Chapitre III

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Suzanne courait. Elle courait depuis une bonne demi-heure dans le noir et le froid. Où elle allait ? Elle n'en savait rien. Pourquoi ça lui faisait si mal de savoir son cousin dans les bras de Marc ? Elle s'en fichait ; du moins pour le moment. Elle verrait ça à tête reposée.

Cela faisait maintenant une petite heure que la jeune fille courait et pleurait en même temps. Elle était fatiguée, décoiffée, ses joues étaient sillonnées de torrents salés, partant de ses yeux, glissant sans bruit sur ses joues, son menton, finissant par s'écraser au sol. Son nez coulait. Ses lèvres étaient sèches, et elle avait faim.

En passant dans un parc, Suzanne se laissa tomber sur le premier banc qui osa se dresser devant elle. La buée volait gracieusement autour de sa tête, sortant de sa bouche pour se perdre entre les branches des arbres. Des arbres ? Non, d'un arbre. Comment s'appelait-il, déjà ? Elle était sûre de l'avoir étudié. Vomi...voman...vumo... Impossible de se rappeler le nom de cet arbre.

Mais à quoi elle pensait ? Elle s'en fichait, là, maintenant. Non ? Et qu'est-ce qu'elle faisait ici ? Seule, la nuit, dans un parc qu'elle n'avait jamais vu de sa vie ? Tout à coup, la jeune fille se sentit toute petite, minuscule, comme happée par les ombres dansant autours d'elle. Et il était hors de question qu'elle retourne chez Marc. De toute façon, elle n'avait même pas fait attention au chemin qu'elle avait emprunté pour venir jusqu'ici. Et puis, elle était trop en colère contre Thomas et lui. Contre eux ? Ou contre elle-même ?

Épuisée, Suzanne s'allongea, et plongea dans les profondeurs abyssales du pays des rêves, plus précisément dans la fosse aux cauchemars. Cette nuit là fut courte et agitée.

Quand la jeune fille se réveilla, elle n'était plus dans son parc. Dommage. Elle qui voulait revoir l'arbre inconnu... Mais elle n'était pas dans sa chambre pour autant.

Horreur ! Elle venait de reconnaître le lit dans lequel elle dormait. Elle était de retour chez Marc, et elle connaissait cet endroit comme sa propre maison. Elle se trouvait présentement dans la chambre d'ami.

Son premier réflexe fut de vérifier si elle avait mal quelque part. Après quelques minutes d'observation, elle jugea qu'elle n'avait rien, heureusement. Mais pourquoi, diable, était-elle en sous-vêtements ? Sa robe pourpre et son pantalon reposaient sagement sur la commode, aux côtés de sa capeline. Ses ballerines attendaient au pied du lit, maculées de boue.

Doucement, Suzanne s'extirpa des couvertures et s'habilla. Puis elle attrapa son chapeau, et tourna avec prudence la poignée de la porte. Après avoir jeté un œil dans le couloir, la jeune fille descendit et arriva au salon.

Là, Marc se tenait à peu près assis dans le sofa, dos à elle. Tout à coup, Suzanne se rendit compte qu'il n'était pas seul. En effet, Thomas se lovait dans ses bras. C'en était rageant.

La jeune fille fulminait. Elle se coula jusqu'à la porte d'entrée, qu'elle ouvrit discrètement. Et c'est toujours aussi discrètement que la jeune fille se glissa dehors. « Sauvée ! » se dit elle. Mais le destin en avait décidé autrement, et un grand coup de vent claqua la porte.

Son sang ne fit qu'un tour. Suzanne se mit à courir le plus vite possible. Dans sa course, elle sortit son téléphone de son blue jean, et vérifia l'heure. Dix heures trente-neuf. En se dépêchant, elle pourrait attraper le bus d'onze heures moins le quart et rentrer chez elle.

Dans le véhicule la reconduisant à son domicile, la jeune fille cogitait. Mais pourquoi avait-elle fuit comme ça ? Elle n'était pourtant pas homophobe. Mais savoir que son cousin préférait les garçons la rendait...folle ? Ce mélange de colère, de tristesse et d'incompréhension qui l'envahissait chaque fois qu'elle voyait son cousin avec Marc.

Le bus s'arrêta à environ cinq cent mètres de la maison de Suzanne. Cette dernière descendit la rue à toute vitesse, enfonça machinalement la clé dans la serrure, et entra. Elle fût de suite accueillie par un silence oppressant, annonçant que le logis était désert. La jeune fille fila à la cuisine, sortit un paquet de biscuits au chocolat d'un placard, et monta dans sa chambre.

Là, elle s'allongea sur son lit, et sortit son portable de sa poche. Dix-sept messages. Sept d'entre eux venaient de Thomas ; huit de Marc, et deux du téléphone d'Elorah. Elle ne prit même pas la peine de les lire. Elle les effaça tous. Dix minutes plus tard, elle s'endormait, prenant difficilement conscience que l'amour qu'elle portait à son cousin n'était peut-être pas seulement fraternel...

Mais que va-t-il se passer ? Mon dieu, le suspens est insoutenable ! Plus sérieusement... si vous voyez des fautes, n'hésitez pas à le signaler, moins il y en a, plus j'ai de chances de remporter le concours ! Alors à vos lunettes, et bonne chasse !

L'amour dans l'âmeWhere stories live. Discover now