Acte V

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Je poste tout d'affilée parce que je n'aurais pas le temps pendant les prochains jours ^^

*

Alors que je me traînais tel un zombie courbaturé, Pennas me poussa dehors avec lui pour participer à une bataille de boule de neiges avec tous ses amis.

Je crois avoir déjà mentionné que les gosses avaient tendance à me faire fuir.

C'est donc avec un mélange d'horreur et de satisfaction que j'entrepris de les bombarder férocement. Le pire, c'est qu'ils riaient, ces petits inconscients. J'avais l'impression d'être une vache assaillie d'essaims de mouches. Mais au moins, cela me fit du bien de me défouler sur eux. Je peux même dire que je m'amusais bien.

Après cela, je m'offris un petit tour solitaire dans le village. Je croisai Lùto, mon cher Moustache-Crayon, avec qui je bavardai un petit moment.

— Ah ça oui, bientôt la fin de l'année, lança-t-il à un moment avec un petit rire.

Cette remarque fut comme une torgnole qui me fit réaliser qu'on était le matin du 30 décembre. Un instant, je restai bouche bée, à essayer de comprendre où avait bien pu filer le temps. Le disque rayé avait tourné ces trois derniers jours sans même que je m'en rende compte.

Bon, visiblement ma famille devrait se passer de moi pour le Nouvel An aussi.

Puis Lùto me quitta, et comme une promenade dans un village de dix maisons ne pouvait pas être bien longueur, j'arrivais bientôt en vue de l'église. Pourquoi ne pas aller visiter l'intérieur, tant que j'y étais ? Même si je n'étais pas religieux pour un sou, j'aimais bien l'ambiance de ces édifices.

Il y avait déjà quelqu'un appuyé contre le porche, emmitouflé dans un gros blouson. Je reconnus mon cher et tendre Roän, qui en m'apercevant m'adressa un regard méprisant.

— Qu'est-ce que tu fais encore là, toi ?

Quoi, je le dérangeais ?

— Heu... je venais juste visiter l'église, expliquai-je, mais...

— Non, pas ça, me coupa-t-il d'un air vaguement constipé. Pourquoi tu n'es pas encore parti du village ?

Mais c'était quoi son problème ? Ma gueule lui revenait pas ? Il était jaloux que je lui aie chouré Nìmis ou quoi ?

— Parce qu'il neige trop, fis-je en allant m'abriter sous le proche, tout en veillant à me tenir loin de lui pour ne pas respirer le même air.

— Tu perds du temps, me jeta Roän en me foudroyant du regard. Si tu as vraiment envie de partir, je te conseille de ne plus tarder. Il te reste moins de quarante-huit heures.

S'il commençait à me menacer en plus...

— Écoute, toi et moi on va pas s'entendre si c'est comme ça, m'exclamai-je avec agacement. Tu vas me laisser gentiment galérer tout seul. Je suis au courant que je perds du temps, d'accord ? Pas la peine de me mettre des deadlines.

Il fronça les sourcils et secoua la tête.

— Ce n'est pas moi qui t'en mets, c'est une simple réalité.

Il tira un paquet de clopes de sa poche et en alluma une. Quand il fut un geste pour m'en proposer, je refusai sèchement.

— C'est-à-dire ? demandai-je alors qu'il tirait sa première bouffée.

La fumée de la cigarette se mêla à son haleine quand il expira.

— C'est-à-dire que je me suis fait aussi avoir, et plein d'autres avant moi. C'était un peu après Noël, j'étais juste parti faire du ski hors-piste sans rien demander à personne. Je me suis perdu au milieu de cette foutue forêt, et je suis arrivé ici. Mon téléphone n'avait plus de batterie et il neigeait dru, impossible de repartir... comme aujourd'hui. Le 31 décembre est arrivé sans que je le voie venir. Et là, mon gars, si tu fais comme moi, tu verras que la deadline, c'est un truc bien concret.

Le VillageWhere stories live. Discover now