Chapitre 3

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Ana 



— Déshabille-toi, ordonne le premier type dans un russe très abrupt, avec une prononciation que je peine à comprendre.

Cela fait à peine quelques secondes que l'homme de main a refermé la porte que déjà les hyènes attaquent. Il faut dire que c'est plus facile en troupeau. Moi, je demeure la jeune gazelle isolée de mes semblables, qui n'a plus que son courage comme arme. Irrémédiablement, je vais me faire mordre. La question est de savoir jusqu'à quel point ?

À l'inverse de l'animal, ma dernière heure n'est pas venue, pourtant je ne suis pas persuadée que cela soit une bonne nouvelle.

— Magne-toi, putain, souffle un deuxième.

Celui-ci est plus grand, plus costaud, aussi, que le russe à l'accent. Les trois sont âgés d'une quarantaine d'années et ne feraient pas fantasmer le sexe féminin. Là encore, voici une vérité qui explose les préjugés autour de la mafia. Je n'ai pas souvenir d'avoir aperçu, un jour, un client à peu près potable. Les mafieux sont assez lambda, plutôt moches et carrément mauvais au lit. Cette caractéristique s'explique sans doute par le fait que notre plaisir ne les intéresse pas le moins du monde. Cette fois-ci ne déroge pas à la règle. J'ai du mal à déterminer lequel est le plus pathétiquement laid du groupe, même si ce n'est pas la question...

Je retire mon déshabillé avec la sensualité que l'on m'a apprise. Je ne fournis aucun effort supplémentaire, me contentant du strict minimum, alors que mes doigts tremblent et que je peine à accepter ce qui va bientôt m'arriver. Je n'ai jamais été contrainte de coucher avec autant d'individus à la fois. Seront-ils autorisés à me battre ? A me torturer ? Que voulait dire Lioubov par « t'entrainer » ?

Surement que mes inquiétudes se lisent sur mon visage ou dans mes gestes, car l'un des hommes que je n'ai pas senti approcher frappe mon fessier avec fermeté, me provoquant un hoquet de stupeur.

— Tu n'as pas compris ce que mon pote t'a dit ? Grouille-toi ou je te jure qu'on va t'apprendre la rapidité.

Je serre les dents en me forçant à baisser le regard, puis je lâche le tissu qui me recouvrait, afin qu'il tombe à mes pieds chaussés de talons vertigineux.

— Voilà qui est mieux, glapille-t-il. Vous en pensez quoi les gars ?

Il se marre en empoignant mes poignets pour les soulever au-dessus de ma tête.

L'un des deux autres, le plus petit s'avance puis claque mon sein droit, avant d'en pincer le téton brutalement. Je réprime un hurlement de douleur. Je ne leur ferai pas ce plaisir. Pas si vite. Mon manque de complainte n'a pas l'air de lui plaire, alors il s'attaque aussi violemment au deuxième. Les gifles sur ma peau fine s'enchainent jusqu'à ce que mes yeux se plissent et que je sois obligée de laisser s'échapper un geignement guttural.

— Je préfère ça, feule-t-il.

Une hyène.

Je fixe un point au-dessus du crâne de ce barbare, sans grande difficulté au vu de sa petite taille, afin de paraitre la plus neutre possible. Ce n'est pas seulement par provocation, mais également pour ne pas attiser la foudre plus près de moi. J'ai appris à les cerner. Il nous aime soumises, inexpressives, hormis au moment crucial, et passives. En soi, une poupée gonflable avec option simulation.

Comme je n'ai aucune envie de faire durer ces moments atroces, je me conforme au maximum à leurs attentes. Cela me permet d'en finir au plus vite et sans trop de dégât, hormis lorsque je tombe sur des clients possédant un niveau de sadisme plus élevé que la norme. Ce coup-ci, je n'ai plus qu'à prier qu'ils ne fassent pas parti de la seconde catégorie ou, dans le cas contraire, que je m'évanouisse rapidement.

DimitriWhere stories live. Discover now