et Konrad, qui avait un peu de mal à maîtriser sa monture mais qui avançait malgré tout. Quelques rues plus tard, il se sentit plus à l'aise et se mit au niveau du sergent.

« Il serait peut-être temps de m'en dire un peu plus sur le programme, sergent...

- Sergent Vainov, pour vous servir. Si nous continuons à cette allure, nous serons sortis de la ville d'ici une dizaine de minutes et nous rejoindrons la véritable escorte, dont nous ne sommes qu'un détachement, qui nous attend en banlieue. Nous nous dirigerons alors sans plus tarder vers Hasaro que nous devrions atteindre en un peu plus de deux jours et deux nuits. Nous ne nous arrêterons que pour les repas et chevaucherons de nuit, mais plusieurs caravanes sont prévues pour que vous vous y reposiez et ne soyez pas obligé de cavaler sans relâche.

- Parfait, répondit-il. Et à part ça vous avez des précisions à propos de ... mon père ? »

Le sergent chercha ses mots quelques instants et eut un air triste. « Tout d'abord, mes condoléances. C'était un Roi bienveillant et intelligent, qui n'a évidemment pas régné assez longtemps. Les circonstances de sa mort me sont floues, moi et mon escorte étant partis immédiatement vous chercher. Cependant, il semblerait qu'il ait été victime d'un assassinat alors qu'il se rendait à Nhydre, où le mouvement indépendantiste a pris de l'ampleur ces derniers temps. Il était sur place pour tenter de calmer la révolte et parlementer avec certains indépendantistes modérés. Moi et les hommes qui m'accompagnent faisions partie de son arrière-garde, mais nous n'avons cependant rien vu du drame. L'Amiral nous a simplement envoyé dans la précipitation, nous donnant comme seuls renseignements que le Roi a été assassiné et qu'il fallait de toute urgence venir vous ramener en Aldrénie afin de procéder à votre couronnement. Nous avons cavalé sans relâche depuis une semaine, et nous cavalerons encore jusqu'à ce que vous soyez à Hasaro.

- Quel mouvement indépendantiste ? Je n'en ai jamais entendu parler.

- C'est très récent, répondit Vainov, un an et demi tout au plus. Evidemment les comtés de Nhydre, de Westin et d'Artis ont toujours eu un statut particulier dans le royaume et leurs habitants se sentent davantage appartenir à leur région qu'à l'Aldrénie. Mais il semblerait que des idées nouvelles soient apparues, proposant une indépendance totale ; certains sont raisonnables et souhaitent discuter avec la couronne, mais la plupart sont violents et l'assassinat du Roi n'est pas leur premier attentat. Je suppose que la perspective d'une guerre de sécession sous votre règne ne vous réjouit guère, mais elle est sûrement déjà déclarée à l'heure où je vous parles.

- Alors nous y ferons face et nous ferons de ces trois comtés la région la plus docile du royaume, de gré ou de force » répondit Konrad, déterminé. « En temps normal j'aurais certainement parlementé et cherché un compromis, mais après le meurtre de mon père, il est impossible d'être clément envers ces rebelles. Nous les écraserons.

- Je partage votre avis, Majesté. Et je pense que le parlement et le peuple l'accueilleront de la même façon. »

Konrad fit ralentir son cheval et laissa le sergent partir plus en avant. Il prit conscience que ses dernières paroles constituaient sa première résolution en tant que Roi, et qu'elle n'était pas vraiment en accord avec ses principes ; lui qui était patriote et pacifiste, il venait de décider d'une guerre sans merci à son propre peuple qui se rebellait. Cela occupa ses pensées alors qu'il traversait les rues de Paxet Sapeira – rues qu'il aimait tant mais qu'il ne reverrait sûrement plus avant longtemps – mais même en y réfléchissant bien, il ne voyait aucune autre option. Il ne pouvait pas laisser une région entière se séparer de son royaume, et après l'assassinat de son père, il était définitivement impossible d'entamer de quelconques négociations avec des terroristes. Si, comme le craignait le sergent, la révolte avait bel et bien débuté, il lui faudra ramener l'ordre par la force.

