Chapitre 3

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Décembre, l'air glacial commençait à flageller ma peau ; novembre était passé tellement vite... Que s'était-il passé ? Aucune idée, mais ce que je savais c'est que le temps s'écoulait. Je vieillis, je meurs un peu plus, de jour en jour.
Tyler s'embourbait un peu plus dans son enquête, bien sûr, Crane et moi étions là pour l'épauler, mais il nous avait strictement fait comprendre que c'était sa vengeance.

"Tu crois que Jason va t'inviter au bal de Noël ? me demanda Corane.

- Je n'en sais rien.

- Vous n'avez pas fini de jouer aux "bons amis" ?

- Si... enfin... je crois.

- S'il ne t'invite pas, invites-le !

- Je ne sais même pas si je vais y aller...

- Quoi ?! Julia, t'es malade ! Le bal de Noël est l'un des plus importants, se fâcha-t-elle.

- Qu'est-ce que ça peux te faire si j'y vais ou non ?!

- Rien...

- Alors fiches-moi la paix avec ce fichu bal !"

Elle ne releva et ce n'était pas plus mal. Elle tourna en rond dans le salon, soudain elle s'arrêta devant la fenêtre, se pencha en arrière pour observer Tanks faire les cents pas devant son ancienne demeure. Elle se retourna vers moi, un sourire triste aux lèvres.

"Il me fait pitié... dit-elle.

- Sa fille va mourir.

- Quoi ?! Comment tu le sais ?

- Je le sais c'est tout.

- Comment ? Par qui ou quoi ?

- Par un songe...

- Une vision ?

- Appelle ça comme tu veux, je l'ai vu mourir dans mon rêve."

Elle semblait songeuse : à quoi pouvait-elle bien réfléchir ?
Je ne vous avais pas dit que parfois, il m'arrivait à voir la mort des autres dans mes rêves ? Bizarre, non ? Eh bien c'est souvent à cause de ça que je réveille le quartier par mes cris. Hélas, je ne sais jamais quand la Dame Noire arrive à recueillir ses âmes...

"Comment est-ce qu'elle mourra ?

- Elle... Son corps était délaissé dans le désert, les vautours et les coyotes l'ont dépecé petit à petit."

Son visage s'assombrit, elle se retourna vers la fenêtre ; Tanks avait disparu. Elle vint s'assoir sur un tabouret en hauteur, derrière le bar ouvert sur le salon et la cuisine, à côté de moi. Je devinais qu'elle avait déjà entendu parler du "Déserteur".

"C'est le "Déserteur" ?

- Je pense.

- Julia...

- Oui ?

- Non rien...

- Comme tu veux."

Je me levai et rangeai mes affaires de cours dans mon sac, je montai à l'étage pour accrocher mon sac de cours en bandoulière sur le dossier de ma chaise de bureau dans ma chambre, je pris au passage quelques partition de piano et redescendis, Corane était plongée dans ses pensées... Mieux valait ne pas la déranger, mais je décidai tout de même de m'installer derrière le piano. Je fis quelques notes, elle vint s'asseoir sur le banc, tout près de moi, je ne l'avais même pas entendu venir jusqu'ici.

"Comment va ton bras ? me demanda-t-elle en désignant mon plâtre.

- Je l'enlève demain."

Elle se tut et me laissa continuer à appuyer sur mon clavier en ivoire. Le rythme battait lentement, très lentement, aussi lent que mon cœur.  La fin de journée se passa dans une ambiance taciturne, je me couchai tôt pour être à l'hôpital le plus tôt possible, enfin j'allais me débarrasser de mon plâtre !

La voix des mortsOpowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz