Samedi 1er septembre 1917

18 3 1
                                    


Samedi 1er septembre 1917

Dur. C'est le seul mot qui me vient pour décrire ma vie ici. Mais je me souviens. Je me souviens de ma maison, de ma famille, de Catherine. Je me souviens de notre rencontre. Le village à côté de celui dans lequel j'ai grandi organisait un bal. Pour l'occasion, j'avais mis mes plus beaux habits. Mais arrivé là-bas, je ne connaissais personne ; je me suis donc mis dans un coin et ai attendu. J'ai attendu, sur le moment je ne savais pas ce que j'attendais mais aujourd'hui je le sais : c'était elle. Les gens dansaient, riaient, pleuraient, séduisaient ou juste conversaient et moi, j'attendais. Puis, je l'ai vue. Pour être honnête, c'est la couleur rouge de sa robe que j'ai aperçue en premier. Dans l'infinité de couleurs pâles (pour les robes des dames) et de couleurs sombres (pour les costumes des messieurs), le rouge avait détonné. Ensuite, j'ai regardé son visage : un visage harmonieux et doux, un petit nez et une petite bouche rose, des yeux espiègles couleur chocolat. Elle était belle, tout simplement. Pendant près d'une heure, je l'ai regardée fixement, ébloui. Enfin son regard croisa le mien, elle adressa quelques mots à ses amies qui gloussèrent et se dirigea d'un pas décidé vers mon coin de la salle. Elle s'assit élégamment sur le siège à côté du mien et sans me regarder elle dit : "Je m'appelle Catherine". Je ne souviens plus de ma réponse précise mais elle s'apparentait sûrement à : "Je suis Pierre." Après arriva le meilleur moment. Catherine s'était levée avec souplesse, s'était tenue fermement sur ses deux pieds juste devant moi, m'avait tendu une de ses jolies mains et avait déclaré mi-question mi-affirmation : "Tu m'invite à danser".

Je me suis levé et ai dansé avec elle le reste de la soirée. Ainsi commença notre histoire, à Catherine et à moi.


______________________________

Auteur: Mellouille

Journal de bord d'un poiluWhere stories live. Discover now