Lâcheté

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Ils m'ont regardé tout les deux, guettant ma réaction.

Je me suis levée, Elias à ouvert la bouche mais je suis partie tel une balle de Revolver. J'ai sauté les volées de marches, mes mains abîmées par les barbelés effleurant les tags fait par tout les fugueurs étant passé par cet hôpital.

Mes yeux se posent sur des petits détails insignifiants, comme cette araignée à six pattes au lieu de huit, ce prénom écrit à la bombe, "Ilias", qui à bavé, cette fissure dans un pans de mur, ce smiley glauque à la mine triste, cette douille de balle qui traîne au sol, ce poème peint sur une porte, cette étoile sur le seuil de la sortie, ce pigeon sur le rebord des barbelés, cette main aux ongles rongés qui tente de me retenir, ce pic en métal accroché sur du fil de fer, cette minuscule goutte de sang sur la pointe de mon index, cette touffe de pissenlit au pied du poteau, ce panneau délavé, cette boîte aux lettres à la peinture écaillée, ce magasin miteux, cette goutte d'eau qui s'écrase sur l'asphalte...

C'est à la vue de cette goutte d'eau que je m'arrête, par ce que c'est significatif pour moi.

Il pleuvait le jour où je suis partie.

C'est la première fois qu'il pleut depuis que j'ai quitté ma maison.

Cette goutte est suivie d'une deuxième, puis d'une troisième et bientôt l'asphalte gris grouille de petits points plus foncés. Bientôt, en plus des gouttes provenant du ciel, il y en a qui proviennent de mes yeux.

Les gens disent que quand on pleure, on est mignon, cute, qu'on montre notre vrai visage, qu'on est beau.

C'est faux.

En vrai, on est misérable, pitoyable, on fait pitié.

Et on n'est même pas beau puisque qu'on devient tout rouge, on souffle comme des phoques, on plisse le nez, les yeux, on sait pas articuler; on fait des bruits bizarre et de la morve coule du nez.

Et c'est ce qui m'arrive. Mes cheveux se collent sur ma nuque, dégoulinants, mes vêtements sont trempés, et, toute tremblante, je me déporte sur la gauche pour me mettre à l'abri sous le paravent d'un fleuriste.

Je sais pas ce qui m'as pris. Qu'est-ce qui m'as pris de fuguer ? J'pensais à quoi ? Que je serais mieux ? Que je ne risquais pas ma vie ? Et qu'est-ce qui m'as pris de suivre Aïka ? De la laisser m'emmener ? De rester avec les E.F.M, ces tarés ?

Ma vie est un échec. Un total échec. Je l'ai foutue en l'air.

Je ne pleure plus.

Ce n'est pas ça qui va faire en sorte, que, par miracle, je soit de retour chez moi et que rien de tout cela ne soit arrivé. Non.

OK.

Ressaisis-toi, Eline.

T'es forte, t'es intelligente, t'es logique et débrouillarde.

J'expire longuement et rassemble mes cheveux mouillés dans mon dos. Il ne sont pas bien long, Aïka me les a coupés en-dessous des oreilles, pour "que ce soit plus pratique".

Maintenant, je me bats.

Tonio ne m'aura pas.

Personne ne m'aura.

Je me remets à marcher, appliquant les conseils de ma mentor : rester droite, tête légèrement baissée, yeux sur le ventre des gens, attitude innocente, marche rapide.

Je recouvre mon cou, où la marque des Enfants Fugueurs Meurtriers a cicatrisé, laissant les lettres "E.F.M" blanchâtres et bien visibles. J'évite le regard des gens, les commissariats, les caméras. Je flippe à la vue de chaque mineurs ou jeunes majeurs, de crainte que ce soit un membre de gang. Mon but est de quitter la ville. A pied, en train ou en bus, par n'importe quel moyen, mais il faut que je quitte cette ville et ces gangs à gogos, ces ados déjantés qui défient la police quotidiennement. Un jour, il se feront prendre !

Et je ne serais pas avec eux.

Je serais loin.

Soudain, quelqu'un me choppe le bras. Et m'embrasse. Je lui envoie sans réfléchir mon genoux dans les parties, mais mon agresseur me bloque, me susurrant dans l'oreille :

- Pas deux fois, chérie.

- Sam ! Criais-je en me débattant.

- Calme-toi, il y a du monde, trésor, me dit-il.

- DÉGAGE !

Il me plaque une main sur la bouche avant de me tirer de force vers une petite rue :

- Elias s'est trompé.

Je lui mords la main. Sam grimace :

- Il faudrait t'enlever tes dents, ma belle. Il semblerait que ce soit ta plus grande arme.

- En quoi Elias s'est trompé ? Sifflais-je.

- Il nous as dit de chercher sur un rayon d'un kilomètre autour de l'hôpital. Il jurait que t'irait pas plus loin. Il s'est trompé. On est à presque quatre kilomètres, là.

- Comment ça ils vous as dit de chercher ?

Sam examine sa main, où la trace e mes dents commence déjà à s'estomper :

- Dès que t'es partie, il a appelé les S.O.S à la rescousse. Les E.F.M n'auraient pas suffis, il faut garder l'hôpital, et certains ne peuvent pas sortir.

Je tente de partir, mais il me retient :

- Pourquoi tu veux partir, abandonner les Enfants, alors qu'ils t'offrent un toit et à manger ?

- Par ce qu'autrement, je suis foutue. Tonio veut ma peau.

- Donc tu est lâche. Je suis déçu, dit Sam avec dégoût.

- Laisse moi partir.

Je n'y croyais pas, mais il s'est écarté, ma laissant le champ libre sur la rue passante. Je l'ai regardé, et il a haussé les épaules. Je suis partie en courant, fendant les foules.

Je suis libre.

Je suis lâche.

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Alors ? Que pensez-vous de la lâcheté d'Eline ? De Sam qui la laisse partir ?

J'attends vos coms et vos votes !

A la semaine prochaine !

@LivraMajor

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