Chapitre 5 :Un rêve plus qu'étrange

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Des êtres difformes décimaient une armée qui ne parvenait pas à soutenir leur assaut. Une marée de cadavres jonchait le sol. Deux hommes se tenaient à la tête de ces créatures. Le premier donnait les ordres tandis que le second semblait contrôler le bon déroulement des opérations. Ils étaient tous deux vêtus d'une armure rouge et grise. Un blason composé d'une fleur noire cerclée de rouge contrastait avec la teinte cendrée de leur plastron.

— On dirait que la bataille tourne à notre avantage, sourit le plus grand des deux.

— Tout à fait, mon cher Thalès, nous avons bien fait d'envoyer les whoolofs et les wharrants au front. Ainsi ils intimident l'ennemi et nos soldats en viennent à bout plus facilement.

— Espérons que cette guerre se termine vite. J'ai hâte d'en finir avec l'armée des Quatre Éléments.


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Quel horrible rêve ! Lucie se réveilla en sursaut au beau milieu de la nuit, les joues en feu, tremblant de tous ses membres. Elle se reprit en songeant que rien de tout cela n'était réel. Ces macchabées avaient été créés par son esprit. Elle serra son collier entre ses mains, par réflexe. Faire cela la rassérénait lorsqu'elle était troublée. La jeune fille le possédait depuis sa plus tendre enfance, elle ne s'en était jamais séparée. Elle avait souvent eu l'impression que ce pendentif la protégeait d'une certaine façon des dangers qui l'entouraient. Consciente qu'elle ne retomberait pas immédiatement dans les bras de Morphée, elle alluma sa lampe de chevet et ouvrit un des rares livres qui ne l'assommait pas. Peu après, elle sombra dans un sommeil agité.


Ce fut la voix éraillée de La Harpie qui la réveilla quelques heures plus tard. Arthur de son côté se leva péniblement ; il avait passé une nuit désagréable. Quand il sortit, il aperçut Clarisse qui l'attendait. À ce moment-là, il croisa le regard de Lucie qui avait toujours de grands yeux bleus, mais ce jour-là ils étaient étrangement éteints.


— Arthur ! Je te parle ! dit Clarisse.

— Euh... oui, qu'y a-t-il ?

— Je te demandais de me montrer tes devoirs de mathématiques.

— Je ne les ai pas faits, répondit le jeune homme.


Les jours suivants, Lucie ne put trouver le repos. Elle faisait chaque soir le même rêve et la fatigue transformait sa vivacité naturelle en nervosité incontrôlable. Même Jade n'osait plus l'approcher de peur de se faire incendier. Elle était tellement épuisée qu'un jour La Harpie dut venir la réveiller en personne. L'adolescente l'accueillit avec condescendance ce qui mit la surveillante hors d'elle. Matthieu, son copain du moment, l'attendait devant le dortoir :


— Elle avait l'air très en colère La Harpie en entrant dans ta chambre, remarqua-t-il.

— Tu sais bien qu'elle est toujours de mauvaise humeur.


L'insolence de Lucie lui valut des heures de retenues durant lesquelles elle dut nettoyer le sol dur du pensionnat. Mais quelle importance ? Cela ne l'affectait plus.


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Arthur arrêta sa lecture, car l'aube pointait. Nous allâmes nous coucher et je ne cessais de repenser à Lucie. Celle que j'avais vue et celle de l'époque. Elles semblaient tellement différentes... J'étais d'accord avec mon hôte lorsqu'il affirmait que cette fille possédait quelque chose de spécial. Une détermination et un courage hors du commun émanaient d'elle et illuminaient son être. Un point m'apparaissait toutefois inexplicable la concernant. Au regard de ce manuscrit, il était purement impossible que la Lucie que j'avais croisée soit si jeune. En effet, cette histoire s'était déroulée une soixantaine d'années avant notre rencontre. Je m'agitais dans mon lit quand j'aperçus une ombre et un regard bleu glace rivé sur moi.

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⏰ Last updated: Jan 27, 2018 ⏰

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