Une histoire comme une autres

Partie 4

- Détends-toi, je vais pas te manger. Finit-il par dire, nonchalamment.

Puis il s'installe à côté de moi et prépare le matériel comme s'il avait fait ça toute sa vie. Je ne suis toujours pas rassurée. La soirée avance très lentement, je ne me décrispe pas une seconde, bien trop stressée par le moment où je vais devoir sortir et lui faire face une nouvelle fois. Impossible de partir la première, c'est moi qui doit fermer, donc s'il veut me coincer il en a tout le loisir. Oscar est fou. A la fermeture je sors comme si je rejoignais le couloir de la mort. A première vue il n'est plus là, il est parti il y a 10 minutes déjà, et je n'ai fait aucune remarque aujourd'hui, donc je ne risque rien ? Je m'accroche à ce petit espoir et commence à marcher.

- J'étais sérieux hier soir. Sa voix sort de l'ombre et me fait sursauter. Donc il est toujours là. Super.

Il est trop tard pour que tu rentres toute seule, c'est dangereux la nuit ici.

Je suis choquée, qu'essaye-il de faire ? Pourquoi veut-il être gentil ? C'est surement une feinte pour mieux m'atteindre plus tard. Je me méfie et lui répond peu sûre de moi :

- J'habite pas loin.

Je commence à marcher la tête baissée en espérant que ça suffise. Mais il décide de me suivre.

- Tu sais je voulais pas te faire peur hier soir, raté, Oscar est fou, ça m'a vraiment énervé que tu te permette de me juger sans me connaitre. T'es quoi, la reine du lycée ou un truc du genre ? Il faut une carte V.I.P. pour t'adresser la parole c'est ça ? Enfin, vaudrait mieux qu'on oublie tout et qu'on reparte sur de bonnes bases si on doit continuer de bosser ensemble. Il s'arrête à mon niveau et me tend la main. Moi c'est Oscar, c'est quoi ton nom Louis ? Tout doucement je mets ma petite main dans la sienne et je murmure : Naéma.

Et il m'a raccompagné jusque chez moi, sans un mot. Je ne sais pas trop quoi penser de cette pseudo discussion. On dirait qu'il m'a pardonné et qu'il n'est pas si fou que ça, peut-être juste un peu énervé.

La semaine est passée tranquillement. Au cinéma je n'ai pas vraiment osé adresser la parole à Oscar, mais il a occupé toutes mes pensées. Aujourd'hui c'est samedi, je ferme la porte et il m'attend, il a pris l'habitude de me raccompagner silencieusement, et je ne m'y oppose pas. Ce soir il fait un peu frais alors je presse le pas. Une fois arrivée devant ma porte je dis brièvement au revoir à Oscar et commence à rentrer quand je l'entends m'appeler. Il me regarde, presque gêné.

- Heu je me demandais si tu voudrais qu'on se voie. Je veux dire en dehors du cinéma, essayer d'être amis quoi. Un peu surprise je mets du temps à comprendre. Son visage se ferme un peu et il se recule. Ouais, non, laisse tomber, c'était une mauvaise idée de toute façon. Il met sa capuche et commence à partir.

- Oscar attend ! Oui, c'est oui ! t'as qu'à venir demain après-midi si tu veux, on ira au parc, ou ce que tu veux ! Je suis soudain bien trop enjouée, j'entrevoie enfin le salut de mon ennui. Il me sourit et m'annonce qu'il sera là à 14h. Mes vacances deviennent finalement intéressantes.