Les Quatre Éléments

Chapitre 4 : Actes intéressés ou désintéressés ?

Au fil des mois, Clarisse et Arthur se rapprochèrent de plus en plus. Le jeune homme avait clairement remarqué qu'elle attendait plus de lui que de l'amitié. Lui-même ne savait pas ce qu'il voulait. Il ignorait pourquoi, mais chaque fois qu'il voyait Lucie avec son ami un frisson inqualifiable lui parcourait l'échine. Lucie, quant à elle, était toujours pleine de rancœur à son égard. Il lui avait porté secours contre son gré et elle ne l'acceptait pas.

— Monsieur Déane, pourriez-vous répondre à ma question ? demanda le professeur qui avait constaté qu'il était ailleurs. Cela faisait en effet une heure qu'il parlait à sa voisine sans prêter attention au cours.

— Non.

— Vous n'écoutiez pas et... MADEMOISELLE DEVIAMO ! NETTOYEZ L'ENCRE QUE VOUS AVEZ LANCÉE IMMÉDIATEMENT ! Je vous rappelle que nous sommes en classe !

— Ah bon ! Je me croyais au bar !

Tout le monde éclata de rire et la jeune fille se leva sans contester ce qui troubla Arthur. Avait-elle essayé de l'aider ? C'était pourtant absurde... elle ne l'aimait pas. Cette pensée le peina et il se rendit compte que plus le temps passait, plus sa haine pour elle fondait, telle la neige au soleil. Il éprouvait pour Lucie autre chose qu'il n'arrivait pas à définir. Tandis que celle-ci réparait les dégâts qu'elle avait causés, un de ses camarades lui fit une remarque désobligeante. Elle riva son regard de glace sur le malheureux qui avait osé la provoquer jusqu'à ce qu'il cède et baisse les yeux.

— M'as-tu dit quelque chose ?

— Euh... Non, non, répondit le jeune homme fébrilement.

— C'est bien ce qu'il me semblait, rétorqua-t-elle avec un sourire railleur.

Ici, personne n'avait l'audace de se dresser vraiment contre elle à cause de sa ténacité et de ses aires implacables. Le fait aussi qu'elle soit la reine d'une horde comprenant les pires rebelles de l'école inspirait de la crainte à ses opposants. La majorité des élèves savait qu'au moindre claquement de doigts de Lucie ils n'hésiteraient pas à écraser l'infortuné qui la dérangeait. Évidemment, il y avait eu un incident avec les deux garçons faisant partie d'un groupe ennemi qui s'étaient attaqués à elle, profitant de sa vulnérabilité provisoire. Sa réputation en avait d'ailleurs pâti, car elle n'en était pas venue à bout sans aide. Peu de temps après, les deux bandes s'étaient battues. Comme à son habitude, le clan que Lucie avait créé avait triomphé, rétablissant ainsi sa notoriété. Dans ce pensionnat, s'affirmer était la seule manière de survivre. Quant à l'encre, la jeune fille avait eu l'idée de la lancer pour détourner l'attention de l'enseignant et ne plus avoir de comptes à rendre à Arthur. À la sortie de la classe, celui-ci prit la main de Clarisse. Lucie s'apprêtait à partir quand le professeur la retint.

— Je sais que vous êtes une personne intelligente, lui dit-il, alors, pourquoi diable vous acharner à mépriser toute règle ? Je vous demande cela simplement dans le but de vous aider. Vous pourriez améliorer votre vie si vous cherchiez moins les ennuis.

Elle haussa les épaules.

— Peu m'importe.

Puis elle se retira, sans laisser à son interlocuteur le temps de réagir. Les jours qui suivirent, Arthur et Clarisse les passèrent ensemble ce qui hérissa Lucie. En les voyant s'embrasser, elle songea amèrement que le jeune homme ne connaissait pas la véritable nature de cette fille. Un soir, elle trouva Rubie en pleine conversation avec un jeune homme qu'elle congédia en prétextant un mal de crâne lancinant.

Rubie s'apprêtait à lui faire part de son mécontentement quand elle fut devancée par l'autre meilleure amie de Lucie, Jade Schrei, un vrai garçon manqué peu recommandable à cause de son incroyable irritabilité. Sa démarche masculine la rendait difficile à différencier d'un homme lorsqu'elle était de dos. Elle se tenait toujours voutée, avait les épaules larges et possédait une crinière hirsute qui lui donnait un air sauvage. Ce jour-là, elle claqua la porte et beugla :