Le ciel était bleu

Chapitre 20 : Léo et Farah

"Et là... Mec, je te jure, on a grave rigolé ! Au début, j'croyais même qu'elle m'avait souri par erreur. Et puis what the fuck, en cinq secondes, tout était redevenu comme avant. Bon, Nathan en a pris pour son grade, mais c'est qu'un dommage collatéral. Je te jure, je croyais que je ne reviendrais plus jamais vers Olenka... Comme quoi, même si c'est kitsch, faut écouter son coeur."

Admiratif, Léo observa son ami Matth se confier à lui, les yeux brillants. Il ressemblait à un gosse complètement fou amoureux. Léo sentit son coeur se pincer. Il se sentit soudain bien loin du monde de Matth. Serait-il aussi un jour capable d'aimer ?

"C'est cool pour toi, déclara sincèrement Léo en portant sa bière à sa bouche. Franchement, je l'ai toujours dit, vous êtes faits pour être ensemble. Olenka, c'est une meuf parfaite - enfin, parfaite pour toi, hein. La laisse pas partir. Si je mise sur un couple, c'est bien le vôtre.
- Merci. Elle m'a envoyé un message pour me dire qu'elle voulait qu'on parle, tout à l'heure. Je crois qu'elle en a marre de me détester. Franchement, elle a raison ; je suis beaucoup trop génial pour ça !
- Ouais, ouais, rigola Léo. C'est Lola qui va être contente, tiens. La grande maison d'Olenka doit lui manquer."

Le visage de Matth se referma. Léo, qui commençait à être bourré, eut envie de se gifler.

"Je voulais pas du tout dire que votre appart est nul... D'ailleurs, ta mère, Lola, tout ça, ça va ?
- Ouais... J'suis tellement content. Ma mère a guéri même si elle a des phases, elle a même trouvé un travail. Et Lola est heureuse. Mais c'est vrai qu'elle me demande souvent quand est-ce qu'elle va revoir Olenka. Elle l'aimait beaucoup.
- Eh bien, on dirait que son souhait va bientôt être exaucé, le taquina Léo.
- Oula, on se calme. Il va falloir du temps avant qu'Olenka ne m'accorde à nouveau sa confiance. Mais j'attendrais le temps qu'il faut. Elle me manque tellement, mec. J'arrive pas à croire que mes conneries m'ont amené à être séparé d'elle aussi longtemps.
- Que du bonheur pour vous, lui souhaita sincèrement le blond."

Matth parut soudain gêné d'étaler son bonheur face à un Léo tout penaud. Il tenta d'amorcer la discussion :

"Et toi... Quoi de neuf ? Genre, depuis que t'as embrassé Farah ?
- Je la kiffe, Farah. C'est ma meilleure amie, et je pense que j'ai eu raison de la friendzone et de mettre des distances. Mais maintenant, elle me manque.
- L'éternel insatisfait est de retour, le railla Matth.
- C'est mon côté gémeaux lunatique. Et merde, je ressemble à ces gamines qui ne jurent que par l'astrologie, soupira Léo. Bref. Tu sais, je suis en train de me demander... Peut-être que ce qui m'attire chez Farah, c'est que je ne l'ai jamais eue. Alors, je pensais... Je pourrais passer un peu de bon temps avec elle, tu vois, et voir ce que ça donne."

Matth posa aussitôt sa bouteille et fronça les sourcils. Aussitôt, il le mit en garde.

"Léo, arrête d'être aussi égoïste. Tu te rends compte de ce que tu dis, merde ? T'es en train de proposer de baiser une fille amoureuse de toi pour tester ce que tu ressens pour elle. Tu peux essayer de penser un peu à Farah ? C'est une fille incroyable, arrête de jouer avec elle. Soit tu mets des distances, soit tu t'investis pour de bon.
- Mais ça me fait chier. Pourquoi toujours être obligé de s'investir ? Je suis jeune, j'ai pas envie de me mettre en couple.
- Alors, laisse Farah tranquille, laisse-la trouver quelqu'un qui saura vraiment prendre soin d'elle.
- J'ai l'impression que tout est blanc ou noir. J'y peux rien, si elle est amoureuse. Moi, je veux juste tester ce que je ressens. Si ça se trouve, je me rendrais compte que c'est réciproque.
- Et si ça se trouve, tu vas encore la rejeter du jour au lendemain, répliqua Matth.
- Donc je suis censé rester dans l'ignorance au nom des doux feelings de princesse Farah ? J'ai le droit de penser un peu à moi, des fois?
- Tu fais que ça des tes journées, Léo."