Chapitre 36

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Marco fixait la jeune femme avec une expression mêlant surprise et irritation, ses sourcils se fronçant légèrement alors qu'il tentait de comprendre la raison de sa présence impromptue.

- Gina, ma chère nièce, que fais-tu ici ? Ton frère était censé venir à ta place, demanda-t-il, révélant ainsi une certaine confusion quant à l'ordre des événements prévus.

La fameuse Gina laissa échapper un soupir d'agacement, ses traits se crispant sous l'effet de la contrariété alors qu'elle répondait avec fermeté :

- Justement, cher oncle, je suis Gina Marconi, l'héritière de cette famille. C'est à moi que tu dois t'informer lorsque tu prends une décision, pas à mon petit frère de douze ans. Je sais que tu agis ainsi seulement parce que je suis une femme et que tu ne veux pas que je commande, déclara-t-elle avec une pointe d'exaspération dans la voix.

La chaleur de la bouche de Clive frôla mon oreille tandis qu'il chuchotait d'une voix chargée de sous-entendus :

- Voilà ma cousine, la seule femme que je connaisse capable de diriger un trafic à la perfection, déclara-t-il.

La simple énonciation de ces mots révéla une réalité complexe et troublante. 

Gina incarnait une exception dans un monde façonné par les hommes, un monde où le pouvoir et la direction étaient leur prérogative. Elle avait grandi dans un environnement où les femmes étaient souvent reléguées aux rôles traditionnels, cantonnées à des positions subalternes, loin des décisions importantes. Mais Gina défiait les conventions avec une assurance qui déstabilisait ceux qui la connaissaient à peine. 

Malgré son jeune âge et sa stature apparemment frêle, il était difficile de croire que Gina avait atteint la majorité légale. Sa taille modeste et sa jeunesse apparente ne faisaient que masquer le feu intérieur qui animait son tempérament. En dépit de son genre, Gina semblait posséder une détermination farouche, une résolution qui ne reculait devant rien. Il n'était guère surprenant qu'elle soit capable de diriger sa famille d'une poigne de fer.

Marco, en revanche, semblait être prisonnier d'une mentalité ancienne, imprégnée de traditions et de préjugés séculaires. Il peinait à accepter que Gina puisse prétendre à une place aussi prépondérante que la sienne. Ses actions, préférant même contacter le jeune frère de Gina, âgé de seulement 12 ans, témoignaient de sa réticence à admettre l'égalité des genres et des compétences au sein de la famille.

C'était un conflit de générations, une lutte entre les anciennes croyances et les nouvelles réalités.

Clive se glissa entre les deux protagonistes, une détermination manifeste dans ses gestes, prêt à mettre un terme à cette querelle familiale qui menaçait de diviser davantage. 

Son regard, aussi tranchant que le vent d'hiver, se posa avec une autorité calme sur son oncle, lui intimant silencieusement de prendre congé.

Dans ce geste, Clive révélait bien plus qu'un simple désir de calmer les esprits. Il trahissait une divergence profonde dans les valeurs familiales, une rupture entre les générations qui peinaient à se comprendre. Clive, par sa présence affirmée, affirmait sa loyauté envers des principes différents, des idéaux modernes où l'égalité et le respect étaient primordiaux.

Pendant ce temps, Marco, le patriarche figé dans ses convictions d'un autre temps, détourna son regard, laissant planer un silence chargé de tensions dans son sillage. 

Il rejoignit les autres convives, mais son départ ne faisait que souligner l'écart grandissant entre lui et les aspirations de sa propre famille.

Les épaules de Gina se relâchèrent enfin, libérant un soupir empreint de soulagement et de fatigue. Les larmes, reflets de ses émotions tourmentées, menaçaient de rouler sur ses joues alors qu'elle se tournait vers nous, ses mots lourds de douleur et de frustration.

Au bord du videOù les histoires vivent. Découvrez maintenant