Chapitre 2

31 3 0
                                    

Pendant tout le weekend j'étais restée sur la balancelle, ma petite sœur sur les genoux. Le lundi matin, d'une humeur plus ou moins bonne je m'installai derrière mon piano. Je commençai à jouer Für Elise de Beethoven, du moins, ça s'y rapprochait, imaginez-vous la en mode très, très ralenti... que voulez-vous, je n'avais qu'une main ! Puis vers les coups de onze heure, j'eus la soudaine envie de sortir. Je m'habillai, attacha mes cheveux et je suis sortis. Madame Mosen passait un coup de balais sous son péron à ce moment-là.

"Marie-Julia ! me héla-t-elle."

Par politesse, je suis allée à sa rencontre.

"Marie, je peux t'appeler comme ça ? Tu voudrais bien passer à l'hôpital et déposer ces fleurs à Tyler ? Et... attends-moi là."

Elle me donna une composition florale faite maison, il y avait surtout des bégonias. Les bégonias étaient les préférées de mme. Mosen et de son fils également. Elle me demanda d'attendre de nouveau et revint avec quatre cahiers de croquis sur les bras.

"Ne sois pas choquée, mais j'ai pensée qu'il fallait que je te les remette à toi.

- Mais, vous deviez...

- Oui, je sais mais mieux vaut que je te les donne maintenant.

- Merci."

Je lui tendis mon bras plâtré, elle y déposa soigneusement les cahiers que je coinçais avec mes doigts. Sous son bras droit, elle y cachait un vase ; je lui tendis les fleurs, elle les mit dans le récipient. Nous nous dîmes quelques formules de politesses puis je m'éloignais peu à peu vers l'hôpital.

"Vous désirez ? fit la réceptionniste.

- La chambre de Tyler Mosen.

- Vous êtes de la famille ?"

Un gentil fantôme me faisait des signes pour que je réponde une affirmation. Je hochais.

"Chambre trente-trois. Vous savez où c'est ?

- Oui, merci."

Je me dirigeais dans l'aile Est de l'hôpital. J'entrais alors dans la chambre trente-trois lorsqu'une infirmière sorti. Je déposais le vase sur la table de chevet près du lit. Je pouvais "le" voir flotter au-dessus de son corps.

"Je sais que tu m'entends, Ty."

Oui : petit, Ty était le surnom de Tyler. Avant la second school, nous étions amis et arrivés au collège, Tyler s'était... métamorphosé. Au revoir le gentil garçon qui était serviable et qui jouait avec moi l'enfant sage. Nous ne referions pas de balançoire au parc de si tôt.

"Ta mère m'a demandé de t'apporter tes fleurs préférées : des bégonias solenias, celles de ton jardin. Et m'a aussi donné tes esquisses par la même occasion."

Il était immobile, lui et ses auras n'en avaient plus pour très longtemps. Je commençais déjà à m'y préparer. Pourvu qu'il ne vienne pas me hanter ! En sortant de la chambre, je tombais nez à nez avec Mattew Bake. Ce dernier me regarda de haut.

"Tu veux ma photo ?! crachais-je acide.

- Qu'est-ce que tu fiches là ?

- Mêle toi de tes affaires, Mattew !

- Marie-Julia McAndrew, réponds-moi !"

Un jeu entre nous ? Plus ou moins ; nous n'étions pas ennemis, mais nous n'étions pas amis non plus. Il savait qu'entre Jazz et moi il y avait quelque chose, je le soupçonnais même de tout savoir.

"Sa mère m'a demandée déposer des fleurs de son jardin.

- Et t'en n'a profité pour lui piquer ses journaux intimes, fais voir !"

La voix des mortsWhere stories live. Discover now