Chapitre 8

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Ce sont des couteaux, des poignards, des pistolets, et plein d'autres armes qui sont exposées dans les vitrines. John se dirige vers l'une d'entre elle, sort cinq petits couteaux et me rejoint. Il me montre le mur de la salle sur ma droite à cinq mètres de moi.

— Tu vois la cible qui est sur le mur ?

— Oui.

— Tu la vises, tu as cinq essais et pas un de plus.

Je n'ai jamais fait ça. Encore, pour le sport physique, je savais à quoi m'attendre. Mais là... Je pèse l'arme dans ma main droite, me positionne de trois-quarts, et lance le couteau dans le prolongement de mon bras. L'arme arrive sur le bord de la cible. Je suis fière de moi, mais je ne le montre pas. Peut-être que c'est seulement un coup de chance. Je lance les deuxième et troisième couteaux. Tous deux n'atteignent pas la cible.

Je me reconcentre, fais le vide en moi, et lance le quatrième couteau. Il arrive presque au centre de la cible. Je prie intérieurement pour que le dernier lancer soit le meilleur. Je manque hurler de joie quand le couteau arrive dans le cercle central de la cible.

John ne me félicite pas, et reste imperturbable. Il me tend un pistolet. Je le prends dans ma main, pas très rassurée. Il m'explique en deux minutes le fonctionnement de l'arme, puis me montre les cibles de forme humaine à l'extrémité de la pièce, sur ma gauche, à quinze mètres de moi.

Je pointe l'arme sur ces pantins, et tire. La balle arrive dans le mur, à un mètre de ma cible initiale. Je ne me démonte pas et continue de tirer, jusqu'à ce que j'arrive à toucher le pantin, au niveau de l'épaule.

— C'est pas mal, mais si tu n'arrives pas à toucher une zone vitale, tu ne risques pas de survivre très longtemps. Il te reste deux balles, après tu auras le résultat de ton évaluation.

J'avale difficilement ma salive. Deux balles. C'est tout ce qu'il me reste avant de voir ce qui m'attend. Je pointe le pistolet, ferme l'œil, vise la cible, et tire. La balle touche la poitrine du pantin. Je bloque ma respiration, ferme les yeux un moment, puis tire ma dernière balle. Elle arrive pile entre les deux yeux de la cible. Je saute de joie quand je vois ce que j'ai réussi à accomplir. Mais en même temps, ça me fait un peu peur. Je suis maintenant capable de tuer une personne. Je sais me servir d'une arme à feu. Je suis une menace.

Je me tourne vers John qui lui aussi sourit, mais plus modérément. Il me prend le pistolet des mains, puis me dit avec une voix qui paraît moins froide que tout à l'heure :

— Bravo Adilya, tu as très bien réussi ton évaluation. Tu fais maintenant partie de la division quatre. Tu peux prendre tes affaires et te trouver une chambre au dernier étage.

Je reste abasourdie. La division quatre ? C'est vachement haut, ça ! Mais je me tais, de peur qu'il revienne sur son jugement, je prends mon pull et sors de la pièce. Je me rends compte que je suis crevée. Je vais aller manger un truc à la cuisine, ça me fera du bien !

Ce que j'ai oublié, c'est qu'il y a une foule de personne à l'extérieur de la salle. Quand je sors, ils viennent tous me demander ma division. Lorsque je leur annonce que je suis dans la division quatre, ils s'écartent tous de moi en un clin d'œil. J'entends distinctement des gens parler entre eux de moi et dire :

— Comment est-ce qu'elle peut être en div quatre ? Elle est minuscule et ne ferait pas de mal à une mouche.

— C'est pas possible, elle ment pour faire l'intéressante. La division quatre, nan mais vraiment ?

— Elle a sucé le coach pour avoir sa division. Seul moyen qu'elle soit en div quatre.

Cette dernière phrase me fait rougir. Il me prenne vraiment pour une faible ? Pourquoi est-ce qu'ils ne m'estiment pas capable d'être entrée en division quatre par moi-même ? Je veux dire, pourquoi me juger incapable alors qu'ils ne me connaissent pas ? Il faut arrêter de juger les gens comme ça sans raisons... Je me dépêche de traverser l'allée centrale de la grange et vais m'asseoir à une table. Le cuisinier ne tarde pas à venir me voir, et je lui explique tout ce qu'il vient de m'arriver. Il me sourit et me dit qu'il va chercher de quoi me redonner des forces.

L'Union FéminineWhere stories live. Discover now