Chapitre 6 : Léo

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Léo entra dans le bureau du directeur avec ce petit sourire narquois qui ne le quittait jamais. C'était la rentrée, et le voilà déjà convoqué. Journée basique. C'est la vie que j'ai décidé de mener.

Le directeur s'assit du côté de son bureau dans un soupir clairement exagéré. Toujours souriant, Léo s'assit également. Il y eut un petit moment de silence durant lequel les deux hommes se toisèrent d'un air hostile et méprisant. Léo esquissa un rictus. Il connaissait cette scène par cœur. Bientôt, le directeur allait lui dire...

« Bon, Léo. Je préfère te convoquer maintenant. Tout le monde voulait que tu redoubles ou que tu sois viré du lycée, l'année dernière. Tu sais pourquoi ?
- Absences, insolence, mauvaises notes ? énuméra Léo, presque avec orgueil.
- Oui, un joli combo. Mais on a décidé de te donner une dernière chance. Pour l'instant, tu es encore admis au lycée, mais au moindre faux pas... C'est la porte ! »

Je suis censé être effrayé ? Léo adopta une moue faussement terrifiée et le directeur fronça les sourcils.

« Tu ne réalises pas ce qu'il se passe. L'année de terminale est très importante. Qu'est-ce que tu veux faire, l'année prochaine ?
- J'en sais rien, rétorqua Léo avec humeur. »

L'avenir l'angoissait, mais il n'était pas prêt à l'admettre. Il adorait l'adolescence, le lycée et le confort que sa situation lui procurait. Il fuyait les responsabilités comme la peste.

« Parcoursup ne fera pas de cadeaux aux pitres de ton genre, l'avertit pour la énième fois le directeur. Je dis ça pour ton bien. Cette année, il faut que tu te calmes une bonne fois pour toutes et que tu te concentres sur tes études. C'est d'accord ?
- Si je dis non, je vais être viré ? »

Le directeur lui lança un regard noir. Léo leva les yeux au ciel.

« Ok, ok.
- Bien. Tu peux retourner en classe. »

Léo se retint de répliquer et se leva rapidement de sa chaise pour se barrer.

Il détestait ce vieux directeur de merde, qui croyait lui faire une faveur en l'autorisant à étudier dans son lycée. Léo ne l'avait jamais supplié de le faire, alors qu'il arrête d'agir en bon samaritain qui aidait les mauvais élèves. Léo n'avait pas besoin de cette fausse pitié. Sa situation lui convenait à merveille.

Il sortit dans les couloirs en réfléchissant à son envie, ou plutôt son manque envie d'aller en cours. Il avait mathématiques - pire encore, option maths. Léo regrettait chaque jour amèrement d'avoir été en ES. Il avait voulu suivre ses potes et « faire comme les autres », et il se retrouvait à détester ce qu'il faisait. Léo décida de ne pas aller en cours - la professeure serait sans doute contente, tiens.

« Léo ! »

Léo se retourna. Il avait reconnu cette voix. C'était son amie Farah. Il dut se retenir de ne pas fuir et la rejoignit alors qu'elle traversait le couloir à toute allure pour le rejoindre.

« T'es pas en cours ? demanda t-elle avant de lui faire la bise.
- Bah, j'ai maths.
- Tu vas en cours, l'ordonna t-elle. Bordel, tu joues à quoi ? Les cours ont commencé depuis quelques jours et t'es déjà dans le collimateur de... Bah, à peu près tout le lycée.
- Ça va, lâche-moi. Je vais y aller. »

Farah afficha un sourire satisfait et Léo dut se retenir de lui balancer une pique. Elle était quand même l'une des rares personnes qu'il appréciait réellement, mais il détestait qu'on le materne de la sorte, ça ne faisait que le braquer davantage. Il n'aimait pas qu'on prenne soin de lui avec tant de sérieux. Léo préférait les relations insouciantes et simples.

« Tu es en quelle classe ? demanda t-il, intéressé.
- Ben, la seule classe de L. L'élite, se vanta t-elle.
- Eh bien, elle est triste, l'élite, se moqua Léo. »

Le ciel était bleuWhere stories live. Discover now