Mardi 4 août 1914
Je ne sais quoi penser. Avant-hier, sur la place du village, était placardée une grande affiche. Personne ne l'aurait remarquée s'il n'y était pas écrit en gros "Ordre de mobilisation Générale". Certains se demandent ce que cela signifie, ils ne savent pas lire. Moi, je sais. Et ce que je sais ne me plait pas. Cela signifie que je vais devoir laisser ma femme enceinte de presque trois mois pour une durée indéterminée, et pour une issue incertaine. Sur la place, deux sentiments se confondent et se mêlent en un vacarme assourdissant. L'un, le premier qui m'est venu à l'esprit, est la tristesse de devoir quitter les siens, sa maison. Mais curieusement, plus le temps passe et plus le second semble prendre l'avantage : notre pays est en danger, il est de notre devoir d'aller le défendre. Les plus courageux d'entre nous proclament avec force que nous sommes les meilleurs, que les "Boches" ne vont pas mettre longtemps à s'apercevoir quelle nation va l'emporter. Mais je n'en suis pas si sûr. Et si cette guerre qu'on nous promet être courte durait des années ? Si je n'en revenais pas vivant ? Si je laissais derrière moi une veuve et un orphelin ? Et puis je me laisse emporter moi aussi par ce second sentiment, une petite voix résonnant dans ma tête, toujours la même. "Tout va bien se passer. Tu seras de retour dans trois semaines, peut-être moins."
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Auteur : @madrnt
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Journal de bord d'un poilu
Historical Fiction"Cette annonce de grossesse est la cause de ce journal. Je veux plus tard le léguer à mon enfant, afin qu'il ou elle ait une trace de mon passage sur Terre, un héritage de son père. Et éventuellement, si les circonstances s'y prêtent, que mon enfant...