Konrad et son escorte atteignirent les bords de la ville et le jeune Roi contempla une dernière fois, derrière lui au loin, les immenses tours du centre-ville et le dôme de la cité universitaire, éclairés par la lumière du coucher de soleil.

Les sept cavaliers atteignirent quelques minutes plus tard un campement en périphérie de Paxet Sapeira, dans un terrain vague au bord d'une route. Konrad compta une dizaine de tentes, trois feux de camp, une demi-douzaine de charrettes, et le tout devait héberger un demi-régiment au moins, soit 50 soldats et au moins autant de montures. Vainov, sans même descendre de la sienne, donna le signal du départ et, avec la redoutable efficacité de l'armée Aldrénienne, les tentes furent repliées et les chevaux sellés en à peine quelques instants. Les soldats passaient au trot devant leur Roi en le saluant respectueusement avant de se placer en formation sur la route, dans un modèle bien rodé, certains prêts à ouvrir ou fermer la voie, d'autres protégeant les charrettes, et un dernier groupe en cercle au centre entouraient Konrad. Le sergent s'approcha de lui et chuchota :

« C'est à vous de donner le départ, Majesté. Quand vous voulez. »

Le jeune adulte regarda autour de lui tous ses cavaliers fièrement en position, qui n'attendaient que lui pour pouvoir rentrer chez eux. Cela faisait de nombreux jours qu'ils étaient sur les routes, sans dormir plus d'une nuit sur deux, et tout cela pour un seul homme : leur Roi. Et malgré tout, malgré leur fatigue palpable, ils restaient dignes et dans le regard Konrad voyait une détermination forte ainsi qu'une confiance envers lui qu'il n'avait encore jamais reçu. Il prit conscience que cette armée comptait sur lui autant qu'il dépendait d'elle. Il se redressa sur sa selle et se sentit plus que jamais fier de ses hommes, de son armée Aldrénienne.

« En avant ! » cria-t-il.

Près de trois cents sabots se mirent à claquer le pavé de la route, de plus en plus vite, s'éloignant toujours plus de Paxet Sapeira pour se diriger vers la frontière dans la lueur du crépuscule.

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Voilà voilà, c'est donc la fin de la première partie d'Esterra ! J'espère que ces six chapitres, qui m'ont pris de nombreuses heures en soirée sur trois mois, vous ont plu ; j'ai particulièrement soigné la conception du monde et j'essaie de caractériser les personnages correctement. Alors j'espère qu'Esterra vous a vendu du rêve et que Konrad, Elos et Locarm vous plaisent car ils ne sont qu'au début de l'aventure... Et ces trois-là ne sont eux-mêmes que le commencement d'une histoire que je veux bien plus ambitieuse. 

Prenez absolument trente secondes ou cinq minutes pour me mettre un petit commentaire, que ce soit un simple "j'aime", "j'adore" ou "déso j'accroche pas", je comprends aussi ! Si vous avez noté des points positifs, dites-le (j'ai fais un effort sur le style d'écriture et la poésie des descriptions, dites-moi si ça se ressent et si ça vous plaît!), et si vous avez noté des points négatifs, que ce soit sur le style, le monde ou l'histoire, dites-le absolument ! 

Aussi, si vous avez tout lu d'une traite, je ne peux que vous encourager à revenir sur vos chapitres préférés et voter ; ça prend 10sc et ça aide pour le référencement du livre :D A bientôt pour la partie deux, que je vais essayer de terminer avant mars (dire que mon objectif originel était de terminer mon livre entier, donc les quatre parties, avant 2019... que je suis naïf, c'est mignon). Konrad terminera son voyage, arrivera à Hasaro où il sera couronné et apprendra sur le tas qu'est-ce qu'être Roi d'Aldrénie... Sur ce, Bonne Année 2019, portez-vous bien c'est le plus important, et faites ce qu'il vous fait plaisir ! 

~ Prec, Octobre - Décembre 2018 ~