4

43 6 2
                                    

Deux heures. Deux heures que je le torture, lui ayant enlevé la serviette qu'il avait sur le visage pour qu'il puisse me voir transpercer sa peau. Deux heures que je vois la peur se peindre sur son visage et que je lui murmure des menaces aux oreilles. Deux heures que je m'amuse à lui faire peur, à le faire paniquer, à lui faire mal. À regarder son sang couler de son poignet. Entre temps, je n'avais pas manqué de le cogner, si fort que la serviette humide s'était teintée de rouge, et je voyais du sang couler le long de sa bouche.  Il ne va pas faire long feu, je le sais depuis que je l'aies récupéré dans cette petite ruelle.

Actuellement, il est pâle et tremble de tout son corps. Mais ça me fait plus rire qu'autre chose, après tout, depuis quand est-ce que voir quelqu'un souffrir ne me fait pas rire ?

"- Tu ne te sens pas bien ?"

Je ris. Je ris tellement que je dois m'appuyer contre la table, alors qu'il me lève les yeux vers moi. Son regard. Son regard est un mélange de plusieurs sentiments. La peur, la colère, la frustration aussi peut-être. C'est vrai qu'il ne doit pas vraiment comprendre ce qui est en train de lui arriver. Je le vois alors ouvrir la bouche et l'entends prononcer une phrase, presque inaudible.

"- Qui es-tu ?"

Je penche alors la tête en hésitant à lui répondre, mais en le voyant cracher son sang après un si petit effort, un rictus se forme sur mon visage.
Non, je ne vais pas lui répondre, je veux qu'il s'épuise encore un peu avant de répondre à n'importe laquelle de ses questions.
J'attrape seulement les ciseaux posés sur la table que son visage n'exprime plus que de l'horreur.

"- Je vois que tu as peur... C'est bien."

J'approche lentement la paire de ciseaux de sa joue, la lui caresse avec la pointe, ce qui lui arrache une grimace. Mais cela me déclenche une sensation de plaisir incontrôlable. Un petit rire s'échappe de ma gorge alors que je pose mon front contre celui de l'homme. Ainsi, je le sens trembler, de peur, de froid, il va mourir. Bientôt. Peut-être parce que je lui aurais tranché la carotide à plusieurs coups de ciseaux, ou peut-être va-t-il simplement succomber à ses blessures. Dans les deux cas, je le regarderai se vider de son sang et agoniser lentement, jusqu'à ce qu'il rende son dernier souffle. Je me redresse lentement pour enfin avoir une vue complète de son corps ensanglanté attaché à la chaise. Je penche doucement la tête sur le côté, affichant un sourire sadique. Il tousse.

Je veux le voir mourir, mais ce n'est pas assez rapide, ça m'énerve. Je me rapproche de lui, troquant ma paire de ciseaux par un cutter au passage et lui attrape le poignet. Je le caresse d'abord, sa peau avait l'air tellement parfaite. Après une petite pause dans mes mouvements, j'empoigne correctement la lame et ne tarde pas à la lui planter dans le bras en le sentant bouger. Il laisse échapper un léger cri de douleur, il se retient de crier.

"- Tu ne veux pas me montrer que tu as mal ? Je te conseille d'abandonner..."

Je trace un trait plutôt profond à la verticale, jusqu'à atteindre son coude intérieur. Je vois des larmes perler sur le côté de ses yeux. Je ris et sors enfin la lame de son bras en observant l'entaille que je viens de faire, je hoche la tête, plutôt fier de moi. Ça faisait longtemps que je n'en avais pas fait des aussi belles, des aussi droites, et surtout qui saignaient autant. Je lève les yeux vers lui pour le voir regarder son bras, avec effroi, je le voyais maintenant se mordre la lèvre.

Je pose ma main sur son bras, et appuie avec un doigt en souriant. Il ouvre la bouche, son souffle est court. Je contemple ensuite ma main, de couleur vermillon. C'est beau. C'est très beau, je trouve ça magnifique. Je souris, mais je suis sorti de mes pensées par un sanglot. Je soupire et tourne le regard vers l'homme près à lui rajouter un coup de cutter bien placé. Mais ce que je vois en vaut le coup, il est là, assit sur sa chaise, me regardant dans les yeux. Il est tout pâle, c'est drôle. Je soutiens son regard, attendant qu'il meurt silencieusement sous mes yeux. Mais il continue de s'efforcer à respirer comme il le pouvait, même s'il me semble que ça devient bien difficile pour lui. Je le vois entrouvrir lentement ses lippes comme s'il voulait parler, mais il commence à tousser, ce qui me provoque une petite crise de rire. Mais il réussit à prononcer un mot.

Un seul.

Un murmure dans son dernier souffle. J'ai cru mal entendre, mais non. Ce mot résonna dans ma tête, me coupant presque le souffle, me faisant mal. Très mal. Je fus pris de tournis. Je pose ma main sur mon cœur tout en m'appuyant sur la table, fixant le corps maintenant sans vie de l'homme que je venais de tuer. Je cherche autour de moi, un objet de repère, qui pourrait me ramener à la réalité, mais je ne trouve pas, je ne trouve plus rien. Ma vue ce trouble alors que tout ce mélange. Ma main couverte de sang vient se poser sur ma joue maintenant humide, alors que je commence à étouffer. Ce mot. Il recommence, il résonne dans ma tête. Je me bouche les oreilles et cris. Je cris encore, plus fort encore que le cri précédent. Ma plainte pourrait paraître inhumaine. Mais je continue, beuglant comme un animal, et laissant de petites perles salées glisser le long de mes joues. Je tombe à terre, je regarde le plafond, et je pense. C'est vrai,

"pourquoi ?"

Peek-A-BooWhere stories live. Discover now