Chapitre 4 : Cap sur ailleurs ! (Olivio)

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Nous prenons donc le bus, direction Marseille, ne sachant pas ce que l'avenir nous réservera. Je suis inquiet, je pense que ca se voit sur mon visage.

Pendant une partie du trajet, j'ai le visage contre la vitre du bus, à regarder le sombre paysage qui nous entoure, à l'extérieur. C'est triste et désolant: des corps, par dizaines, jonchent le sol, le long de la route.

Les villes aussi, payent le tribut de la guerre et montrent un tout autre visage, meurtri, ravagé, abattu, effondré, blessé et affaibli. Les villes ont fortementsubi les horreurs de la guerre et en ont été des victimes à part entiére. Rien n'est plus pareil, nos vies ont changé. En fait, tout a changé... Les gens qui ont malheureusement perdu leurs maisons se réfugient ou ils peuvent et des endroits comme les stations de métro sont investis par de nombreuses personnes pour dormir à l'abri, la nuit, ou deviennent carrément de véritables lieux de vie, ou plutôt de survie, pour ces pauvres gens qui ont tout perdu et n'ont nulle part ou aller. D'autres lieux font office d'hôpitaux de fortune, quand les vrais hôpitaux ont été détruits.

Le paysage est méconnaissable. Tout ce qui nous entoure au quotidien a changé. C'est fou...

Nous arrivons à Marseille, là ou nous devons prendre le bateau pour partir, partir loin de la guerre et fuir ce cauchemar. Quand nous nous rendons sur le port, c'est la cohue. Des dizaines, des centaines de personnes s'entassent ici. Ca s'agite, ca se bouscule, tout le monde veut une place dans ce ferry que nous voyons soudain apparaître. Certains seraient prêts à tout pour ça. Sans doute même à commettre les pires folies... Comme nous avions déjà nos billets, nous montons normalement dans ce bateau qui nous ménera vers une nouvelle vie. Un vie meilleure, on l'espére, plus calme, loin des horreurs de la guerre. Une fois à bord, il faut encore attendre que tout le monde, ceux qui avaient aussi un billet, ait embarqué.

J'attends, jattends, mais je ne vois toujours pas Flo... Je commence à me dire qu'il ne nous rejoindra pas et je crains qu'il ne lui soit arrivé quelque chose...

Malgré tout, jusqu'au dernier moment, j'espére le voir arriver.

Quand le bateau démarre, je comprends qu'il est trop tard, que nous partons, que nous quittons la France. Sans Flo...

Pendant le trajet, je ne peux m'empêcher d'être triste. C'est la premiére fois que je quitte la France, dans des conditions pareilles et pour une durée indéterminée. C'est fou, c'est incroyable, je n'y crois pas... On aimerait que ce ne soit qu'un cauchemar, mais c'est bien réel. Et donc, nous partons, vers on ne sait ou... Ce que l'on sait, en revanche, c'est que l'on ne veut pas être là-bas. Ailleurs; n'importe ou, loin de la France et des horreurs de la guerre, mais pas ''la-bas''...

Seul, à l'arriére du bateau, je regarde droit devant moi. Je ne vois rien d'autre que la mer, calme, silencieuse, qui me sépare de la France, que je vois s'éloigner, peu à peu, à mesure que le bateau avance, et que je ne reverrai peut-être jamais...

Et je pense: ''Ou es-tu , Flo ? J'espére que tu vas bien, rejoins nous vite. ''

On voulait juste être autre part... (Bigflo et Oli)Where stories live. Discover now