Chapitre IV

66 5 6
                                    

Une forêt. Au centre, une clairière. Suzanne se tenait au milieu. Dans le ciel, la lune souriait cruellement. Autour d'elle, les étoiles murmuraient. Elles semblaient se moquer de la jeune fille, sans oser la regarder. Un coup de vent. Glacial. Suzanne se retourna. Devant elle se tenait Marc. Mais quelque-chose n'allait pas. Il avait l'air mauvais. Les mots résonnaient dans la forêt, frappant l'amie du garçon en plein cœur. « C'est de ta faute. Tu ne peux pas y échapper. Tu le sais. Tu es seule. Toute seule. Personne ne t'aime. Personne ne t'a jamais aimée. Tu n'as toujours pas compris ? Tu ne seras jamais qu'une tache. Tu n'as jamais vu comment les gens te regardent ? Tout le monde te fuit. Elorah est trop gentille. Elle a seulement pitié de toi. Tu m'écœures. Regarde-toi ! On dirait une catin. »

Suzanne n'en pouvait plus. Elle s'effondra au sol, lasse d'entendre son ami l'insulter de la sorte. Elle pleurait. Dans le lointain, la voix de Marc continuait son long monologue à son sujet. Puis le noir se fit. Et avec l'obscurité vint le silence. Et le vide. Désormais, la jeune fille tombait à l'infini. Rien ne l'arrêtait. Aucun son ne sortit de sa gorge lorsqu'elle voulu crier.

Suzanne se réveilla d'un coup. Elle pleurait. Elle s'assit dans son lit, la maison était calme. Ce n'était qu'un cauchemar. Mais ce cauchemar était, aux yeux de la jeune fille, loin d'être anodin. Elle se rendit vite compte que si elle ne se débarrassait pas rapidement de Marc, Thomas ne serait jamais plus que son cousin.

Elle se mit à réfléchir à toute allure. Comment écarter quelqu'un d'une autre personne sans lui faire de mal ? Impossible. Ce fut le seul mot qui lui vint à l'esprit. Si elle voulait les séparer, elle était sûre de détruire psychologiquement au moins l'un des deux garçons. Suzanne s'allongea, il était quatre heures. Vers six heures, elle se leva d'un bond. Elle ferait souffrir Marc ou Thomas ? Tant pis. Son plan était parfait. Il fallait qu'elle le mène à bien. Quel qu'en soit le prix. Et puis...son cousin serait heureux avec elle. Il se remettrait rapidement de son aventure amoureuse.

La jeune fille se rendormit sur ses idées noires. Les prochains jours n'allaient pas être de tout repos. Cette fois, les cauchemars la laissèrent en paix. A son réveil, elle se sentait reposée, et prête à tout.

Suzanne se doucha, s'habilla en vitesse, et s'installa à son bureau. La montagne de papiers et stylos se retrouva rapidement au sol, accompagnée d'un bruit de feuille froissée. Elle attrapa dans un tiroir une feuille de papier, un stylo qui traînait, et se mit à l'œuvre. Une heure plus tard, le brouillon était terminé. Il ne lui restait plus qu'à tout réécrire en double, sur deux feuilles propres. Bientôt, elle eu deux fois le même texte sous les yeux, à quelques mots près. À présent, il lui fallait des enveloppes.

Cinq minutes après, la jeune fille était en possession des objets désirés. Maintenant, direction le bureau de poste. Il allait de soi que les deux lettres devraient être délivrées en même temps. Les garçons ne devaient en aucun cas se douter de son plan. Plan qui ne comportait, aux yeux de la jeune brune, aucune faille.

Le bâtiment apparut bientôt, surmonté de sa traditionnelle enseigne jaune et bleue. Au moment où Suzanne franchit la porte, elle se rendit compte qu'elle venait d'avoir la pire idée du monde en se précipitant sur les lieux le jour même c'est à dire, le samedi 24 février 2009. Le centre était bondé. Les clients se précipitaient sur les trois seuls guichets ouverts, tels une horde de bêtes sauvages. Pendant ce temps, une joyeuse cacophonie s'occupait de réduire en miette les tympans d'absolument tout le monde. C'était un fait, l'adolescente détestait cette ambiance. Et la sinistre tâche qu'elle avait à accomplir ne l'aidait pas beaucoup.

Une heure passa. Une heure de queue dans cet endroit malsain, où les odeurs de transpiration et de papier se côtoyaient et se mélangeaient. Il fallut encore deux heures à Suzanne pour regagner son logis, après avoir laissé ses lettres à la vieille harpie du guichet. Apparemment, la politesse se faisait rare en ce bas monde. Une fois chez elle, la jeune fille se dit qu'elle n'avait plus qu'à attendre, et qu'elle méritait bien un peu de repos.

Trois jours plus tard, elle se remit au travail. Maintenant qu'elle avait sûrement semé la pagaille dans le couple de son cousin, Suzanne n'avait plus qu'à prendre des nouvelles des garçons, faire semblant de s'excuser pour « son comportement inapproprié », et tendre les bras quand Thomas viendrait pleurer sur le sort tragique de son histoire de cœur.

Hey, bande de fraises des bois ! Je sais, j'ai rien posté hier. Bah oui, mais je suis rentré chez moi assez tard, alors j'ai rien mis. Croyez pas que je vais poster deux chapitres aujourd'hui, pour me rattraper. L'histoire est assez courte comme ça ! Eh bien, bonne soirée/nuit/journée, et à demain !

L'amour dans l'âmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant