Prologue

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Adilya se présenta devant le bureau du secrétariat de l'université avec quelques minutes de retard. Et la secrétaire le lui fit bien remarquer.

— Mademoiselle Següin, il m'a semblé vous avoir déjà fait remarquer plusieurs fois que votre ponctualité n'est pas optimale. La prochaine fois vous ne serez pas prise en charge.

Adilya baissa les yeux et entreprit de remonter le long couloir qui menait au bureau de l'enregistrement. C'était sa dernière séance, alors elle n'allait pas laisser la secrétaire lui gâcher sa bonne humeur. La jeune fille frappa à la porte. Une voix douce et suave lui répondit d'entrer.

Adilya entra et s'installa face à Madame Billod, l'enregistreuse professionnelle du lycée.

— Mademoiselle Següin, il me semble que c'est notre dernière séance ?

— Hmm, effectivement.

— Bien, je suppose que vous savez déjà ce sur quoi va porter cette séance. Personne ne l'ignore. Mais savez-vous comment nous allons procéder ?

— Non.

Adilya ne savait pas comment elles allaient faire pour déterminer à quel âge elle rencontrerait son futur mari. Déjà qu'elle ne savait rien de lui... Mais c'était ainsi que l'Union Féminine fonctionnait.

— Je vais vous poser une série de question, qui vont évoluer au fur et à mesure de vos réponses. Vous devez impérativement répondre. D'accord ?

Ça n'allait pas être très compliqué...

— Ok.

Madame Billod commença à lui poser des questions auxquelles Adilya n'avait jamais songé, et qu'elle trouvait totalement incongrues.

Au bout d'une bonne heure, Adilya sortit de bureau de l'enregistreuse avec un mal de crâne horrible. Où était-elle aller chercher toutes ces putains de questions ? Cela avait-il vraiment de l'importance de savoir si elle comptait être grand-mère avant ses soixante ans ? Peut-être que oui en y songeant bien... Mais de savoir si oui ou non elle défendait le droit à l'avortement ? On n'allait pas l'obliger à être mère si elle ne le voulait pas, non ? En tout cas il n'y avait pas intérêt à ce que quelqu'un essaie de le faire. Elle voyait bien que ce système ne fonctionnait pas parfaitement. Elle voyait bien que sa mère faisait tout son possible pour lui cacher, à elle et à ses sœurs, qu'elle pleurait souvent la nuit. Elle ne finirait pas comme sa mère. Elle se battrait pour avoir une belle vie.

Alors qu'elle retournait en cours, elle croisa une jeune fille qui semblait perdue.

— T'as besoin d'aide ?

— Euh, oui... Il faut que je me présente au secrétariat, mais je sais pas où il est...

— J'en sors. C'est simple, tu prends ce couloir, et au fond, tu tournes à gauche. Et là t'es en face du secrétariat.

— Merci !

Adilya regarda la nouvelle s'en aller avec un faible sourire. Lorsqu'elle avait été à sa place, elle ne savait pas grand-chose de la vie. Elle ne savait pas tout non plus désormais, mais elle en savait assez pour pouvoir dire que l'Union Féminine ne pourrait pas fonctionner comme ça beaucoup plus longtemps.

L'Union FéminineWhere stories live. Discover now